Sermon – Ésaïe 60 : 1-6 (9 janvier 2022)

Ésaïe 60 : 1-6

Comme Charles Aznavour chante dans La Bohème, « Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. »  Ceci est un disque de Daniel Bélanger que j’ai acheté chez un disquaire.  Sur cet album, on peut trouver une de mes phrases préférées que j‘adore utiliser de temps en temps dans mes réflexions : « L’espoir, c’est l’aube nouvelle, c’est quand le jour se lève. »  Dieu sait que je ne suis pas une personne matinale.  Vraiment pas du tout!  Malgré tout, j’ai toujours aimé ce moment de transition où ce n’est plus tout à fait la nuit, mais pas encore le jour.  On sent que la lumière va bientôt apparaître, mais elle n’est pas réellement perceptible.  On dirait qu’à ce moment précis tout est possible, même les idées les plus improbables. 

Nous débutons notre année ensemble avec un texte tiré du livre du prophète Ésaïe.  Selon les experts, ce passage remonte à six siècles avant Jésus-Christ, une époque durant laquelle de nombreux israélites vivaient toujours en exile à Babylone.  À la suite d’une série d’événements dont je vous fais grâce, le roi Darius accorde la permission au peuple de Dieu de retourner à la maison.  Après de nombreuses années d’épreuves et de misère, cette bonne nouvelle a dû générer initialement beaucoup de joie et d’espoir pour les compatriotes du prophète.  Cependant, les israélites ont surement déchanté rapidement quand ils et elles ont compris l’état dans lequel se trouvait Jérusalem à cette époque.  La ville était en ruines et les conditions de vie de ses quelques habitants étaient plus que pénibles.  Soudainement, le beau rêve d’un grand renouveau de la nation est devenu plus difficile à vendre.  La réalité était moins belle qu’espérée.

Il y a quelques jours, l’année 2021 s’est terminée.  Plusieurs attendaient ce moment avec hâte.  J’ai même lu sur Facebook : « Le 31 décembre, je demeure éveillé jusqu’à minuit, pas pour accueillir la nouvelle année, mais pour être sûr que 2021 s’en aille. »  Ces derniers mois ont été extrêmement difficiles pour plusieurs d’entre nous.  Nous avons dû surmonter une grande quantité d’épreuves individuelles et collectives.  Sans surprise, nous étions en droit de nous attendre que la venue de 2022 nous délivre enfin de cette crise.  Nous espérerions qu’un vent de renouveau emporte masques, Purell, tests rapides et tout le tralala.  Mais non!  La situation ne s’est visiblement pas améliorée.  Certains jours, nous avons même l’impression de reculer.  Nous entendons même des experts nous rappeler que cette vague sera surement suivie d’une autre et une autre ensuite.  Nous sommes seulement le 9 janvier et l’espoir d’un retour à la normale en 2022 est devenu difficile à vendre.  Encore une fois, la réalité est moins belle qu’espérée.

Comme les israélites en exil à Babylone autrefois, nous oublions trop souvent que du plus profond de l’obscurité peut émerger la lumière.  Le prophète n’a pas perdu son temps à décrire les conditions difficiles de son peuple; tout le monde pouvait le constater très facilement.  Il a plutôt choisi de consacrer son énergie à dépeindre ce que la situation pourrait être.  Il a invité son peuple à changer sa façon de voir les choses, à se prendre en main et à demeurer fidèle au Seigneur.  Il leur a dit d’être attentifs parce que quelque chose d’extraordinaire était sur le point de se produire.  Une nouvelle lumière allait apparaître et elle brillera de tous ses feux très bientôt.  Sa puissance contribuera au retour du bonheur, de la prospérité et du Salut.  Le rayonnement de cette lumière sera tel qu’elle attirera des représentants de toutes les nations.  Malgré l’obscurité qui semble envelopper l’ensemble du monde, le prophète invite le peuple à espérer en quelque chose qui semble improbable.  Le Seigneur va encore une fois accomplir un exploit qui défie l’imagination.  

Le hasard fait parfois bien les choses.  Nous avons probablement aujourd’hui le meilleur texte pour amorcer cette année 2022.  Ce passage ne nous promet pas que tout va toujours bien aller pour le peuple de Dieu.  Il n’affirme pas dans un élan de jovialisme que l’obscurité disparaitra immédiatement.  Le prophète nous offre plutôt une dose d’énergie que nous avons tous et toutes besoin.  Au lieu de nous concentrer sur tout ce qui va mal dans notre monde aujourd’hui, nous pouvons oser regarder vers l’avant.  Nous avons raison de croire, même dans les moments les plus improbables, au retour du bonheur.  Nous pouvons affirmer que l’espoir, c’est l’aube nouvelle, c’est quand le jour se lève.  Amen.

* Andrea Caramello, unsplash, com