Sermon – Luc 15: 1 – 10 (11 septembre 2022)
Luc 15 : 1 – 10
Le texte d’aujourd’hui nous présente la célèbre parabole de la brebis égarée et retrouvée par un bon berger. Il est toujours difficile de trouver un angle ou une image originale pour présenter cette histoire si connue. Cette semaine, je me suis souvenu d’une caricature du pasteur David Hayward, aussi connu sous le pseudonyme @Naked Pastor. Soyez sans crainte. Il ne s’agit pas de ce genre de dessin. Je vais tenter de vous partager l’image. Voici. On voit Jésus qui ramène un mouton aux couleurs du drapeau arc-en-ciel. Les autres moutons déclarent : Wow! Wow! Wow! Un instant! Il n’était pas perdu. C’est nous qui l’avions expulsé. Un message triste, mais malheureusement vrai trop souvent.
Plusieurs abordent ce passage en accordant peu d’attention à ses premiers versets afin d’arriver plus rapidement à la section de la parabole. Pourtant, ces quelques mots nous offrent des informations très pertinentes. Un jour, Jésus mangeait avec des collecteurs d’impôts et des gens de mauvaises réputations. Dans l’évangile selon Luc, le verbe « manger » se trouve 33 fois. L’idée de partager sa nourriture au-delà de sa famille immédiate y est très important. Cependant, les Pharisiens et les maîtres de la loi de Moïse n’appréciaient pas les compagnons de table de Jésus. Ce jeune rabbi devenu populaire auprès du peuple semblait oublier que les apparences sont parfois aussi importantes que la réalité. Comme j’ai déjà mentionné auparavant, les collecteurs d’impôts étaient considérés comme ni plus ni moins que des collabos qui extorquaient l’argent à la population pour renflouer les coffres des envahisseurs romains. Pour ce qui est des gens de mauvaises réputations, le terme est plus difficile à définir. Le texte ne semble pas nécessairement désigner des prostitués ou des voleurs, mais plutôt des personnes qui ne respectent pas vraiment les lois et conventions religieuses de l’époque. Peu importe. Les Pharisiens regardaient cette rencontre avec réprobation. Pour une personne qui ne se gênait pas pour critiquer les valeurs et les agissements des autres, Jésus devrait peut-être commencer par se regarder dans le miroir. Il devrait d’abord surveiller la nature de son entourage et de ses relations. Comme le dit le proverbe : Qui se ressemble s’assemble.
C’est dans ce contexte que Jésus raconte la parabole du mouton perdu et retrouvé. Habituellement, les gens adorent cette histoire parce qu’elle semble affirmer que le Seigneur n’épargnera aucun effort si nous nous perdons au cours de notre vie. De plus, ce récit est régulièrement associé à une volonté de sauver les âmes perdues de notre monde. Malgré leurs égarements, tous les mécréants, les païens et les autres brebis égarées sont recherchés activement par le bon berger. Ces personnes peuvent rejoindre le troupeau de Dieu si elles se repentent et changent leur vie.
Cependant, nous semblons oublier deux choses importantes au sujet de cette parabole. D’abord, le berger n’achète pas ou ne trouve pas une nouvelle bête pour agrandir son cheptel; le mouton perdu appartient déjà au troupeau. Il n’a pas à changer quoi que ce soit pour y être réintégré. Ensuite, si nous sommes vraiment honnêtes, les probabilités sont que nous soyons l’un des 99 autres moutons. Nous, les gens religieux qui participent d’une manière ou d’une autre à la vie de l’Église, avons choisi de demeurer au sein du troupeau. Nous sommes ceux et celles qui sont abandonnés par le berger. Nous sommes ceux et celles qui doivent faire face au difficile défi de maintenir la cohésion du groupe. Nous sommes ceux et celles qui ressentent parfois un peu de frustration en regardant tous les efforts déployés par le berger pour récupérer des brebis qui semblent incapables de suivre quelques règles et principes simples.
Pour les Pharisiens, les collecteurs d’impôts et gens de mauvaises réputations à la table de Jésus ne sont que des gens irrécupérables. Ils ont jugé et catégorisé ces personnes avant même de les rencontrer. Pour sa part, Jésus choisit une autre approche qui prend plus de temps et d’efforts. Il préfère rencontrer ces individus dans un contexte convivial afin de découvrir qui ils et elles sont vraiment. Il ne s’arrête pas à la profession de l’un ou les choix de l’autre; il se concentre sur l’être humain devant lui. Jésus décide même de mettre de côté toutes demandes de changement, de contritions ou de repentance afin de bâtir des ponts avec des personnes déjà aimées inconditionnellement par Dieu.
Malgré toutes nos bonnes volontés, il y a toujours une partie de nous qui juge les autres trop rapidement. À plusieurs reprises, nous étions prêts à exclure un individu ou un groupe parce que c’était trop compliqué de les inclure, parce qu’elles étaient trop dérangeantes, parce que leurs actions allaient à l’encontre de nos valeurs. C’est toujours plus facile et confortable de se retrouver au sein d’un troupeau de gens similaires. Mais Jésus nous met au défi d’aller dans une autre direction. Nous sommes appelés à pratiquer une forme d’inclusion radicale qui oublie « si », « à condition de » ou toutes stipulations écrites en petits caractères en bas d’une page. Nous sommes invités à voir notre prochain comme une personne, peu importe qu’il ou elle soit un sans papier, une collègue franchement désagréable ou un repris de justice. Nous sommes exhortés à croire que tous et toutes a quelque chose à contribuer et que notre situation privilégiée dans le troupeau du Seigneur ne fait pas de nous des gens meilleurs.
Le pasteur David Hayward a également dessiné cette caricature. Aux moutons aux couleurs de drapeau de la fierté et de la diversité de genre, Jésus déclare : « Ne vous en faites pas! C’est leur problème. » Trop de personnes jugent les autres sans les connaître et rejettent tout ce qui est différent de la majorité. Les Pharisiens jugeaient sévèrement Jésus parce qu’il mangeait et sociabilisait avec gens de mauvaises réputations. Sa réponse était toujours une inclusion radicale. Comme Jésus, nous sommes appelés à faire tous les efforts nécessaires pour rejoindre ceux et celles qui sont exclus sans exiger qu’ils ou elles changent pour satisfaire nos désirs. Nous devons accueillir toutes les brebis de Dieu, qu’elles soient égarées ou parmi le troupeau. Amen.