Sermon – Jean 6: 24-55 (9 octobre 2022)
Jean 6 : 25 – 35
Peut-être avez-vous entendu qu’il n’y a rien de gratuit dans ce bas monde. L’augmentation du prix des denrées alimentaires, la hausse du prix du pétrole, l’inflation et la majoration des taux d’intérêt nous le rappelle constamment. Plusieurs font un peu plus attention à leur budget. Nous recherchons constamment des astuces pour nous en sortir d’une manière élégante. Habituellement, durant la fin de semaine de l’Action de grâce, nous aimons inviter familles ou amis pour célébrer l’abondance. Cette année, peut-être qu’il y a eu moins de gens autour de la table, peut-être les portions étaient plus petites, peut-être que la nourriture se faisait rare. Encore une fois, nous sommes confrontés à la réalité qu’il y a toujours un prix à payer pour avoir accès aux bonnes choses de la vie.
L’insécurité financière n’est pas un phénomène nouveau. Au temps de Jésus, la société était divisée en deux classes socio-économiques : une très petite minorité riche qui menait la belle vie et l’immense majorité de la population qui peinait à survivre en raison de sa pauvreté. Quelques versets avant le début de la lecture d’aujourd’hui, Jésus réussit à donner à 5000 hommes autant de pain et de poissons qu’ils en voulaient. Nous pouvons comprendre très facilement que la foule n’allait pas abandonner une si bonne source d’abondance. Peu importe son message, cet homme offrait gratuitement de la nourriture qui pouvait permettre de survivre un autre jour. Habituellement, lorsque nous trouvons un bon deal comme celui-ci, nous ne l’abandonnons pas facilement.
Nous pouvons aussi comprendre que Jésus n’était pas vraiment satisfait de la tournure des événements. Sa mission n’était pas de devenir le plus grand chef de l’histoire. Il n’appréciait pas nécessairement d’être suivi davantage pour ses miracles que pour la nature de ses enseignements. C’est pourquoi il invite les gens à cesser de travailler pour une nourriture qui se gâte afin d’en rechercher une qui dure et qui procure la vie éternelle, c’est-à-dire une vie de qualité. La foule, curieuse, demande à Jésus ce qu’il faut accomplir pour recevoir cette nourriture miraculeuse. Jésus leur répond de croire en lui, l’envoyé de Dieu. Et afin d’être certain d’exercer la bonne dévotion et s’assurer ainsi le résultat escompté, ils demandèrent à Jésus de faire quelque chose de spectaculaire, un miracle, un geste spécial afin de croire en lui. Jésus, peut-être à bout de nerfs de cette conversation un peu surréalistes, déclare : Je suis le pain de vie. Est-ce que c’est assez clair maintenant? Heu… Jésus… Est-ce que cela veut dire qu’on doit te… laisse faire…
Oui, Jésus a dû ressentir une très grande frustration comme lorsque nous essayons d’amener une conversation à un autre niveau. Oui, la faim physique importante. Nous pouvons l’apercevoir facilement dans les écoles. Les enfants qui n’ont pas déjeuné le matin sont incapables d’apprendre. Il n’y a aucun débat sur ce sujet. Cependant, nous devons également nourrir notre esprit et notre âme. Les conversations sur ce sujet sont parfois plus difficiles parce qu’elles touchent directement à notre intimité. Nous devons dévoiler la nature de notre faim intérieure. Peut-être, nous en avons un peu honte. Peut-être, nous avons peur du jugement des autres. Peut-être, nous ne savons pas comment répondre à cette faim. Peut-être, nous tentons de compenser ce manque avec autre chose. Peut-être, nous avons peur de perdre le contrôle.
En se présentant comme le pain de vie, Jésus désire entrer dans cette intimité sous une forme très familière. Il ne se définit pas comme une entrée sophistiquée, un succulent dessert ou un supplément vitaminé, mais comme un aliment de base présent dans toutes les cultures et qui trouve ses origines dans la préhistoire. Ce Jésus est accessible aux gens de toutes identités, toutes les origines et toutes les classes sociales.
Jésus tente également de répondre aux préoccupations d’une foule convaincue qu’elle doit payer d’une façon ou d’une autre pour recevoir cette nourriture spéciale. Les gens croient que Dieu suit la logique marchande de notre monde. C’est donnant-donnant. Cependant, Jésus introduit l’idée révolutionnaire que les personnes n’ont pas à mériter ce pain de vie; il s’agit d’un don totalement gratuit, sans aucune condition. Jésus explique à la foule que les Israélites n’ont pas reçu la manne durant les 40 ans qu’ils ont passés dans le désert parce qu’ils étaient des exemples parfaits de la foi. En fait, à plusieurs reprises, ces personnes ont critiqué Moïse. Elles ont souvent voulu revenir en arrière et oublier les promesses faites par le Seigneur. Même le passage à travers la mer Rouge ne leur a pas suffi. Néanmoins, Dieu a nourri son peuple tous les jours sans exiger autre chose que d’essayer de croire en ses promesses.
Trop souvent, les institutions religieuses, les pasteurs ou les paroissiens imposent des séries de conditions ou d’obligations avant de pouvoir participer aux activités de l’Église de Dieu, d’avoir pleinement accès aux enseignements de Jésus, de recevoir ce pain de vie. Cependant, comme dans la parabole du bon berger nous avons lu il y a quelques semaines, nous ne sommes pas à la recherche de Dieu ou de Jésus. C’est plutôt le contraire. Nous sommes ceux et celles qui sont recherchés. Au lieu de porter toute notre attention sur ce que nous devons ou ne devons pas faire, nous sommes simplement appelés à comprendre comment Dieu nous accueille tous et toutes sans exception… même les parties de nous dont nous ne sommes pas toujours fiers et que l’on préférerait cacher… comme les fois nous nous emportons inutilement pour des pacotilles, nous buvons un peu trop parce que la douleur trop forte, nous ne sommes pas capables d’admettre notre problème de santé mentale. La vérité est que le Seigneur se fout éperdument de tout cela. D’une manière complètement provocante pour notre monde, nous sommes tous et toutes invités à gouter à ce pain de vie et absolument aucune condition ou circonstance ne peut changer cette offre extraordinaire.
Jésus a déclaré : Je suis le pain de vie. Nous pouvons être tenté de rechercher ce que l’on accomplir afin de s’assurer cette une vie de qualité. Nous pouvons demander quel est le prix à payer pour obtenir ce pain qui dure. La réponse est que nous sommes seulement invités à nous ouvrir à la présence du Seigneur déjà présent tout autour de nous. Ça ne coûte pas plus cher que cela. Amen.