Sermon – Apocalypse 1: 4-8 (21 novembre 2021)

Apocalypse 1 : 4-10

Juste le nom du livre de l’Apocalypse est intimidant pour plusieurs.  Et pourtant, ce livre biblique semble exercer une sorte de fascination qui ne se dément pas.  Certains entreprennent la lecture de ce texte pour y trouver la date exacte de la fin du monde.  D’autres espèrent découvrir les raisons qui nous ont menés aux crises actuelles.  Beaucoup d’efforts sont déployés dans certaines Églises pour identifier l’identité de l’Antéchrist, de la Prostituée de Babylone ou de la Bête et son célèbre 666.  Bien sûr, il y a un ou deux qui affirment que l’auteur, avant d’écrire ce texte, a fumé du vrai bon…   

La vérité est que l’Apocalypse, comme tous les autres livres bibliques, a été écrite pour répondre aux préoccupations des gens d’une certaine époque.  À la fin du premier siècle de notre ère, les chrétiens de la région d’Éphèse ont subi de graves persécutions.  En moins de temps qu’il le faut pour le dire, les principes sur lesquels ils et elles avaient construit leur existence se sont dérobés sous leurs pieds.  Toutes les normes et les attentes construites pour faciliter leurs existences en société ne tenaient plus.  Pour mieux comprendre, essayez de vous imaginer vivant dans le ghetto de Varsovie durant la Deuxième Guerre mondiale ou à Kigali durant le génocide ruandais de 1994.  Imaginez vivre dans une société où l’ordre naturel des choses a complètement disparu.  Imaginez être au milieu d’une situation où les personnes ne se comportent plus comme des êtres humains civilisés.  Imaginez être entouré d’une violence si intense que vous ne savez plus à qui vous pouvez faire vraiment confiance.  Imaginez un monde tellement chaotique où plus rien n’a du sens.  Sans surprise, les chrétiens d’Éphèse se sont demandé s’ils avaient bien fait de mettre tous leurs œufs dans le même panier; s’ils avaient commis une erreur monumentale d’accepter de suivre ce Dieu.

Toute l’imagerie, les nombres et le langage symbolique utilisés par l’auteur visent à décrire une grande bataille cosmique entre les forces du Bien et du Mal.  Dans une situation qui semble totalement désespérée pour les croyants, le texte nous surprend avec un message d’espoir.  Malgré les ténèbres, les souffrances injustes et la violence rependue dans tous les recoins de la société, l’auteur invite ses lecteurs à conserver la foi malgré tous les signes qui indiquent le contraire. 

À la fin du passage d’aujourd’hui, nous pouvons lire : « Je suis l’Alpha et l’Oméga, déclare le Seigneur Dieu tout-puissant, qui est, qui était et qui va venir. »  En comparant Dieu à la première et la dernière lettre de l’alphabet grec, l’auteur affirme que Dieu est présent du début jusqu’à la fin de tout.  Dieu est tellement grand que Dieu englobe tous les mots et les concepts que nous pouvons concevoir.  Dieu est un être comme aucun autre qui transcende les notions mêmes de temps et d’espace.  Comme l’affirme le théologien John Selby Spong, Dieu est plus grand et plus puissant que tout ce que nos cerveaux humains peuvent imaginer et comprendre. 

         Ce Dieu a cheminé avec les humains depuis le début des temps.  Ce même Dieu est toujours présent dans notre monde.  Ce même Dieu continuera d’exister bien longtemps après notre dernier souffle.  Malgré toutes nos questions, nos incertitudes ou les crises qui nous affectent, nous avons reçu la promesse éternelle d’une présence dans nos vies, comme ce fut le cas dans le passé et le sera dans le futur.  Peu importe notre parcours de vie, les difficultés actuelles de l’Église ou les défis des changements climatiques, nous sommes appelés à nous souvenir que nous pouvons avoir foi en Dieu.  Les Empires vont et viennent; les moments de détresses surgissent parfois de nulle part; les lois sont régulièrement abusées par les puissants de notre monde; Dieu ne nous abandonne jamais.  Dieu demeure toujours présent à nos côtés.  Dieu sera toujours là.

         Je ne veux surtout pas diminuer ou nier les défis et les crises que nous affrontons tous et toutes durant notre vie.  Ces moments de chaos sont pénibles, stressants et douloureux.  Personne ne peut affirmer le contraire.   Cependant, la bonne nouvelle du passage d’aujourd’hui tiré du livre de l’Apocalypse est que durant ces moments Dieu demeure présent dans notre monde malgré tous les signes suggérant le contraire.  Nous pouvons croire que le chaos et les difficultés ne sont pas la fin de tout.  Le même Dieu, qui était là dans le passé, est toujours avec nous et continuera à cheminer avec son peuple bien après notre dernier souffle. Amen.

* tangerine newt, unsplash.com