Sermon – Jérémie 18: 1 – 11 – (4 septembre 2022)
Durant mes vacances, j’ai eu la chance de visiter l’atelier d’une potière. Dans le sous-sol de sa maison, elle s’était installé un espace pour son tour et un autre pour son four dans lequel elle cuit ses œuvres. Elle nous a expliqué un peu son processus de création. J’ai trouvé la visite fascinante. Après un moment, je lui ai demandé si elle avait des coupes ou des gobelets à vendre. Je ne lui ai pas dit que j’étais un pasteur. Je voulais éviter une conversation malaisante. Elle m’a montré certaines de ses créations et j’ai décidé d’acheter celle-ci. J’ai bien sa couleur et sa texture. Je n’ai pas une grande collection de coupes en poterie, mais j’en possède quelques une. Par exemple, j’en ai reçu une le jour de mon ordination il y a 16 ans. Je l’ai utilisé quelques fois pour célébrer des communions. Et puis… un jour… ceci est arrivé. C’est fragile de la poterie.
Au début du passage d’aujourd’hui, le Seigneur dit au prophète Jérémie : « Descends chez le potier, c’est là que je te ferai entendre ce que j’ai à te dire. » Si nous considérons de nos jours la poterie comme une forme d’arts qui produit de magnifiques vases dans lequel nous pouvons mettre des fleurs, les pots et les jarres d’argile servaient dans l’ancien temps à contenir des grains, du vin ou toute autre denrée pour nourrir une famille. Ils étaient l’équivalent des contenants Tupperware qui remplissent nos armoires. Étant donné l’usage rependu de ces objets, Jérémie n’a pas avoir beaucoup de difficultés à trouver une maison de potier. Arrivé à cet endroit, le prophète s’est mis à examiner attentivement le travail de l’artisan. Il a observé comment il manipulait la glaise et l’effort requis pour créer une forme. Comme cela arrive quelques fois, le pot ne prenait pas la forme désirée. Le potier n’appliquait pas la bonne pression au bon endroit ou au bon moment. Cependant, ce dernier ne semblait pas se fâcher ou se décourager. Il recommençait tout simplement.
Tous ceux et celles qui ont tenté de travailler avec de l’argile savent qu’elle devient dure et fragile après sa cuisson. Cependant, avant cette étape, elle demeure malléable et plastique. Lorsqu’une erreur est commise, un potier ou une potière peut toujours recommencer son travail et effectuer une nouvelle tentative. Parce que l’argile conserve toujours son potentiel, elle peut être étirée différemment. Le design de l’objet espéré peut être modifié ou complètement réimaginé. Le potier ou la potière peut ainsi explorer différentes possibilités.
En envoyant Jérémie à la maison du potier, le Seigneur a voulu expliquer au prophète la nature de sa relation avec le peuple de Dieu. Dieu, qui a utilisé cette matière première pour façonner tous les animaux et les êtres humains pendant le récit de la création dans le deuxième chapitre de la Genèse, ne cesse de tenter de former et guider son peuple. Malheureusement, les résultats n’ont pas été toujours au rendez-vous. Les êtres humains commettent des erreurs et dévient de l’objectif initial. Cependant, le Seigneur n’abandonne jamais. Comme un potier ou une potière entêté, Dieu persévère dans son désir de créer une œuvre reflétant son désir.
Cette caractéristique de Dieu est une incroyable bonne nouvelle pour nous tous et toutes. Peu importe nos erreurs, nos péchés ou nos défauts, Dieu ne nous abandonne jamais. Nous ne sommes jamais trop mauvais pour appartenir à la grande famille du peuple de Dieu. Il y a toujours de la place pour recommencer ou changer. Dieu est toujours prêt à nous pardonner lorsque nous prenons le mauvais chemin ou nous refusons de l’écouter. Dieu cherche toujours un moyen de nous améliorer, de nous rediriger ou de nous reformer.
Je me souviens, lorsque j’ai effectué un stage dans une prison près de Kingston, plusieurs détenus étaient étiquetés comme « irrécupérables » en raison de leur crime. Une des questions que l’on me demandait le plus souvent est: est-ce que Dieu peut me pardonner? Ils voulaient savoir si le Seigneur les avait abandonnés. Est-ce qu’il y avait encore quelque chose à faire avec eux ? Si tout un chacun doit faire face aux conséquences de ses choix et de ses actions, ces hommes pouvaient trouver une forme de réconfort dans cette croyance que Dieu n’abandonne jamais.
Bien sûr, comme la poterie, ce processus n’est jamais facile. Le changement souhaité peut prendre plusieurs tentatives. Durant le processus, il y a beaucoup moments très frustrants. Plusieurs sont tentés à tout abandonner. Pourtant, nous savons que l’être humain a une très grande capacité d’adaptation. Si nous pouvons vivre dans différents climats, créer de nouveaux outils ou formuler de nouvelles théories, nous sommes aussi capables d’apprendre de nos erreurs. Nous pouvons devenir un peu moins égoïstes. Nous pouvons trouver le courage de dénoncer l’intolérance et les préjugés. Même si cela est particulièrement difficile, nous pouvons toujours nous retrousser les manches et accepter d’être reformés avec l’aide de Dieu.
À la suite d’une visite à la maison d’un potier, Jérémie comprend une vérité extraordinaire au sujet de Dieu et de son peuple. Le Seigneur est comme un potier ou une potière entêté qui n’abonne jamais. Nous sommes imparfaits, abimés et remplis d’imperfections, mais cela n’a aucune importance. Dieu ne nous laissera pas tomber. Quand nous avons été abandonnés par tous et toutes, quand personne ne croit plus en nous, quand nous avons atteint le fond du baril, Dieu est toujours là pour nous transformer en un nouveau récipient pouvant contenir sa bonne nouvelle pour l’ensemble de l’humanité. Amen.