Sermon – Luc 19: 28-40 (10 avril 2022)

Luc 19: 28-40

Pendant approximativement 3 ans, Jésus a sillonné les villages de la Galilée pour y enseigner dans les synagogues, guérir les malades et proclamer la venue du royaume de Dieu.  À plusieurs endroits dans les évangiles, nous pouvons lire que de grandes foules se sont déplacées pour le voir et l’entendre.  Certaines personnes furent tellement impressionnées par ce prédicateur itinérant qu’elles ont tout abandonné pour le suivre.  D’autres cependant ont manifesté plus de scepticisme et de résistance.  Mais malgré tout, au moment où nous le retrouvons dans le passage d’aujourd’hui tiré de l’évangile selon Luc, Jésus est devenu une vedette locale populaire dans la petite province de Galilée. 
 
À un certain moment dans son ministère, Jésus décide de tourner son attention en direction de Jérusalem.  Ses disciples ont surement dû se dire : « Parfait.  C’est exactement ce dont nous avons besoin.  Jérusalem!  La grande ville!  Là-bas, notre maître deviendra encore plus populaire.  Nous pourrons recruter plus de gens à notre cause.  C’est l’occasion que nous attendions tous et toutes. »
 
Jésus et ses disciples commencèrent à planifier minutieusement leur grande entrée à Jérusalem.  Hier comme aujourd’hui, les gens tendent à réagir fortement lorsqu’on leur présente des signes et des symboles associés à leurs espoirs et leurs attentes.  Alors, lorsque les habitants de Jérusalem et les pèlerins venus en grand nombre pour célébrer la Pâque juive ont aperçu un homme chevauchant un âne, entouré de ses disciples, se diriger vers la ville sainte, les gens se sont souvenus immédiatement de l’ancienne prophétie du livre de Zacharie.  Dieu donnera à son peuple un Messie qui restaurera le royaume d’Israël comme au temps du roi David.  Tous les signes offerts à la foule pointaient dans la même direction : leur rêve était sur le point de se réaliser. 
 
         La grande première de Jésus à Jérusalem a été un succès retentissant.  Il a été accueilli comme s’il était une rockstar ou vedette sportive.  Au fur et à mesure qu’il avançait, les gens étendaient leurs manteaux sur son chemin, un geste habituellement réservé aux rois.  La foule se mit à louer Dieu d’une voix forte pour tous les miracles qu’ils avaient vus.  Ils criaient : « Que Dieu bénisse le roi qui vient au nom du Seigneur!  Paix dans le ciel et gloire à Dieu! »  À ce moment, Jésus était vraiment au sommet de sa gloire. 
 
Malheureusement, plusieurs des critiques de Jésus étaient également présents ce jour-là.  Cette mise en scène ne les impressionne pas.  Les Pharisiens n’apprécient pas le pseudo triomphe offert à ce prétendu fils de David.  Pour eux, cette manifestation durant la semaine la plus sainte et la plus occupée de l’année ne représente rien de moins qu’un défi à l’autorité romaine et religieuse de l’époque.  À Jérusalem, Jésus et ses disciples ont peut-être trouvé une plus grande foule intéressée à son message, mais ils ont également pénétré dans le fief de leurs ennemis qui désiraient mettre fin à ce mouvement, coûte que coûte. 
 
La suite des événements est presque surréelle.  Ce moment de célébration s’est rapidement transformé en tragédie.  Les chants d’acclamation ont été remplacés par des invectives.  Les disciples qui débattaient il n’y a pas si longtemps pour savoir lequel qui d’entre eux étaient le plus grand abandonnent leur maître.  La même foule qui l’appuyait quelques jours plutôt demandait maintenant la mort de celui qui vient au nom du Seigneur.  L’entrée triomphale de Jésus a mené à son arrestation.    Dans l’espace de quelques heures, il est interrogé; torturé; humilié et enfin exécuté publiquement.  À la lumière de la tournure des événements, il est permis de se demander si Jésus aurait dû se contenter de sa célébrité dans sa province natale.  Peut-être, les choses se seraient mieux déroulées s’il était demeuré en Galilée, s’il n’avait pas eu l’ambition de réussir à Jérusalem.   
 
Et pourtant, l’échec de Jésus à Jérusalem s’est transformé en son plus grand succès.  Oui, l’homme qui a été accueilli comme un roi, le Messie et le Fils de Dieu s’est retrouvé sur la croix.  Cependant, tous ces événements ont insufflé un nouvel espoir à l’humanité en renversant toutes nos attentes et notre compréhension du monde.  Celui qui a été justifié par Dieu après tant de souffrance n’est pas un héros magnifique, un guerrier courageux ou un membre de l’élite de la société.  Il était peut-être le dernier homme à qui nous pourrions penser pour sauver l’humanité.  Sans argent, sans connexion spéciale et sans pouvoir, Jésus a démontré qu’il est possible de faire une différence.  Et 2 000 ans plus tard, nous sommes ici malgré la pandémie, la guerre en Ukraine et la crise des changements climatiques.  Nous croyons toujours que ses mots et ses gestes sont pertinents dans notre société.  Nous sommes convaincus qu’il y a plus dans la vie que la puissance, l’argent et le succès.  Nous avons même accepté de marcher dans les pas de Jésus afin d’essayer de transformer notre monde.  
 
Lorsque nous y pensons, la célébration du dimanche des Rameaux est l’un de ces événements étranges du calendrier liturgique chrétien parce que nous savons tous et toutes que cette histoire va mal finir.  L’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem se terminera par sa mort.  Et pourtant, nous aimons nous rappeler ce moment spécial parce qu’il nous invite à nous souvenir qu’un homme simple, issu d’une province lointaine de l’Empire romain, a été capable de transformer ce qui ressemblait à une défaite en un mouvement qui a inspiré des milliards d’individus.  En quittant la Galilée pour Jérusalem et en acceptant les conséquences de cette décision, Jésus a gagné son pari.  Son message sera connu à travers le monde et les âges.  Amen.
Brady Leavell, unsplash.com

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