Sermon – 1 Samuel 8: 4-20 (6 juin 2021)
Je ne sais pas si vous étiez au courant, mais le gros lot du Loto Max de cette semaine était de 70 millions de dollars. Plusieurs ont acheté des billets espérant que ce montant réglerait leurs problèmes financiers et ils sont amèrement déçus ce soir. Cependant, s’ils avaient remporté la cagnotte, ces personnes surement auraient découvert une nouvelle série de problèmes associés au fait de devenir très riches instantanément. Comme l’a affirmé le célèbre auteur Oscar Wilde, les deux plus grandes tragédies de la vie sont de ne pas avoir ce que l’on désire et avoir exactement ce que l’on désire.
Le texte de ce soir tiré du premier livre de Samuel débute avec les anciens d’Israël qui se réunissent et se rendent chez le prophète. Samuel était un juge; il avait la responsabilité de faire respecter la loi de Moïse parmi son peuple. Mais l’homme avançait en âge et ses fils se montraient totalement inaptes à suivre dans les traces de leur père. Peut-être parce qu’ils avaient peur de l’instabilité à la mort du prophète, peut-être parce qu’ils étaient inquiets pour l’avenir de leur peuple, ou peut-être parce qu’ils craignaient leurs puissants voisins, les anciens demandent à Samuel d’être gouverné par un roi comme cela se fait chez tous les autres peuples.
Le prophète n’apprécie pas vraiment la requête. Depuis le début de leur existence, les Israélites n’ont eu qu’un seul souverain : Dieu tout puissant. C’est Dieu qui les a libérés du joug des Égyptiens. C’est Dieu qui les a conduits à la victoire contre les autres nations. C’est Dieu qui a donné les lois au peuple afin d’organiser leur vie. Aucun humain, aussi charismatique ou sage qu’il puisse être, ne pourrait remplacer la puissance et la grâce de Dieu. C’est pour cette raison que la demande des anciens de désigner un roi pour les gouverner comme cela se fait chez tous les autres peuples passe de travers dans la gorge de Samuel. Israël n’est pas censé être comme les autres nations.
Nous voulons être comme les autres. Parfois, nous sourions lorsque nous rencontrons des adolescents qui, désirant affirmer leur individualité, s’habillent exactement comme quatre de leurs amis. Nous sourions, mais peut-être nous devrions conserver une petite gêne. Une fois adultes, nous continuons à faire la même chose. Si une église pas trop loin de nous projette les dimanches matin ses liturgies sur un écran avec des animations, nous désirons la même chose immédiatement. Pourquoi? Nous ne le savons pas trop, mais nous voulons notre écran et nos bonshommes sourire nous aussi.
Samuel tente de dissuader les anciens en leur expliquant les conséquences et les répercussions néfastes d’être gouvernés par un roi. Leurs fils seront conscrits dans l’armée ou forcés à travailler sur les terres royales. Leurs filles « travailleront pour lui ». Nous comprenons toutes et tous ce que cela veut vraiment dire. Le roi s’appropriera une part de leur récolte et réquisitionnera leurs animaux. Le peuple sera taxé et il deviendra avec le temps ses esclaves. Malheureusement, les anciens ne sont pas intéressés par les arguments de Samuel. Ils ne font que scander : Que voulons-nous? Un roi! Quand le voulons-nous? Maintenant! Que voulons-nous? Un roi! Quand le voulons-nous? Maintenant!
Au centre de cette discussion de sourds se trouve un Dieu faisant face au même dilemme vécu par tous les parents depuis la nuit des temps. Dieu a accordé la liberté de choix aux êtres humains. Dieu leur a enseigné des valeurs et des principes. Dieu les a mis en garde contre les dangers qui les guettaient. Et un jour, les Israélites décident de suivre un chemin dangereux. Ils ont une fausse bonne idée et ils choisissent de la suivre même si l’aventure ne peut pas bien finir. Alors, que faire? Protéger son peuple à tout prix, même si cela signifie de réduire leur autonomie et leur liberté ou les laissé échoué en espérant qu’ils apprennent de leurs erreurs?
Finalement, Dieu se souvient de toutes les alliances contractées avec son peuple qui n’ont jamais reposé sur la force, la coercition ou la peur, mais plutôt sur l’amour, la mutualité et la confiance. Dieu accepte tout simplement de laisser aller. Dieu choisit de s’imposer des limites sur son autorité. Dieu comprend que le don du libre arbitre implique la liberté de prendre de bonnes et de mauvaises décisions. Israël aura un roi, pour le meilleur et surtout le pire.
Aujourd’hui, nous sommes tous et toutes invités à entrer en relation avec ce même Dieu qui continue à nous aimer malgré le fait que nous sommes des êtres imparfaits qui font beaucoup d’erreurs (et certains d’entre nous en commettent beaucoup plus que d’autres). La bonne nouvelle est lorsque ces moments d’échecs surviennent, nous n’avons pas à avoir peur ou honte. Dieu sait que l’exercice de la liberté est difficile. Il y a beaucoup d’essais et d’erreurs. Et Dieu n’attend pas la première occasion pour nous punir pour notre arrogance. Aussi bizarre que cela puisse nous paraître, Dieu accepte nos erreurs et leurs conséquences souvent imprévues parce que Dieu a confiance en nos capacités et notre jugement.
Parfois, nous voulons être exactement comme les gens qui nous entourent. Nous croyons que nos idées sont nécessairement les meilleures. Nous désirons être en charge de nos vies et prendre nous-mêmes nos décisions. Que nous ayons raison ou non, Dieu choisit toujours de demeurer présent à nos côtés, de nous accompagner dans nos projets pas très brillants et de nous aimer inconditionnellement. Gloire sois rendue à Dieu et amen.