Sermon -2 Samuel 11: 1-15 (25 juillet 2021)
Nous continuons cette semaine à suivre le récit de la vie de David, le héros de guerre, le serviteur du Seigneur, le roi maintenant au sommet de son pouvoir. Comme le texte le mentionne dans le deuxième livre de Samuel, il promène sur le toit de la terrasse de son palais un certain après-midi de printemps. David aperçoit Bethsabée qui prend son bain. Il la désire; il envoie des messagers l’inviter chez lui et il couche avec elle. Une fois l’acte terminé, il la renvoie tout simplement chez elle.
Comme moi, vous devez avoir lu et entendu plein de justifications (écrits essentiellement par des hommes) pour expliquer les agissements de ce serviteur Dieu. Le pauvre David se sentait bien seul dans son palais, loin des champs de bataille; il avait besoin de distractions. Voilà ce qui arrive aux hommes d’un certain âge quand ils laissent tomber leur garde et succombent à la tentation de la chair. Ses besoins ne devaient pas être satisfaits… malgré ses 7 épouses, sans compter toutes concubines, esclaves et prostituées à son service.
Soyons sérieux pour quelques instants. Ceci n’est pas une histoire de désir, de flirt ou de séduction. Dans le langage d’aujourd’hui, David se comporte comme un prédateur sexuel. En tant que roi d’Israël, il est riche, puissant et célèbre. Visiblement, il est convaincu qu’il peut dominer et posséder tout ce qu’il veut, incluant un être humain. Alors, pourquoi les normes de la société s’appliqueraient-elles à lui? De toute façon qui va croire en la parole de Bethsabée si elle parle? Et même quand cette dernière lui apprend qu’elle est enceinte, il utilise tout son pouvoir et son influence pour maquiller la vérité, pour éviter de porter le blâme de ses actions.
Si David est traditionnellement présenté comme un homme prenant une série de mauvaises décisions menant à des répercussions fâcheuses, Bethsabée est également blâmée pour son manque de prudence parce qu’elle n’aurait jamais dû prendre son bain dans un endroit où elle risquait d’être vue. Elle se fait servir les mêmes arguments donnés à toutes victimes d’assauts sexuels et de viol depuis le début des temps. Cette femme n’aurait jamais dû monter seule dans l’appartement de cet homme. Cette jeune femme n’aurait pas dû porter une jupe courte parce que les garçons ont de la difficulté à se retenir. À quoi pensait cette femme pour se promener dans une ruelle passé 23 heures? Malgré des millions d’années d’évolution, Bethsabée appartient à cette longue lignée de femmes qui se sont fait dire qu’elles étaient responsables de leur humiliation.
J’aimerais tellement vous dire que l’Église est meilleure que le reste de la société. Malheureusement, l’histoire a démontré que nous sommes devenus des experts pour fermer les yeux et balayer sous le tapis les problèmes d’abus sexuels. Au lieu d’agir promptement et de sanctionner les coupables, nous avons préféré utiliser des arguments fallacieux comme la justice des hommes ne s’applique pas à l’Église. Nous avons dit aux victimes de penser à la réputation de l’institution et aux dommages qu’elles pourraient créer. Nous avons insinué que personne ne va croire qu’un pasteur respecté, aimé de ses paroissiens et bien marié pourrait faire quelque chose de la sorte. Encore récemment, lorsqu’une nouvelle histoire d’exploitation sexuelle de mineures est sortie, j’ai vu plusieurs pasteurs soutenir activement leur collègue et ignorer totalement les deux victimes.
Dans toutes ces situations, nous n’avons pas répondu à notre appel à protéger les faibles, les vulnérables et les sans-voix de notre monde. Chaque fois nous avons choisi de laisser aller les choses, de ne pas intervenir ou de douter de la parole d’une victime, nous nous sommes éloignés du message de Christ. Le discours de Jésus n’a jamais été de défendre l’Église ou maintenir la paix dans la collectivité à tout prix. Comme les prophètes du Premier Testament, il a vigoureusement attaqué tous ceux et celles qui abusaient de leur pouvoir et leur position. Il a proclamé la venue d’un nouveau royaume dans lequel les pauvres, les exclus et les marginalisés de notre monde seraient libre. Il a ressenti de la compassion pour les victimes de toute sorte d’abus et de discrimination. Jésus a enseigné à ses disciples qu’il est de notre devoir de créer un meilleur monde pour tous et pour toutes.
Quand j’écris un sermon, je tente toujours de présenter une bonne nouvelle dans mon message. Honnêtement, cette semaine cela n’a pas été facile avec cette histoire d’assaut sexuel. Encore aujourd’hui, il y a plein de gens comme David dans nos Églises et dans notre monde qui abusent de leur pouvoir aux dépens d’autres êtres humains. Peut-être la bonne nouvelle, aussi bizarre que cela puisse paraître, est que cette histoire est toujours dans nos bibles aujourd’hui. Qu’on le veuille ou non, nous sommes confrontés sur une base régulière à ce problème horrible aussi vieux que le monde. Nous sommes invités à reconsidérer nos positions individuelles et collectives. Nous sommes mis au défi de trouver des réponses concrètes pour aujourd’hui. Nous sommes appelés à croire et protéger tous ceux et celles qui sont exploités, abusés et humiliés. Amen.