Sermon – Jean 10: 22-30 (8 mai 2022)

Jean 10: 22-30

Pour de nombreuses raisons, la religion n’est pas la saveur du mois dans notre société.  Nos églises se vident depuis plusieurs décennies.  Pourtant, il y a un peu partout des gens qui croient en Dieu, qui peuvent citer des passages de la bible et qui connaissent les bases du christianisme.  Cependant, ces personnes choisissent de ne pas joindre à nous les dimanches.  Comme bien d’autres, nous sommes souvent tentés de croire qui si nous présentions les bons arguments au bon moment, nous pourrions convaincre toutes ces personnes.   Nous sommes convaincus que si nous pouvions expliquer clairement de notre théologie, nos croyances et nos valeurs, elles adhéreraient à notre vision du monde.  Nous pensons que l’utilisation des mots minutieusement choisi changerait tout. 
 
Dans le passage d’aujourd’hui tiré de l’évangile selon Jean, Jésus déambulait tout simplement dans le temple de Jérusalem lorsqu’un groupe de Juifs l’accoste et lui demande s’il est le Messie.  Manifestement, ils avaient entendu parler de Jésus, mais ils n’étaient pas encore convaincus à son sujet.  Ses enseignements et ses gestes n’étaient pas suffisant.  C’est pour cette raison qu’ils lui demandent : « Jusqu’à quand vas-tu nous maintenir dans l’incertitude?  Si tu es le Messie, dis-le-nous franchement. »  Laisse faire le blabla inutile, Jésus.  Arrête tes paraboles ou tes devinettes incompréhensibles.  Nous ne voulons plus de ‘le Royaume de Dieu ressemble à …’  Juste pour une fois, donne-nous une réponse simple.  Es-tu le Messie, oui ou non?
 
Nous devons nous souvenir que durant le temps de Jésus, le mot ‘Messie’ n’était pas un titre religieux comme les autres.  Ce terme appartenait au langage révolutionnaire contre les autorités de cette époque.  Le Messie était censé être une nouvelle sorte de roi qui règnerait avec justice, protéger les pauvres et les vulnérables et établir une paix permanente avec les nations avoisinantes.  Le Messie était censé de mener et remporter une grande bataille apocalyptique contre les forces du Mal.  Le Messie était censé de réformer les pratiques religieuses de son peuple.  Se proclamer un Messie était une affirmation lourde de sens.
 
Quand ils se sont approchés de Jésus, ces Juifs s’attendaient sûrement à une réponse honnête et directe comme : « Oui!  Moi, Jésus de Nazareth, suis le Messie pour telle et telle raison.”  Cependant, ce dernier les surprend avec : « Je vous l’ai déjà dit, mais vous ne croyez pas. »  Je dois avouer que j’aime la réplique Jésus.  Elle est peut-être un peu baveuse, mais en même temps pas vraiment loin de la vérité.  Partout dans les évangiles, nous pouvons trouver plusieurs passages où il affirme qu’il est celui envoyé par Dieu.  Ce n’est quand même pas sa faute si les gens ne veulent pas le croire ou s’il ne correspond pas à leurs attentes messianiques.  Ceux et celles qui ont pris le temps d’écouter Jésus ont reconnu en lui un bon berger.    Si les autres ont choisi de ne pas le suivre, peut-être ils n’appartenaient pas à son troupeau après tout.  Cette explication est claire comme de l’eau de roche.  Il semble n’y avoir rien d’autre à ajouter. 
 
Cependant, Jésus continue à vouloir parler.  Plusieurs d’entre nous ont sûrement envie de dire : Non Jésus!  Ferme-la!  Ne dis rien.  Pour une fois que tu avais une réponse facile à comprendre, ne va pas tout foutre en l’air.   Arrête là.  Est-ce qu’il a arrêté là?  Bien sûr que non.  Il ajoute : « Les œuvres que je fais au nom de mon Père témoignent en ma faveur. »  Quoi?  Il a dit ‘les œuvres’?  Jésus a dû sûrement se tromper.  Il a dû vouloir dire les mots prononcés au nom de mon Père.  Les mots comme ceux que nous utilisons dans nos déclarations de foi et nos traités de théologie qui codifient notre foi.  Les mots que nous avons appris par cœur depuis notre jeunesse et avec lesquels nous sommes confortables.  Les mots que nous prononçons dans nos services religieux.  Les mots!
 
Parfois, nous passons tellement de temps à chercher les bons mots pour définir notre foi et pour convaincre les gens autour de nous que nous oublions d’agir.  Parfois, nous discourons en long et en large sur les biens faits de la justice sociale et de l’équité entre les peuples pour ensuite acheter ce qui ne procure pas un revenu décent pour les producteurs.  Nous prions pour la paix dans le monde, mais nous réagissons à peine quand nos gouvernements dépensent des milliards pour acheter des armes.  Nous désirons aimer notre prochain, mais nous sommes agacés lorsqu’un étranger nous demande de l’aide en dehors des voies officielles ou des heures prévus durant la semaine.  Parfois, je me demande… si des gens observaient attentivement nos actions, croiraient-ils que Jésus est notre Messie?  Serons-nous capables de défendre notre bilan à partir de nos gestes?  Appartenons-nous au groupe de ceux et celles qui ne sont pas capables d’écouter vraiment?
 
Pourtant, nous savons tous et toutes que nos gestes, même les plus petits, ont souvent un pouvoir plus grand que tous les mots de nos dictionnaires.  Ils sont la manifestation de notre relation avec Dieu.  Notre désir de construire le Royaume de Dieu sur terre débute par nos actions.  Aimer notre prochain commence souvent autour d’une simple tasse de thé ou café.  Nous nous rapprochons de la paix sur terre lorsque nous pardonnons à une personne qui nous a blessés par le passé.  Un meilleur monde pour tous et toutes devient une réalité le temps que l’on prend pour écouter un ami en difficulté.  Toutes ces petites choses sont d’une simplicité désarmante.  Elles ne sont pas compliquées.  Nous n’avons pas besoin de longues études en théologie pour les accomplir.  Ces gestes demandent seulement d’incarner notre foi tous les jours de notre vie.
 
Parfois, en faire moins donne de meilleurs résultats.  Quand les gens nous demandent si nous croyons que Jésus est le Messie ou s’ils devraient venir à notre église, nous pouvons suivre l’exemple de Jésus.  Au lieu de nous lancer dans de grands discours, nous pouvons simplement répondre : « Regardez ce que nous accomplissons ensemble.  Regardez nos gestes quotidiens.  Et qui sait?  Peut-être trouverez-vous les réponses à vos questions? »  Comme François d’Assise a affirmé : « Ce que nous faisons soit le seul sermon que certaines personnes entendent aujourd’hui. »  Amen.
* ocg – saving the ocean, unsplash.com