Quelle est la bonne nouvelle aujourd’hui?
Marc 1 : 1-8
Toute personne qui lit beaucoup sait que les premières lignes d’un livre donnent une bonne indication du reste de l’œuvre. Nous pouvons affirmer la même chose pour les évangiles. Le livre de Matthieu commence par une liste généalogique qui relie Jésus à Abraham, Ruth, et les rois David et Salomon. Jésus est la continuation de cette longue histoire de peuple de Dieu. Luc, pour sa part, débute par une mention que l’auteur s’est basé sur des informations transmises par des témoins oculaires afin d’écrire un récit clair expliquant la nature de Jésus. Jean s’amorce avec un prologue expliquant les origines divines de Jésus. Le reste du texte est une succession de signes et de symboles pas toujours facile à interpréter.
Les premiers mots de l’évangile selon Marc nous donnent l’impression que l’auteur n’a pas de temps à perdre. Le plus court des évangiles utilise des phrases courtes, des verbes d’action et met l’accent sur les agissements de Jésus. Le texte ne perd pas de temps avec des bergers, des moutons, des mages ou même l’adolescence de Jésus. Non! « Commencement de la bonne nouvelle de Jésus, Christ, Fils de Dieu. » Vous avez compris? Ok. Nous allons directement à Jean qui crie dans le désert de préparer le chemin du Seigneur. Jésus arrive et se fait baptiser dans quelques lignes plus tard. Go, go, go. À quelle heure le punch? Nous n’avons pas le temps de niaiser.
Certaines personnes peuvent peut-être se sentir brusquées par ce rythme mouvementé qui ne permet pas d’entrer progressivement dans le récit. Pourtant, le passage d’aujourd’hui correspond parfaitement à la saison durant laquelle il est lu. Dans exactement 14 jours, nous serons à la veille Noël. D’ici là, nous risquons de courir tout le temps parce qu’il faut se préparer pour le grand jour. Il faut magasiner dans les centres d’achats pour trouver des cadeaux. Il faut faire l’épicerie afin de cuisiner des recettes et des plats spéciaux que l’on a trouvés dans des revues. Il faut faire le grand ménage avant l’arrivée de la visite. Il faut se trouver des vêtements neufs. Il faut; il faut; il faut. Nous courrons sans cesse même si nous ne savons pas toujours pourquoi. Nous avons l’impression que nous n’avons pas de temps à perdre. Chaque seconde est comptée. Nous devons nous précipiter à la prochaine activité. Tout est chaos, stress et désorientation.
Devant ce tourbillon incessant, peut-être l’une des solutions pour ne pas perdre la boule est de ralentir un peu, prendre son temps et porter attention à certains détails. Par exemple, les premiers mots de l’évangile selon Marc sont : « Commencement de la bonne nouvelle de Jésus, Christ, Fils de Dieu. » Cette phrase sans verbe est probablement le titre original de ce livre biblique. Ici, l’auteur brise le 4e mur en lançant un message directement aux lecteurs. Ceci n’est pas une saga, un récit ou une biographie de la vie de Jésus. Il s’agit plutôt de ce qu’il faut savoir au sujet de celui qui apporte la bonne nouvelle, euangélion en grec, qui nous a donné le mot évangile. La bonne nouvelle est que Jésus est le Christ. Il est le Messie attendu depuis des siècles et des siècles dans les écrits du Premier Testament. Il est le Messie annoncé par les prophètes. Il est le Messie qui changera le cours de l’histoire du peuple de Dieu. Comment? Parce qu’il est le Fils de Dieu. Voilà comment. L’auteur n’offre pas une longue thèse théologique ou un document de 25 pages expliquant point par point tous les détails pour justifier son affirmation. Jésus est simplement la continuation de ce que Dieu a accompli depuis le début des temps. Il est l’incarnation de cette bonne nouvelle offerte par Dieu à l’ensemble de l’humanité.
La proclamation de cette bonne nouvelle est une annonce extraordinaire pour nous tous et toutes. Dans notre climat de dévastation, de guerres, de changements climatiques et d’instabilité politique à l’échelle de la planète, quelques mots nous rappellent que cette bonne nouvelle est au cœur de ce que Dieu a toujours été et ce que nous sommes appelés à être. C’est pourquoi nous sommes appelés à préparer ce chemin et faire des sentiers bien droits pour accueillir le Seigneur de nouveau dans notre monde et dans nos vies. Cependant, comme nous le rappelle le passage d’aujourd’hui, la bonne nouvelle du Dieu ne se trouve pas toujours dans les endroits les plus populaires ou sur les plateformes qui nous procurent le plus de like. Elle vient souvent de la marge, des endroits un peu moins familiers, des espaces qui nous demandent des efforts pour entendre cette bonne nouvelle.
À deux semaines de Noël, notre appel n’est peut-être pas de faire plus d’activités qui ne vont que contribuer au tourbillon de nos existences. Je crois plutôt que nous sommes appelés à suivre une autre voie qui est presque révolutionnaire pour ce temps de l’année. Nous pouvons choisir de ralentir et de prendre le temps. Prendre le temps de percevoir la bonne nouvelle qui nous entoure constamment malgré le chaos et le bruit ambiant. Prendre le temps de peut-être sortir de zones de confort pour nous aventurer là où nous ne serions pas allés naturellement. Prendre le temps de lire, d’écouter, de réfléchir et de croire qu’une proclamation vieille de 2 000 ans est encore pertinente aujourd’hui.
Les premiers mots de l’évangile selon Marc nous offrent une affirmation spectaculaire. Jésus est le Christ, l’incarnation de l’essence de Dieu, et la bonne nouvelle dont notre monde a besoin. Notre défi au cours des prochains jours n’est pas nécessairement d’acheter le beau cadeau de Noël ou d’organiser la plus grande fête, mais de transformer cette affirmation en réalité dans nos vies. Amen.
* Liam Simpson, unsplash.com