Sermon – Job 38: 1-7 et 42: 1-6 (17 octobre 2021)
Job 38: 1-7 et 42: 1-6
Il y a deux semaines, j’ai prêché sur le début du livre de Job. J’espère que vous vous souvenez parfaitement de mon message. Je plaisante. Pour ceux et celles qui ont besoin d’un petit résumé, Job était un homme irréprochable, droit, fidèle à Dieu et se tenait à l’écart du mal. Il était riche et il avait une grande famille. Tout allait bien pour lui… jusqu’au jour où il perd tout. Il perd ses troupeaux, ses domestiques, ses enfants et même sa santé sans avoir commis une seule faute. Cette amorce de ce texte biblique surprend parce qu’il va à l’encontre d’une théologie prédominante dans le Premier Testament qui stipule que Dieu récompense les bons croyants et punit les mécréants.
À la suite de ces épreuves, Job reçoit la visite d’un groupe d’amis. Après être demeurés silencieux pendant sept jours, Élifaz, Bildad et Sofar (qui ne sont pas des personnages du livre du Seigneur des Anneaux) tentent de réconforter leur ami en lui offrant une série de justifications et de conseils. S’appuyant sur la sagesse traditionnelle de l’époque, ils croient vivre dans un monde où tout arrive pour une raison. Un premier ami tente d’expliquer à Job que sa déchéance est le résultat de ses mauvaises actions envers les autres. Lorsque ce dernier clame son innocent, il lui répond qu’il a dû léser une autre personne sans s’en rendre compte. Il n’a qu’à reconnaitre son péché d’une manière générique et tout ira bien. Un deuxième ami essaie de persuader Job qu’il s’est éloigné de Dieu en raison de son arrogance. Sa condition est un avertissement divin pour le ramener dans le droit chemin. Après tout, Dieu est un être supérieur, juste et bon. Si toutes ses actions ont pour but d’assurer le bien-être de son peuple, les êtres humains ne devraient jamais contester ou remettre en doute ses décisions. Avec ce genre d’arguments énoncés durant un moment de crise profonde, nous sommes en droit de nous demander qui a besoin d’ennemis quand nous avons des amis de la sorte.
Job écoute ses amis, mais il refuse d’accepter leurs raisonnements. Il refuse que l’on mette en doute son intégrité et sa justesse. Son malheur doit s’expliquer par une erreur parce que Dieu est bon et équitable, et ne laisse pas souffrir les justes éternellement. Job est convaincu qu’il pourrait renverser l’apparente indifférence de Dieu s’il obtenait une audience avec Dieu. Il pourrait plaider sa cause. Il pourrait être blanchi des accusations de ses amis et être justifié aux yeux de tous et toutes. En bref, Job ne veut pas parler de Dieu inlassablement; il veut parler à Dieu pour le convaincre de le rétablir.
Après une conversation de 25 longs chapitres, Dieu finalement brise son silence. Dieu se manifeste dans un tourbillon de vent comme dans le livre des prophètes Nahum, Zacharie, Ézéchiel et Habacuc. Sans aucune forme d’introduction, Dieu lance une série de questions à Job qui peut se résumer par : Mais pour qui te prends-tu? Comprends-tu le processus qui a mené à la création du l’univers? Es-tu capable d’expliquer comment le monde est structuré? Que connais-tu du cosmos, de la diversité de la création et des tous les mystères de la vie? Et tu veux m’expliquer comment les choses devraient fonctionner sur terre? Vraiment? Humblement, Job finit par s’incliner devant la grandeur de Dieu. Il avoue avoir parlé de sujets qu’il ne comprenait pas. Il ne possédait pas la connaissance pour mettre au défi Dieu. Il affirme : « Je ne savais de toi que ce qu’on m’avait dit, mais maintenant, c’est de mes yeux que je t’ai vu. »
Peut-être le plus grand problème de Job, et de plusieurs d’entre nous, est qu’il voulait que Dieu ait exactement les mêmes valeurs, les mêmes convictions et les mêmes opinions que lui. Il ne voulait pas se questionner sur la nature de Dieu ou remettre en question sa foi. Il recherchait une relation confortable comme une bonne vieille paire de pantoufles. Tout au long de sa vie, Job s’était construit une conception de Dieu à son image. Ce système peut fonctionner pendant certain temps, mais nos vies finissent toujours par prendre des directions inattendues. À certains moments, nous sommes si déprimés que nous oublions l’existence du mot espoir; nous n’avons plus de larmes à verser tellement que nous sommes tristes; nous sommes tellement en douleur que nous n’arrivons plus à respirer. À certains moments, notre belle conception de Dieu s’écroule comme un château de cartes. Nous nous sentons seuls. Nous recherchons des coupables. Nous nous croyons stupides d’avoir cru en Dieu.
Dans l’extrait d’aujourd’hui, Job ne reçoit pas de réponse à la question de sa souffrance. Mais sa rencontre avec Dieu lui permet d’accéder une nouvelle réalité. Son expérience en présence du divin l’amène à un nouvel endroit dans sa foi. Sa relation avec Dieu est profondément transformée. Dieu n’est plus le reflet de ses préférences ou des principes qui lui ont été enseigné. Dieu est le résultat de son expérience, de ce qu’il a vu avec ses propres yeux. Job comprend que Dieu n’existe pas pour régler tous nos problèmes. Nous n’adorons pas Dieu parce que nos prières ont été exaucées. Dieu existe en dehors de notre petite personne. Dieu est puissant et magnifique. Dieu est toujours présent à nos côtés. Dieu demeure toujours dans notre coin, prêt à nous aider à nous relever quand la tragédie nous frappe, à panser nos blessures et à nous aider à marcher de nouveau. Dieu n’est pas la raison de joie ou la cause de nos malheurs. Dieu est plutôt au cœur de nos processus de guérison et notre voie vers l’espoir.
Comme Job, nous avons toutes et tous grandi avec une certaine conception de Dieu dans nos esprits et des façons de nous comporter pour maintenir une bonne relation. Nous nous sommes convaincus que Dieu aime les mêmes personnes et désire les mêmes pratiques religieuses que nous. Le long cheminement de Job l’amène à revoir ses convictions, à considérer de nouvelles avenues, et finalement à découvrir une conception de Dieu différente de celle qu’il avait au début du livre. Comme Job, nous sommes aussi, tous et toutes, mis au défi de nous remettre en question constamment afin d’approfondir notre relation avec Dieu. Nous sommes appelés à avoir le courage de changer et d’embrasser cette transformation. Amen.