Sermon – Michée 6 : 1 – 8 (5 février 2023)

Michée 6 : 1 – 8

J’aimerais débuter ma réflexion par une vieille blague.  J’espère que je ne vous l’ai pas déjà raconté.  C’est l’histoire d’un homme qui a un rendez-vous extrêmement important au centre-ville.  Il est sur le point d’être en retard et il n’est pas capable de trouver un espace de stationnement pour sa voiture.  Même si l’homme n’est pas tellement religieux, il ose quand même dire une prière. « Mon Dieu!  Si tu m’aides à trouver une place à temps, je te promets que j’irais à l’église régulièrement; je m’impliquerai dans la vie de la communauté et je vais donner généreusement. »  Au moment même où il termine de prononcer ces mots, un espace de stationnement se libère directement devant de la porte de l’édifice où l’homme doit se présenter.  Alors, il dit : « C’est correct Dieu.  J’ai trouvé tout seul. Tu peux oublier ça! »

Le texte d’aujourd’hui tiré du livre de Michée aborde la question de notre relation avec Dieu.  Le début de l’extrait peut paraître bizarre à première vue.  L’action se déroule dans un grand tribunal céleste où l’ensemble de la création agit en tant que jury.  Le Seigneur y convoque son peuple, non pas pour l’accuser d’un méfait, mais pour lui demander : « Qu’est-ce que j’ai pu bien faire pour mériter que vous m’abandonniez?  Je vous ai libéré de l’esclavage en Égypte.  Je vous ai protégé de vos ennemis.  Je vous ai donné plusieurs leaders politiques.  Je vous ai envoyé des prophètes.  Qu’est-ce que voulez-vous de plus? »

Dans le Premier Testament, l’une des prémisses de base derrière plusieurs alliances entre le Seigneur et son peuple est que la foi est transactionnelle.  C’est donnant donnant.  Dieu, si tu me donnes quelque chose, je ferai quelque chose en retour pour toi.  Prenons l’exemple d’Abraham.  Un jour, le Seigneur se pointe dans sa vie et lui demande de tout abandonner pour le suivre dans un lieu inconnu.  En échange, Dieu lui promet une descendance plus nombreuse que les étoiles dans le ciel.  Abraham accepte l’offre.  Cependant, après plusieurs années, il se présente devant le Seigneur et lui dit : « Je t’ai fait confiance.  J’ai fait tout fait ce que tu m’as demandé.  Maintenant, quand vas-tu me donner un fils?  Quand vas-tu respecter ta partie de notre accord? »

Cette vision de la religion, basée sur une forme de réciprocité, est toujours présente dans notre monde aujourd’hui.  Combien de fois avons-nous vu des personnes pas croyantes demander que l’on prie pour qu’elles afin d’obtenir un emploi?  Combien de fois a-t-on entendu que notre manque de sincérité ou de ferveur explique une fin de non-recevoir pour nos prières?  Combien de fois nous a-t-on demandé ce que nous rapporte d’aller à l’église les dimanches?  À cette dernière question, j’aime bien répondre : absolument rien!  J’invite les gens à venir perdre une heure par semaine (c’est-à-dire un moment où il n’y aura aucune motion votée, aucun objet fabriqué et aucun gain de productivité) et voir ce qui se passe dans leur vie.  Comme vous pouvez l’imaginer, ma réponse n’est pas très populaire parce que nous vivons un monde de performance.  Tout doit être quantifié.  Il doit y avoir un prix au bout de la ligne.  Si nous avons commis un péché, nous voulons savoir quoi faire exactement.  Dois-je réciter 10 chapelets?  Dois-je signer un gros chèque pour les œuvres de la paroisse?  Dois-je sacrifier un veau d’un an ou des milliers de béliers sur un autel?  Dois-je offrir des quantités de torrents d’huile?  Dois-je sacrifier mon premier-né pour prouver que je regrette mes erreurs?  Que dois-je faire Seigneur pour m’assurer que l’ardoise est effacée et que je suis de retour dans tes bonnes grâces? 

La réponse de Dieu dans le texte d’aujourd’hui est toute simple.  « Rien d’autres que respecter le droit, aimer la fidélité et t’appliquer à marcher avec ton Dieu. »  Tous les sacrifices, toutes les offrandes et toutes les dévotions ne valent rien si nous ne sommes prêts à changer intérieurement.  Nous sommes constamment invités à créer un monde dans lequel la justice sera au centre des relations entre tous les êtres humains.  Nous sommes appelés à être bons, généreux et aimables les uns envers les autres.  Nous devons conserver une certaine humilité dans notre cheminement avec Dieu afin d’être à l’affut de toutes nouvelles révélations.  Le prophète Michée nous propose une relation avec Dieu qui remplace les rituels et les dévotions par un mode de vie basé sur les enseignements de Dieu. 

Naturellement, cette proposition est plus facile à dire qu’à faire.  Ici, il n’est pas question de cocher une série de cases ou de répéter une litanie de mots pour recevoir une garantie de bonheur éternel.  Il faut travailler d’abord et avant tout à l’intérieur de soi-même.  Il faut adopter une ligne de conduite qui est tout aussi bonne le dimanche à l’église que le mercredi au travail ou le vendredi à l’épicerie. Il faut accepter de suivre Dieu même quand c’est difficile, même quand c’est frustrant.  Il faut accepter que nous puissions avoir tort afin d’adopter de nouvelles perspectives.  Ce processus de changement est souvent difficile.  Cependant, ce cheminement est nécessaire pour forger de meilleures communautés, pour que la vie fleurisse dans les conditions difficiles, pour que l’abondance se répande partout sur notre planète.  Au lieu de nous concentrer sur des règles précises ou des actions prédéterminées, le Seigneur nous demande d’agir de manière que l’on se rapproche de cette idée que l’on nomme le royaume de Dieu. Que doit-on faire pour plaire à Dieu?  Est-on obligé de prononcer une prière en échange d’une faveur spéciale?  Le prophète Michée nous rappelle que Dieu ne demande pas une forme de réciprocité dans sa relation avec nous.  Le Seigneur désire tout simplement que nous recherchions la justice, que nous soyons bons et bonnes, et que nous demeurions humbles tous les jours de notre vie.  Amen.

* Zlotan Tasi, unsplash.com