Sermon – Job 1: 1, 6-12; 2: 1-10 (3 octobre 2021)

Job 1: 1, 61-12; 2: 1-10

Précédemment, je vous ai exprimé mon amour pour le livre d’Esther.  Cependant, mon livre préféré du Premier Testament, et peut-être de toute la Bible, est celui de Job.  Ce récit de 42 chapitres a eu un impact profond sur moi depuis le début de mes études théologiques.  La longueur de mon sermon ce soir en est une preuve.  Ce texte aborde plusieurs questions difficiles que les êtres humains se demandent probablement depuis le début des temps.  Pourquoi les gens souffrent-ils?  Pourquoi de mauvaises choses arrivent-elles à de bonnes personnes?  Est-ce qu’il existe une forme de justice divine?  Si nos prières sont sincères, si notre foi est profonde, est-ce que Dieu exaucera automatiquement tous nos désirs?

Le texte d’aujourd’hui débute avec les premiers mots du livre de Job.  Cet homme est présenté comme étant irréprochable, droit, fidèle à Dieu et se tenait à l’écart du mal.  Aucun autre personnage du Premier Testament ne reçoit autant de compliments d’entrée de jeu.  Il est vraiment le croyant parfait.  De plus, dans les versets que nous avons omis aujourd’hui, nous pouvons découvrir que Job a une grande famille, de nombreux domestiques et un immense troupeau.  Il est homme très riche.  Un jour, le satan se présente devant Dieu.  Petite parenthèse avant d’aller plus loin.  Ici, le texte ne fait pas référence au bonhomme en rouge avec des cornes et queue fourchue.  La traduction littérale du terme « hasatan » en français est « celui qui s’oppose, qui est contre ».  Vous pouvez penser au chef d’opposition au parlement ou à un procureur à la cour.  Bref, cet être céleste soulève que si Job demeure fidèle, ce n’est pas de manière désintéressée.  Dieu le protège et lui accorde ses grâces.  « Enlève-lui ses ressources, dit le satan, et tu verras qu’il chantera une autre chanson. »  Dieu accepte le défi.  À la fin du premier chapitre, Job a perdu ses domestiques, ses troupeaux et même tous ses enfants.  L’homme encaisse le coup, mais ne bronche pas.  Un peu plus tard, le satan revient et Dieu ne manque pas de lui faire remarquer que Job est demeuré fermement irréprochable.  Mais ce dernier lui réplique : « Bof, il n’y a rien là!  Cet homme donnerait n’importe quoi pour sauver sa peau.  Enlève-lui sa santé et tu vas voir qu’il te reniera. »  Dieu accepte la proposition.  Alors, Job est frappé d’une maladie de peau terrible qui l’exclut du reste de la société. 

Le début de ce récit biblique bouscule complètement les idées reçues de cette époque.  Pendant longtemps, les israélites concevaient le monde selon la doctrine de rétribution deutéronomique, pour utiliser le jargon du métier.  Laissez-moi vous expliquer.  Dans le livre de Deutéronome, chapitre 28, on peut lire : « Si vous obéissez fidèlement au Seigneur votre Dieu, si vous veillez à mettre en pratique tous les commandements […] alors il fera de vous la première des nations de la terre et vous comblera de ses bienfaits ».  « Par contre, si vous n’obéissez pas au Seigneur votre Dieu […] il vous infligera des malheurs ».  En d’autres mots, tout arrive pour une raison.  Ceux et celles qui prospèrent et réussissent dans la vie le doivent à leur obéissance à Dieu et le péché attire automatiquement le malheur.

Nous pouvons peut-être trouver cette vision du monde un peu simpliste parce qu’elle ne laisse pas place au libre arbitre ou à la simple logique, mais cette idée demeure toujours présente de nos jours dans des expressions comme : « Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour mériter cela? »  ou dans l’enseignement que plusieurs d’entre nous ont reçu, affirmant qu’il faut accomplir de bonnes actions pour mériter sa place au paradis.  Si nous commentons trop de péchés, Dieu va nous punir et nous ne recevrons pas notre récompense divine.

Lorsque Job a atteint le fond du baril, assis au milieu d’un tas de cendres, sa femme intervient finalement.  Nous oublions souvent qu’elle est aussi la victime de tous ces malheurs.  Les enfants de Job étaient également les siens.  La destitution de son mari est aussi la sienne.  Alors, elle lui dit : « Tu persistes à rester irréprochable.  Mais tu ferais mieux de maudire Dieu et d’en mourir! »  Comme plusieurs de nos jours, elle lui demande : « À quoi te sert-elle ta maudite religion?  À quoi servent tous tes efforts si ta vie n’est pas meilleure ou plus facile que celle des autres?  Lâche donc toutes ces conneries qui n’ont aucun sens. » 

L’intervention de l’épouse de Job met en lumière le point central de ce passage et peut-être même l’ensemble du texte biblique.  Pourquoi entretenons-nous une relation avec Dieu si nous ne recevons pas de garantie en retour?  Pourquoi croire quand les autres qui ne croient pas réussissent mieux?  Pour plusieurs, la foi est basée sur une relation transactionnelle.  C’est donnant – donnant.  Dieu, si tu m’accordes ce que je te demande dans mes prières (comme le numéro du prochain tirage de 50 millions) je vais te louer publiquement.  Sinon, je vais considérer que tu es inutile dans notre monde moderne.

Je crois que l’erreur de plusieurs est de considérer Dieu comme une machine distributrice de récompenses et de bénédictions. Il suffit simplement de mettre le bon montant pour recevoir l’objet de nos désirs.  Malheureusement, le malheur nous frappe parfois pour aucune raison.  Le cancer, une catastrophe naturelle ou un diagnostic d’autisme s’invite dans nos vies.  À ces moments, nous ne recherchons pas nécessairement de longues explications théologiques.  Nous avons juste besoin de la présence de Dieu à nos côtés pour traverser la tempête.  Souvent, la meilleure manière d’avancer quand rien ne semble avoir du sens est de s’accrocher à nos valeurs, notre foi et notre spiritualité.  Nous choisissons de suivre la voie que Dieu a tracée parce qu’elle correspond à ce que nous voulons être; parce qu’elle représente le monde que nous voulons construire; parce qu’elle une part importante de nos vies.

Comme Job, même les plus croyants d’entre nous sont affligés par la malchance ou des épreuves douloureuses.  Notre plus grand défi est souvent d’accepter qu’il n’y a pas de justice divine qui récompense les bons croyants.  Mais, si nous ne recevons aucune garantie de bonheur éternel en échange de nos dévotions religieuses, nous pouvons trouver un peu de réconfort dans le fait que nous ne sommes pas seuls.  Malgré tout ce qui peut nous arriver, Dieu est avec nous.  Grâce soit rendue à Dieu et amen.

*Aymane Jdidi, pixabay.com