Sermon – Luc 24 : 13-35 (23 avril 2023)
Luc 24 : 13-35
J’ai beaucoup hésité à utiliser les prochains mots pour amorcer ma réflexion d’aujourd’hui. C’est peut-être un peu trop niché. Bref… Je me suis dit qui ne risque rien n’a rien! Alors, dans l’univers de Star Wars, Obi-Wan Kenobi est un personnage très important. Dans la récente série qui lui est consacrée, ce chevalier Jedi tente d’entrer en contact son ancien maître Qui-Gon Jinn qui est mort depuis plusieurs années. C’est de la science-fiction. Lorsque le fantôme de son vieux maître se manifeste finalement au dernier épisode, à la dernière scène, Kenobi déclare : « Je commençais à croire que vous ne viendriez jamais. » Maître Qui-Gon lui répond : « J’ai toujours été là, Obi-Wan. Seulement, tu n’étais pas prêt à le voir. »
Dans le passage d’aujourd’hui tiré de l’évangile selon Luc, nous rencontrons Cléopas et son ami, aussi connu sous le nom des disciples d’Emmaüs. À la suite de la lecture de cet extrait, la tentation de critiquer ces deux hommes peut être très grande. D’après ce que nous pouvons comprendre, la vie de ces individus a été complètement transformée par les enseignements et le ministère de Jésus de Nazareth. Ils ont cru en lui. Ils pensaient vraiment que ce prophète était le messie et qu’il allait changer le monde. Ils ont même décidé de le suivre jusqu’à Jérusalem. Et pourtant, ces deux hommes ne sont pas capables de reconnaître leur maître pendant une marche qui a duré deux heures.
Peut-être, la douleur et le deuil ont rendu aveugles Cléopas et son ami. La succession d’événements menant à l’exécution publique de Jésus s’est déroulée si rapidement qu’ils n’ont pas été capables d’absorber tout ce flot d’information… un peu comme lorsqu’une tempête s’abat subitement sur nos vies. Malgré toute notre foi et notre intelligence, nous avons souvent l’impression de perdre nos repères. Nous ne pouvons plus penser clairement. Nous sommes incapables de prendre un peu de recul pour regarder et analyser l’ensemble de la situation. Souvent, tout ce que nous pouvons faire est de mettre un pied devant l’autre en attendant que les choses se calment un peu. Maintenant que tous les espoirs en un nouveau royaume se sont évaporés, Cléopas et son ami, probablement remplis d’amertume et de déception, décident de rentrer à la maison à Emmaüs.
Sur le chemin, nos deux amis rencontrent un étrange compagnon de route. Nous savons qu’il s’agit du Christ ressuscité parce que le texte le mentionne. Cependant, les disciples ne le reconnaissent pas. Bien sûr, le Christ aurait pu leur crier : « Réveillez-vous les gars! C’est moi! » Mais non. À la place, il a pris le temps de cheminer avec ses disciples. Il a progressivement transformé leur peine en joie en replaçant tous les événements entourant sa mort et sa résurrection dans un contexte plus global de l’histoire du peuple de Dieu. Arrivés au village d’Emmaüs, les deux disciples insistent pour que l’étranger demeure avec eux. Dans leur maison, Jésus fait un geste qu’il a accompli plusieurs fois auparavant. Il prit du pain, prononça la bénédiction, le rompit et le leur donna. À ce moment, les disciples réalisent finalement que le Christ ressuscité est devant eux. Leurs yeux se sont ouverts à la réalité du divin déjà présent dans leur vie. En une fraction de seconde, tout a changé.
Trop souvent, nous avons de la difficulté à percevoir ces moments exceptionnels dans nos vies parce que nous ne portons pas attention à ce qui se déroule autour de nous. Nous ne remarquons pas que la présence de Dieu se révèle habituellement dans les petits événements ordinaires de la vie. Le Christ ressuscité se pointe dans nos vies parfois dans les endroits et les moments les plus insoupçonnés. C’est peut-être cet étranger de l’autre côté de la rue qui nous envoie la main pendant la marche de notre chien. Un appel d’une vieille amie qui a juste le goût de parler. Une carte de remerciement pour avoir aidé quelqu’un au travail. Une lecture qui nous ouvre à de nouvelles façons d’aborder nos problèmes. À chaque fois que nous sommes ouverts à lui faire un peu place dans nos vies, le Christ se pointe le bout du nez pour cheminer avec nous, pour nous enseigner quelque chose, pour transformer nos vies.
Lorsque nous nous sentons perdus, frustrés ou dépassés par les événements, nous devenons souvent incapables de percevoir clairement la réalité. Sur la route d’Emmaüs, deux disciples ont de la difficulté à reconnaître la présence du Christ. Nous sommes appelés à nous ouvrir à toutes les possibilités devant nous afin de rencontrer le Christ ressuscité partout où nous allons. Parfois, il suffit souvent d’être capable de voir ce qui a toujours été là. Amen.