Sermon – Jonas 3: 1-10 (24 janvier 2021)

* Jean 1: 43-51

Jonah 3 : 1-5, 10

J’aime beaucoup le livre de Jonas parce que je suis capable de me reconnaître dans l’histoire du prophète.  Je tiens à m’excuser d’avance à celles et ceux qui ont déjà entendu le récit de mon parcours vers le ministère.  J’ai ressenti l’appel de Dieu pour la première fois lorsque j’avais 17 ans.  Cependant, j’appartenais toujours à l’Église Catholique romaine et le célibat n’est pas très vendeur pour un jeune homme de cet âge plein d’hormones.  J’ai pris plein d’autres directions.  Je suis allé à l’université et j’ai obtenu une maîtrise en histoire africaine.  Je me suis marié.  J’ai découvert l’Église Unie du Canada grâce à mon épouse athée.  À l’âge de 30 ans, je me suis rendu compte que le dossier était toujours ouvert malgré mes nombreuses aventures et péripéties.  J’ai compris que je ne pouvais plus éviter cette question.  Sans vraiment être pleinement convaincu, j’ai décidé finalement de dire oui à l’offre venant de Dieu.  J’ai accepté d’étudier et de travailler pendant près de 20 ans dans une autre province et ma langue seconde.

Nous ne possédons pas d’informations sur le parcours de vie de Jonas.  Ce tout petit livre biblique de seulement quatre chapitres débute par l’ordre que le Seigneur donne à Jonas : « Debout, pars pour Ninive, la grande ville.  Prononce des menaces contre elle, car j’en ai assez de voir la méchanceté de ses habitants ».  Jonas, un représentant du petit peuple juif, doit se rendre dans la capitale de l’empire assyrien, la superpuissance qui a opprimé son peuple.  Il doit annoncer à gens d’une autre religion que son dieu est fâché contre eux et qu’ils devaient l’écouter, sinon Ninive sera détruite.  Tous les prophètes du Premier Testament refusent initialement l’appel de Dieu, mais Jonas amène ce réflexe à un autre niveau.  Dès que le Seigneur eut fini de parler, il se pousse vers le port le plus proche pour se sauver le plus loin possible.  Après quelques péripéties, il est avalé par un grand poisson.  C’est à moment que Dieu revient et lui demande : « Ça va?  As-tu fini de courir?  Est-ce que l’on peut se parler sérieusement maintenant? »  

Le texte de ce soir débute avec ce deuxième appel.  Encore une fois, Dieu ordonne à Jonas de partir pour la grande ville de Ninive et proclamer son message.  Cette fois-ci, Jonas obéi au Seigneur, même si l’entreprise paraît vouée à l’échec.  Pourquoi ces personnes si puissantes écouteraient-elles un hurluberlu venant d’une puissance de seconde zone?  Cependant, Jonas se rend dans la capitale assyrienne et pendant toute une journée il proclame : « Dans quarante jours Ninive sera détruite. »  Rien de plus.  Il ne donne aucun détail sur qui, comment ou pourquoi cette destruction aurait lieu. 

À la surprise générale, les Ninivites prennent le message de Jonas au sérieux.  Je parle de surprise parce que les messages des prophètes du Premier Testament (défendre les pauvres, les marginalisés, les veuves et les orphelins) ne sont jamais écoutés par la population.  La plupart du temps, les prophètes sont persécutés par les autorités.  Mais dans ce cas-ci, la population est réceptive.  Même le roi proclame un édit ordonnant tous les habitants de la ville à jeuner et se repentir dans l’espoir que Dieu change d’avis.  Et surprise, surprise, le Dieu d’Israël a pitié des ennemis de son peuple et retire ses menaces de destruction.

Un certain mystère plane autour de la raison pour laquelle les Ninivites ont décidé de changer si rapidement.  Peut-être avaient-ils besoin d’un étranger pour les aider à prendre la pleine mesure de leur condition?  Peut-être avaient-ils besoin d’un outsider pour les forcer à regarder la réalité en face?  Peut-être avaient-ils besoin d’une nouvelle voix pour y voir plus clair? 

C’est ainsi que Jonas, un peu malgré lui, a pris sa place dans une longue tradition prophétique qui a débuté dans la bible et qui se poursuit toujours aujourd’hui.  Il est de ces hommes et de ces femmes qui trouvent le courage la vérité, aussi dure et dérangeante qu’elle puisse être.  Il est de ces personnes qui suivent l’appel de Dieu malgré le risque, la peur ou l’absence de garantie de résultats.

Dans sa chanson ‘Si Fragile’, Luc De Larochelière dit : « On est seulement ce que l’on peut.  On est rarement ce que l’on croit ».  Nous avons tous et toutes des appels, des ministères, des fonctions ou des tâches spécifiques à accomplir dans notre monde.  Parfois, nous nous retrouvons exactement où nous l’avons rêvé, planifié et désiré.  Mais à d’autres moments, le destin, la vie ou Dieu nous force à suivre d’autres chemins.  Devant cette réalité, une option est de fuir le plus loin possible afin d’éviter les dangers.  Une autre est d’avoir le courage d’écouter et faire confiance.  Jonas a accepté de partir pour Ninive.  Je suis devenu le pasteur d’une communauté de foi sur internet à partir d’Ottawa.  Et vous?  Oseriez-vous vous aventurer dans des endroits inattendus afin de trouver un nouveau sens à votre vie?  Seriez-vous capable de dire oui quand on vous appellera?