Sermon – Romains 8: 12-17 (23 mai 2021)

* Actes 2: 1-21

Vous avez peut-être remarqué que je parle souvent d’adoption.  Que voulez-vous?  C’est la réalité de notre famille.  Au cours des années, nous avons entendu beaucoup de commentaires et nous nous sommes fait poser beaucoup de questions, certaines plus délicates que d’autres.  Outre le célèbre : « Combien vous a-t-il coûté? » (comme si nous avions acheté notre fils sur Amazon), nous avons eu droit à « Vous êtes vraiment généreux d’avoir adopté », « Votre enfant doit être reconnaissant de l’avoir extirpé de la misère et du malheur » et « Il doit être conscient de votre amour parce que vous l’avez choisi ».  Si je peux comprendre les bonnes intentions derrière les interventions des gens, la réalité est tout autre.  La générosité n’a pas motivé notre décision d’adopter.  Nous ressentions l’envie d’avoir un enfant.  Les aléas de la vie ont rendu les choses difficiles.  Nous avons été mis en contact avec un bébé qui avait besoin de parents.  Alors, nous avons pris les moyens nécessaires pour combler notre désir.  Depuis ce jour, notre fils n’est pas obligé de nous aimer ou même se montrer reconnaissant.  Nous sommes plutôt devenus une famille ordinaire avec des hauts et des bas.  Je suis conscient que, présentée de cette façon, notre histoire est un peu moins romantique.  Je crois simplement que l’on ne peut pas créer des liens significatifs en établissant une série de conditions préalables.

L’épitre aux Romains, duquel le texte de ce soir est tiré, est différent des autres lettres de Paul parce qu’il n’a pas fondé cette Église; il ne l’a même jamais visitée.  C’est peut-être la raison pour laquelle Paul passe moins de temps à régler des problèmes de la communauté et consacre davantage son attention à la théologie.

Les premiers versets de notre extrait peuvent être rébarbatifs pour plusieurs.  Paul affirme que nous avons une obligation de ne pas vivre selon sa propre nature ou ses désirs.  Nous nous faisons dire que notre être foncièrement égoïste doit mourir avec l’aide de l’Esprit Saint.  Nous retrouvons presque l’argument entendu ad nauseam dans certaines Églises plus conservatrices que les désirs de la chair sont la source de tous les péchés et que seule une vie spirituelle est digne de Dieu.  Mais si nous ne nous décourageons pas et continuons à lire le passage, nous découvrons que Paul a peut-être une autre compréhension de la dynamique entre les humains et Dieu.  Par notre baptême, en raison de notre désir d’être en relation avec Dieu, nous ne sommes pas des esclaves serviles condamnés à obéir docilement à des commandements divins.  Nous ne sommes pas des subordonnées vivant dans la peur de décisions arbitraires d’un être supérieur.  Nous sommes des enfants de Dieu.

Une expression célèbre affirme que si on peut peut-être choisir ses amis, on ne peut pas choisir sa famille.  Je sais que plusieurs n’ont pas la chance d’avoir une relation saine avec ses parents ou ses enfants.  Pour répondre à ce genre de situation, plusieurs personnes décident de se créer de nouvelles familles.  Nous pouvons le constater dans les Évangiles lorsque Jésus, rejeté par sa famille biologique, s’entoure d’hommes et des femmes pour vivre son ministère.  Quelques jours avant le début du mois de la Fierté, nous pouvons le constater chez beaucoup de jeunes qui, trop souvent rejetés par leurs familles, trouvent une nouvelle appartenance dans les communautés LGBTQ2+.  Nous pouvons le constater chez les immigrants et les réfugiés politiques qui ont dû tout laisser derrière eux et recommencés à zéro loin de leurs proches et leurs réseaux. 

Être des enfants de Dieu nous permet de développer une autre sorte de relation basée sur l’intimité, l’acceptation et le respect.  Dieu nous offre la possibilité de devenir des participants dans la construction de notre monde, de pouvoir s’exprimer librement sur les enjeux de notre temps et d’espérer un meilleur futur.  Dieu décide de nous faire confiance en nous invitant à appartenir à quelque chose de plus grand de nous.  Être des enfants de Dieu n’est pas un statut que nous méritons par notre vertu, notre perfection ou notre adhésion à un programme en 12 étapes.  Nous avons tout simplement été adoptés, choisis, inclus, et aimés inconditionnellement.

Je crois que l’être humain à un besoin viscéral d’appartenir à un groupe, une nation, ou une tribu.  Nous recherchons toujours des relations significatives et intimes avec une famille de sang ou de choix qui vont nous enrichir d’une manière ou d’une autre.  Dieu, dans son amour infini, offre à toutes et tous d’appartenir à sa grande famille sans exiger de gratitude, de remboursement ou d’obligation d’amour en retour.  Cette absence de conditions peut nous paraître surprenante, mais c’est souvent comme ça dans une famille. Amen.

* Priscilla du Preez, unsplash.com