Sermon – Actes 2 : 42-47 (30 avril 2023)

Actes 2 : 42-47

Je voulais débuter ma réflexion en vous présentant l’extrait d’un film, mais l’enjeu des droits d’auteurs sur internet rend les choses difficiles.  À la place, je vais vous le raconter.  Dans le dessin animé Despicable Me 1 (Détestablement-moi 1), qui en passant est le meilleur film sur l’adoption de l’histoire de l’humanité, monsieur Gru adopte trois petites orphelines dans le but d’accomplir son plan pour voler la lune.  Malheureusement, la banque des super-vilains refuse de lui prêter l’argent nécessaire à la réalisation du projet.  Lorsque Gru annonce aux Minions qu’il doit abandonner son rêve, la petite Agnès s’approche et lui offre son petit cochon contenant seulement quelques pièces de monnaie. Touchés par ce geste, les Minions commencent à sortir de l’argent de leur salopette.  En utilisant tout ce qui leur tombe sous la main, ils réussissent à construire une fusée pour réaliser leur objectif.  Ils possédaient déjà tout ce dont ils avaient besoin.

Parlant d’objectif… L’un des objectifs principaux du livre des Actes des Apôtres est de présenter les débuts et l’évolution du mouvement initié par Jésus de Nazareth.  L’extrait d’aujourd’hui se déroule immédiatement après le long discours de Pierre le jour de la Pentecôte.  L’auteur mentionne qu’environ 3 000 personnes se joignent au groupe des apôtres.  Toutes ces personnes étaient issues de différentes régions, parlaient plusieurs dialectes, provenaient de statuts sociaux multiples, interprétaient les Écritures saintes différemment, défendaient des opinions politiques parfois contradictoires, etc.  Malgré l’énorme défi de créer des liens entre toutes ces personnes, une communauté de foi réussit à émerger.  Tous les jours, ils se réunissent dans le temple de Jérusalem.  Ils partagent ensemble le pain dans chaque maison.  Ils écoutent les enseignements des apôtres.  Ils partagent tout ce qu’ils possèdent.  Le passage affirme même : « Et le Seigneur ajoutait chaque jour à leur groupe les personnes qu’il amenait au salut. »

Selon les plus récentes analyses, le livre des Actes des Apôtres aurait été écrit entre 50 et 75 ans après les faits.  L’auteur a probablement enjolivé la situation, ou du moins savamment omis les parties un peu plus sombres de l’histoire de cette communauté.  C’est un peu comme pour un une entrevue d’embouche.  Habituellement, nous parlons davantage sur nos qualités et nous préférons éviter d’énumérer tous nos défauts.  Cependant, en présentant une vision idéalisée du début de l’Église, l’auteur tentait probablement d’expliquer aux communautés de foi de son temps les idéaux auxquels elles devraient aspirer.  Il appelait ses contemporains à adopter certains comportements qui mèneront à la croissance de l’Église.

Encore aujourd’hui, plusieurs considèrent ce passage comme le modèle à suivre dans nos paroisses.  Ces personnes déclarent que nos Églises seraient tellement plus authentiques et vibrantes si nous acceptions, tous les jours, de prier, d’étudier la parole de Dieu et de partager le repas du Seigneur ensemble.  Plusieurs d’entre nous se sentent interpellés à relever ce défi… jusqu’au moment où nous lisons que les membres de la communauté vendaient leurs propriétés, géraient communément l’argent obtenu et la distribuaient selon les besoins de chacun.  Notre réponse est souvent : un instant!  Demeurons réalistes!  Après tout, comme de nombreux commentateurs américains s’évertuent à répéter sur toutes les plateformes, Jésus n’était pas un communiste.  Il faudrait être quand même sérieux deux secondes.  De toute façon, tout partager serait beaucoup trop difficile pour les chrétiens d’aujourd’hui.

Peut-être… N’empêche, il y a quelque chose de puissant dans cette idée que les besoins de bases de chacune et chacun peuvent être comblés si nous osons partager nos ressources.  Bien que des millions d’êtres humains meurent de faim présentement, plusieurs études démontrent que nous produisons suffisamment de nourriture pour subvenir aux besoins de l’ensemble de l’humanité.  Nous pourrions facilement couvrir les coûts des services offerts aux plus vulnérables de notre société en utilisant qu’une partie des milliards entreposés dans des paradis fiscaux.  Nous pourrions décider que d’avoir un toit sur la tête est un droit humain de base et non une source de revenus.  Si nous avions le courage de mettre de côté cet appétit pour l’appât du gain, qui n’est jamais rassasié de toute façon, nous pourrions découvrir que nous avons déjà tout ce qu’il nous faut pour atteindre notre objectif : construire un meilleur monde pour tous et toutes. 

Depuis le début de la chrétienté, nous sommes appelés à nous soucier du bien-être de tous les êtres humains.  Le message de Dieu ne peut être qu’une bonne nouvelle si elle l’est également pour les pauvres, les exclus et les oubliés de notre monde.  En tant que disciples de Jésus le Christ, nous sommes invités à regarder notre monde différemment, à découvrir le plein potentiel des ressources à notre disposition, à explorer toutes les manières de travailler ensemble.  Nous devons apprendre à mettre de côté tous les discours tentant de nous faire croire qu’un autre monde n’est pas possible.  Nous sommes invités à oser ce qui semble impossible à première vue.

En présentant une version idéalisée de la première communauté chrétienne de Jérusalem, l’auteur des Actes des Apôtres nous invite à croire en ce qui paraît impossible pour plusieurs de nos jours.  Notre foi nous appelle à travailler pour le bien-être de tous les êtres humains.  La bonne nouvelle est que nous possédons déjà tout ce dont nous avons besoin lorsque nous acceptons de partager nos ressources les uns avec les autres. Amen.

* Robert Bye, unsplash.com