Sermon – Marc 4: 35-41 (27 juin 2021)
Le texte de ce soir débute avec Jésus qui dit à ses disciples après une longue journée : « Let’s go les boys. On traverse de l’autre côté du lac. » Pour mieux comprendre la portée de ce geste, je voudrais vous partager une carte du lac de Tibériade (aussi connu sous le nom de la mer de Galilée). Nous ne savons pas exactement où était Jésus : Tibériade, Magdala, Capharnaüm… Mais peu importe le lieu de leur départ, la carte nous indique clairement que la traversée va conduire le groupe dans le territoire de la Décapole, une contrée habitée par plein de gens qui n’étaient pas juifs. En bref, Jésus invite ses disciples à séjourner vers un endroit où la culture, la religion et le style de vie étaient différents.
Malheureusement, une fois rendu sur le lac, un vent violent se met à souffler; les vagues se jettent dans la barque; l’eau rentre de partout. Une vraie tempête! Convaincus qu’ils vont y passer, les disciples se tournent vers leur maître… et ne peuvent pas croire ce qu’ils voient. « Tu me niaises! Le bateau est sur le point de couler et monsieur fait un petit somme la tête sur son coussin. Réveille-toi Jésus! Si on coule, tu vas couler avec nous. Fais quelque chose! » Jésus dit au vent : « Silence! Calme-toi! » et tout devient calme. Effrayés, les disciples se regardent et se demandent : « Qui est donc cet homme, pour que même le vent et l’eau du lac lui obéissent? »
Cette très belle histoire a conduit à de très grandes explications théologiques sur la vraie nature de Jésus. Cependant, j’ai toujours trouvé qu’il y a quelque chose qui cloche avec ce récit. Selon les Évangiles, la majorité des disciples de Jésus étaient des pêcheurs professionnels. Ils étaient habitués de naviguer la nuit sur le lac de Tibériade et de ramener leur prise au port afin de les vendre une fois le matin venu. Ce n’était surement pas la première fois qu’ils affrontaient une tempête. Alors, pourquoi toute cette panique, et surtout, pourquoi s’attendre qu’un fils de charpentier sache quoi faire pour les sauver. Il y a surement quelque chose d’autre à trouver dans cette histoire.
Honnêtement, si on m’offre le choix entre demeurer où je suis et séjourner en territoire inconnu, je choisis le premier. Je crois que cela fait partie de la nature humaine de préférer ce qui est connu et confortable. Par exemple, nous sommes en période de déconfinement et de deuxième dose de vaccin. Peut-être certains d’entre vous ont des plans de voyages pour découvrir de nouveaux endroits. Malgré l’excitation et toutes les possibilités qui s’offrent à nous, nous avons tous et toutes des limites physiques ou psychologiques que nous ne voulons pas dépasser. Lorsque nous atteignons ce point, nous devenons hésitants, craintifs ou déstabilisés.
Si nous avions été à la place des disciples, si Jésus nous avait demandé de traverser le lac de Tibériade, plusieurs d’entre nous auraient probablement répondu : « Je ne sais pas Jésus. J’ai besoin d’y penser un peu plus. Est-ce vraiment le bon moment pour faire cette traversée? Explique-nous ce qu’il y a de si important de l’autre côté que nous ne pouvons pas trouver ici… », ou toutes autres sortes d’excuses pour ne pas embarquer dans le bateau.
Dans le fond, plus j’y pense, plus je crois que Jésus n’était pas vraiment intéressé à la destination finale, mais par la traversée en tant que telle. Au cours de nos vies, nous traversons des moments de déstabilisations et de tempêtes qui ont le pouvoir de nous changer, de nous transformer et de nous amener à regarder les choses différemment. Combien de fois avons-nous trouvé la solution à un problème compliqué juste en renversant le tout? Combien de fois avons-nous vu un nouveau détail sur une peinture juste en bougeant de seulement quelques centimètres? Combien de fois avons-nous découvert une nouvelle signification d’un livre en le relisant plusieurs années plus tard? Les disciples suivaient Jésus depuis un certain temps. Peut-être pensaient-ils tout connaître à son sujet. Mais un événement imprévu qui les sort de leur zone de confort les amène à voir Jésus différemment. Qui est cet homme? Et qu’est-ce que cela dit d’eux s’ils suivent cet homme?
Le processus qui conduit à une transformation profonde, qui mène vers une nouvelle façon de voir les choses, est rarement un long fleuve ou lac tranquille. Souvent, ce cheminement est constitué d’une série de tempêtes, de défis inattendus et de moments de découvertes surprenantes. Comme les disciples de Jésus, nous recevons tous et toutes cette invitation à entreprendre cette traversée. Nous avons à décider si nous sommes prêts à laisser derrière nous ce qui est confortable, connu, prédictible. Ce processus est peut-être épeurant, mais nous recevons l’assurance de la présence de Jésus à nos côtés qui n’a pas dit à ses disciples: « Vous allez traverser de l’autre bord », mais « allons ensemble sur le lac ». Jésus était présent avec ses disciples, comme le Christ l’est toujours avec nous, peu importe la situation. Amen.
One Reply to “Sermon – Marc 4: 35-41 (27 juin 2021)”
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Merci Stephane
Bien apprécié. Accroc de santé avec une douleur sciatique qui m’affecte bcp. Disons que j’apprécie traverser cette tempête avec le Christ qui me calme…