Matthieu 11 : 25-30 – 5 juillet 2020

Dimanche dernier, j’ai terminé mon contrat avec ma paroisse anglophone dans la région du Pontiac au Québec et j’ai décidé de m’accorder quelques jours de repos.  Mais aussitôt que l’adrénaline nécessaire pour maintenir deux paroisses en même temps a baissé, j’ai frappé un mur.  J’étais K.-O.  Pendant plusieurs jours, je n’étais pas fonctionnel.  Mais il fallait quand même préparer le service de ce soir.  J’ai regardé le texte de l’Évangile selon Matthieu et j’ai lu : « Venez à moi vous qui êtes fatigués ».  Je me suis dit que voilà le texte qui me convenait parfaitement.  Cependant, Jésus continue : « Prenez sur vous mon joug » et c’est là que j’ai compris que cette offre de repos n’était une attrape pour me recruter.  J’aurais dû me douter qu’il n’y a jamais rien pour rien dans ce bas monde.  

Je serais curieux de savoir combien d’entre vous savent ce qu’est un joug.  Un joug est une pièce de bois servant à atteler des bêtes de somme (comme un bœuf ou un cheval) afin travailler la terre.  Dans certains cas, les personnes trop pauvres pour posséder un animal devaient enfiler un joug et fournir un effort considérable et soutenu afin de nourrir sa famille.

Si l’agriculture a évolué depuis des siècles, l’image du joug est demeurée afin de désigner un fardeau, un travail difficile ou une tâche fastidieuse.  Par exemple, notre emploi qui nous draine toute notre énergie et notre entrain peut être considéré comme un joug que l’on porte tous les jours.

L’image du joug est aussi utilisée pour décrire les grandes religions.  Le Christianisme est souvent perçu comme un ramassis d’interdictions.  Il est interdit d’avoir trop de plaisir.  Il est interdit d’aimer certaines catégories de personnes.  Il est interdit de boire de l’alcool ou fumer du cannabis.  En bref, on dirait que tout ce qui est plaisant est interdit.  Les critiques de ces religions qui multiplient les obligations strictes et règles à suivre, affirment que trop de croyants perdent le contact avec la réalité, se limite sur le plan de la créativité et tourne le dos à la vraie nature humaine.  La religion les pousse à devenir quelque chose qu’ils et elles ne sont pas.

S’il y a beaucoup de vrais dans ces critiques, ce n’est pas que Jésus voulait pour ses disciples.  Lorsqu’il dit : « Le joug que je vous donnerai est facile à porter et le fardeau que je mettrai sur vous est léger », il nous invite essentiellement à aimer notre prochain comme Dieu nous aime, pardonner, nous entraider, partager…  C’est un peu difficile d’être contre ces grands principes.  Bien sûr, ce n’est pas évident tous les jours, mais lorsque l’on a l’impression de faire une différence dans la vie des gens, de trouver des moyens d’améliorer nos vies ou de promouvoir la paix dans nos maisons et partout dans le monde, on dirait que notre travail et nos tâches sont beaucoup moins lourds et fastidieux.  Nos passions, notre désir d’aider les autres et notre volonté de faire une différence facilitent notre mission d’apporter la justice, l’espoir et un esprit de renouveau à ceux et celles qui sont éreintés et exploités par notre monde.  D’une certaine manière, nous faisons le choix conscient tous les jours d’essayer de faire ce travail dans le meilleur de nos capacités.  Suivre les enseignements de Jésus peut être difficile certains jours.  Cependant, c’est une tâche qui n’est trop pas contraignante parce qu’elle basée sur une recherche de sens, un appel à aimer les gens autour de nous et un désir d’améliorer notre monde.  Nous avons tous et toutes encore beaucoup de travailler à accomplir afin d’accomplir cet idéal, mais la tâche requise est peut-être moins épuisante ou exté-Zoom-ante quand on a l’impression de faire une différence pur de vrai.  Amen.

* Analise Benevides, Unsplash.com