Sermon – Matthieu 11: 2-11 (11 décembre 2022)
Matthieu 11 : 2 – 11
Il ne reste plus que deux semaines avant la fête de Noël. Plusieurs d’entre nous sont à l’étape de l’achat de cadeaux ou de la décoration à intérieur ou l’extérieur de la maison. Les partys de bureau et les rencontres de famille commencent à remplir nos agendas. Nous osons même rêver à la magie d’un Noël, comme dans les films à la télévision. Cependant, nous nous apercevons rapidement que nous devons nous contenter de la réalité… qui est décevante la plupart du temps. Nous continuons à nous offrir des cadeaux qui ne nous satisfont pas vraiment. Nous nous empêtrons toujours dans les mêmes vieilles chicanes. Nous terminons souvent la saison des fêtes déçue, épuisés et même un peu frustrés parce que nos attentes n’ont pas été réalisées.
En ce troisième dimanche de l’avent, nous continuons notre cheminement en compagnie de Jean Baptiste. Le temps a passé depuis l’extrait de la semaine dernière, mais l’homme est demeuré le même. Il continue à proclamer son message en utilisant le même style incendiaire. Sa nouvelle cible était devenue Hérode qui a eu la brillante idée de marier l’épouse de son frère qui était toujours vivant. Un homme qui avait le sens de la famille. Étant donné qu’il n’existait pas encore de Charte protégeant la liberté de parole, les dénonciations de Jean le baptiste l’ont conduit directement en prison. Au début du passage d’aujourd’hui tiré de l’évangile de Matthieu, Jean, ayant entendu parler des œuvres de Jésus, qui envoie ses disciples lui demander : « Es-tu ‘Celui qui doit venir’ ou devons-nous en attendre un autre? »
Certains voient dans cette question un moment d’égarement ou de découragement. Mais, comme je l’ai mentionné la semaine dernière, Jean Baptiste était un idéologue qui ne croyait pas aux compromis. Même au fond de sa cellule, il demeurait fermement convaincu que le jour d’une grande révolution était imminent. Pendant ce temps, Jésus mangeait avec des lépreux, des prostituées et des collecteurs de taxes. Il guérissait les malades et chassait les mauvais esprits. Il déclarait è la foule : « Heureux les pauvres de cœur et les doux ». Jean devait trouver tout cela était bien beau, mais où est la pelle à vanner qui jette la mauvaise paille dans un feu éternel ou le jugement divin des riches et puissants. Jésus devait être celui qui apporte la justice, l’équité et l’ordre dans notre monde. Mais aucun de ces changements ne semblait se réaliser. Jean Baptiste aurait-il misé sur le mauvais cheval? Peut-être que Jésus n’est tout simplement pas le Messie tant espéré.
À la question des disciples de Jean le baptiste, Jésus aurait pu répondre tout simplement : « Oui! C’est moi. Je suis le Messie, l’accomplissement des écritures, le Sauveur de l’humanité. Je croyais que c’était clair et établi depuis longtemps. » Cependant, comme il le fait si souvent dans les évangiles, Jésus n’offre pas de réponses claires et précises à la question. Il parle plutôt d’aveugles qui retrouvent la vue; de boiteux qui marchent droit; de sourds qui entendent et de lépreux purifiés. Encore une fois, personne n’est contre la vertu, mais quel est le lien avec la question de Jean Baptiste?
Jésus n’était surement pas un grand orateur spectaculaire comme Jean le baptiste. Son message était plutôt véhiculé à travers une série de petits accomplissements, souvent presque invisibles dans le grand ordre des choses, mais qui faisait toute la différence du monde pour les pauvres et les vulnérables qui l’entouraient. Sa proclamation ressemblait un peu à un meuble IKEA. Il donnait les matériaux, les outils et un plan et ce sont les personnes qui devaient assembler le tout afin de constater le résultat final. Avec Jésus, le règne de Dieu n’a pas débuté dans les grandes assemblées politiques et les manifestations dans les rues, mais là où les gens marginalisés et rejetés ont vraiment besoin de sa présence.
Si la méthode employée par Jésus semble avoir fonctionné à long terme, aujourd’hui nous ne pouvons pas chanter « Tout va bien, madame la Marquise ». Deux mille ans après la venue du Christ, nous vivons encore dans un monde profondément brisé, injuste et trop souvent cruel. La saison de l’avent ne doit pas nier cette réalité. Plusieurs personnes ont besoin d’un espace sécuritaire pour crier leur colère, manifester leur déception et exprimer leur frustration que les choses ne changent pas assez rapidement. Nous ne semblons pas capables d’apprendre de nos erreurs. Notre monde ressemble beaucoup à celui avant la venue de Jésus. Nous avons besoin de confier à Dieu tout notre désespoir devant toute l’exploitation et la violence qui nous entourent parce que Dieu est plus grand que toutes les circonstances difficiles de nos existences.
En même temps, je crois que nous sommes appelés à revoir nos attentes afin de faire la différence entre nos désirs personnels et la volonté de Dieu. Nous sommes invités à apprendre à regarder aux bons endroits pour y découvrir la présence du Royaume de Dieu qui nous entoure déjà. Le défi pour plusieurs d’entre nous est d’arrêter de suivre toutes les distractions de notre monde pour découvrir ce qui est beau et bon maintenant. Nous sommes appelés à conserver la foi que la grande révolution espérée par Jean le baptiste se gagne, comme je le répète souvent, par un geste, un mot ou une prière à la fois.
Durant cette période de l’année, nous entretenons de grands rêves, l’accomplissement de grandes promesses. Lorsque les choses ne se réalisent pas nécessairement comme nous l’espérons, nous sommes appelés à réévaluer nos attentes et nous rappeler que Celui qui doit venir ne nous fera pas faux bond. La venue de l’Enfant Jésus à vraiment changer notre monde si nous savons où et quoi regarder. Amen.