Sermon – Jean 6: 1-15 (18 juillet 2021)

* Jean 6: 1-15

Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais les Jeux olympiques de Tokyo débutent dans quelques jours.  Pour cet événement important, des milliers d’athlètes de tous les pays du monde se sont entraînés physiquement et mentalement.  Le recours aux psychologues sportifs est très important de nos jours pour éviter, ce que les anglophones appellent, ‘a self-fulfilling prophecy’.  Une prophétie auto-réalisatrice est une situation dans laquelle quelqu’un qui prédit ou s’attend à un événement négatif, modifie ses comportements en fonction de ses croyances, ce qui a pour conséquence de faire advenir la prophétie.  Plus simplement, si le meilleur athlète au monde dans sa discipline est convaincu qu’il va perdre, il va assurément trouver un moyen ou un autre de le faire et réaliser sa prédiction.

Il y a très peu d’événements de la vie de Jésus qui se retrouvent dans les quatre évangiles de nos Nouveaux Testaments.  Le récit de la multiplication des pains en est un.  Naturellement, chaque auteur présente sa propre version des faits.  Dans l’Évangile selon Jean, Jésus traverse de l’autre côté du lac de Galilée.  Rendu à cet endroit, une grande foule le suit parce qu’il accomplit des miracles et guérit des malades.  Jésus, avec ses disciples, monte sur une montagne et semble regarder une foule de 5 000 hommes avec un certain détachement. 

Jésus se tourne vers Philippe, et lui demande : « Où pourrions-nous acheter de quoi leur donner à manger à tous? », une question très légitime.  À quelques jours avant la célébration de la grande fête de la Pâque juive, il espérait surement que son disciple se souvienne de l’histoire de son peuple… comme lorsque le Seigneur a fait pleuvoir du pain du haut du ciel tous les jours pour nourrir les Israélites pendant les 40 ans qu’ils ont passés dans le désert… ou l’épisode où le prophète Élisée a demandé à son serviteur de distribuer 20 pains d’orge et un sac de grain pour nourrir 100 personnes… et qu’il y eut des restes.  Ces histoires de pain et d’abondance sont d’importants marqueurs de l’histoire de la générosité de Dieu envers son peuple.  Mais Philippe répond plutôt à Jésus : « Même avec deux cents pièces d’argent, nous n’aurions pas de quoi acheter assez de pain pour que chacun d’eux en reçoive un petit morceau. »  Un autre disciple, André, se mêle à la conversation.  Il remarque qu’il y a un garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons et déclare : « Mais qu’est-ce que cela pour un si grand nombre de personnes? »

Nous n’avons pas les ressources nécessaires, Jésus.  Ça ne sert à rien d’essayer.  On ne pourra jamais y arriver.  Trop souvent, nous sommes nos pires ennemis.  Nous sommes cyniques.  Nous sommes sceptiques.  Nous sommes prêts à rejeter une suggestion avant même de l’étudier.  Nous passons notre temps à nous concentrer sur nos manques lorsque nous vivons dans l’un des pays les plus riches au monde.  Nous parlons d’argent, de ressources et de coûts durant des conversations portant sur la foi et l’éthique.  Comme tout le monde, nous aimerions éradiquer la faim dans le monde, réduire le réchauffement climatique et garantir une meilleure distribution de vaccin contre la COVID-19, mais nous affirmons que cela coûterait trop cher.  Il y a trop de gens à convaincre.  Nous ne pouvons pas changer le système actuel.  Comment une seule personne pourrait-elle faire une différence dans le grand ordre des choses? 

Je ne sais si vous avez remarqué…  Jésus a demandé à ses disciples oùpourrions-nous acheter de la nourriture pour ces gens et non comment.  Par sa question, il met au défi ses disciples d’arrêter de concevoir notre monde selon une logique économique dans laquelle tout objet doit avoir un prix.  Il les invite plutôt à penser différemment.  Jésus leur dit : Stimulez votre imagination.  Trouvez des idées.  Pensez à des projets même un peu fous.  Et une fois que vous serez convaincus de la justesse de la cause, je sais que vous trouverez le moyen de réussir n’importe quoi, même nourrir 5 000 hommes avec des ressources limitées.

Un ancien paroissien me rappelait souvent que lorsque certains voient un problème, d’autres regardent la situation en termes de possibilités.  Nous pouvons toujours nous apitoyer sur notre sort, nous plaindre de la perte d’importance de l’Église dans notre société ou utiliser notre faible membership comme justification pour notre inaction.  Nous pouvons croire qu’absolument rien ne va changer et prendre tous les moyens pour que cette prophétie se réalise. Cependant, je crois que Jésus invite tous et toutes à penser différemment, à oser agir et à défier les normes qui nous entourent.  Nous sommes invités à croire en l’extravagante générosité de Dieu envers son peu.  Nous sommes appelés à croire que nous pouvons relever des défis qui paraissent insurmontables.

Mark Twain aurait dit : « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. »  Philippe et André étaient convaincus qu’il était impossible de nourrir 5 000 hommes avec seulement 5 pains d’orge et 2 poissons.  Jésus leur a enseigné à penser différemment et à croire aux possibilités qui s’offrent devant nous tous et toutes.  Une fois que nous croyons vraiment que nous pouvons réussir à faire une différence dans notre monde, tout le reste ne devient qu’un détail.  Aucun défi ne peut nous faire peur.  Amen.

* Brad Barmore, unsplach.com