Sermon -Marc 7 : 1-23 (5 septembre 2021)
Je répète souvent que les 18 derniers mois de pandémie nous ont changées profondément. L’un des meilleurs exemples à mon avis est le climat de polarisation extrême qui se retrouve tout autour de nous. Au début de l’été, j’ai commencé à faire de courtes vidéos sur TikTok. Si vous voulez les voir, vous n’avez pas à télécharger l’application. Allez simplement sur le site web de l’Église Sainte-Claire et cliquez sur l’icône le plus à droite de la barre de navigation. J’ai fait une capsule encourageant la vaccination en citant un extrait de la lettre de Paul aux Galates disant que nous sommes appelés à être libres, mais nous sommes aussi appelés à nous laisser guider par l’amour et de nous mettre au service les uns des autres. Vous ne pouvez pas imaginer les commentaires que j’ai reçus. « Comment oses-tu utiliser la parole du Dieu pour forcer les gens à se faire vacciner? » « Tu parles de protéger les autres, mais tu es juste un abuseur d’enfants! » « Tu peux le garder ton maudit vaccin qui empoisonne le monde! » Comme plusieurs, j’ai constaté qu’il est devenu extrêmement difficile d’avoir des conversations calmes et éclairées afin d’échanger des points de vue différents. J’ai l’impression que nous sommes toujours à cinq secondes de recevoir une cascade d’insultes et d’attaques personnelles.
Le texte d’aujourd’hui, tiré de l’Évangile selon Marc, débute avec un groupe de Pharisiens et de maîtres de la loi qui questionnent Jésus sur les agissements de ses disciples. Ces derniers ne se sont pas lavé les mains avant de manger. Pour la majorité d’entre nous, cette pratique démontre une bonne hygiène, mais elle n’est pas nécessairement une grande préoccupation religieuse. Nous devons comprendre que les Pharisiens accordaient beaucoup d’importance aux rites de purification hérités du temps de Moïse, au moment où leurs ancêtres ont séjourné pendant 40 ans dans le désert. Dans un contexte d’occupation par l’Empire romain et de diversités culturelles et religieuses, le groupe des Pharisiens se sentait menacé. Pour maintenir leur identité et leur intégrité, ils ont choisi de s’accrocher à leur tradition en codifiant tout ce qui pouvait avoir un lien avec le sacré.
Nous pouvons peut-être critiquer l’apparente rigidité des Pharisiens, mais combien de communautés de foi de nos jours ont établi une série de règles, écrites ou non, pour déterminer ce qui est acceptable ou tolérable dans nos Églises ? Combien ont établi des barrières de toutes sortes pour protéger la pureté de leur institution? Combien ont formulé de belles promesses et publié des déclarations officielles pleines de compassion qui demeurent lettre morte lorsque vient le temps de les appliquer dans la vie de tous les jours? Combien de fois avons-nous cru que nous possédions LA vérité, que nous n’avions plus rien à apprendre des autres, que nos valeurs étaient les meilleures? Combien de fois nous sommes comportés comme les Pharisiens?
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais Jésus ne condamne pas dans ce passage le rituel de se laver les mains. Il ne déclare pas qu’il faut rejeter la tradition et le passé de son peuple. Il semble plutôt répondre : « Oui, je connais les règles, mais vous passez à côté de ce qui est vraiment d’important. » Ce n’est pas de la manière que l’on met la nourriture dans notre bouche qui peut offenser Dieu, mais ce qui en sort. Les mots, les expressions, les opinions que nous émettons tous les jours sont le reflet de notre éthique, de nos valeurs et de croyances. Une personne peut aller à l’église toutes les semaines, observer parfaitement tous les rituels et donner généreusement et être un individu absolument horrible et déplorable. (On ne nommera pas de noms même si c’est tentant.) Les apparences et les rites sont toujours moins importants que le contenu de nos cœurs.
Jésus nous appelle à nous questionner constamment sur les manières dont nous comprenons et appliquons concrètement les enseignements trouvés dans nos bibles. Nous devons identifier nos pratiques ou nos réflexes, souvent inconscients, qui excluent de nos cercles des personnes merveilleuses qui appartiennent à des minorités visibles, ont une mobilité réduite, ne sont pas hétéronormatives ou ne sont pas confortables dans nos institutions réglementées. Nous sommes mis au défi de créer des espaces où nos mots et nos comportements s’arriment vraiment. Nous sommes appelés à arrêter toutes ces espèces de tests de pureté qui déterminent qui est admissible et qui doit être rejeté.
Selon un important segment de notre société, les personnes religieuses ne sont qu’une bande d’hypocrites. Elles sont très bonnes pour proclamer de belles valeurs et de beaux principes. Mais dans la vie de tous les jours, elles accordent souvent plus d’importance aux règles et aux rites qu’à l’inclusion, le réconfort ou la compassion. Dans le texte de ce soir, nous rencontrons des Pharisiens qui tentaient de conserver leur foi dans une boîte toute propre et ordonnée. Mais Jésus leur rappelle que ce ne sont pas nos rites ou pratiques religieuses qui nous rendent acceptables aux yeux de Dieu. Ce sont les mots qui sortent de notre bouche ou que nous partageons sur les médias sociaux qui nous rapprocher du Seigneur. Amen.