Pourquoi répondre à l’appel de Dieu?
Ésaïe 8 : 1 – 6
C’est l’histoire d’une avocate qui s’approche de son client avant d’entrer dans la salle de cours. Elle lui dit : j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. Laquelle veux-tu en premier? Son client répond : commence avec la mauvaise. Bien! J’ai reçu le rapport médico-légal et les résultats sont très clairs. Ton ADN et ton sang se retrouvent partout sur la scène du crime. Quelle est la bonne nouvelle ? demande le client. La bonne nouvelle est que ton niveau de cholestérol est excellent.
Les prophètes occupent habituellement une place importante dans les Églises plus progressistes et libérales. Les gens aiment leurs discours enflammés qui réclament plus de justice pour les vulnérables de la société. En fait, il n’est pas inhabituel dans nos réunions d’Église que des personnes se lèvent pour demander que nous réclamions cette tradition prophétique afin de confronter nos élus et inspirer nos membres.
Lorsque présentée de cette manière, cette invitation paraît très intéressante. Cependant, quand nous étudions nos bibles, nous découvrons que personne ne désire devenir un prophète. Moïse, Jérémie, Jonas et Élie ont essayé d’échapper à cet appel. L’une des raisons est que personne n’appréciait leur message. Ils étaient toujours en train de critiquer ceci ou cela. Pour ces individus, être appelé correspondait un peu à la blague du début. La bonne nouvelle est que tu as été appelé par Dieu pour défier les pratiques des dirigeants et des membres de ton peuple. La mauvaise nouvelle est que tu as été appelé par Dieu pour défier des dirigeants et des membres de ton peuple.
La lecture d’aujourd’hui se situe durant une période de turbulences. Après 52 ans de règne, le roi Ozias vient de décéder. L’armée assyrienne se rapproche dangereusement des frontières du royaume. Le peuple est déstabilisé. Le chaos semble être partout. Dieu choisit ce moment pour appeler un jeune homme venu prier dans le Temple. Cette rencontre est tout sauf ordinaire. Le texte mentionne que le Seigneur était assis sur un trône très élevé. Sa traîne remplissait le temple. Des séraphins se tenaient au-dessus de lui. Les pivots des portes se mirent à trembler et le temple se remplissait de fumée.
Évidemment, le pauvre Ésaïe est intimidé par cette démonstration de pouvoir et de faste. Il a dû croire qu’il s’agissait d’une erreur. Dieu devrait plutôt se manifester à quelqu’un qui se comporte, qui parle et qui sonne comme un vrai prophète. Comme le reste de son peuple, il croit qu’il a des lèvres impures. Dieu devrait prendre quelqu’un d’autre. Cependant, le Seigneur n’abandonne pas si facilement. Après l’avoir absous de ses péchés, Dieu lui donne la mission d’aider son peuple à traverser ce moment difficile qui mènera à la défaite de son peuple. Pour le meilleur et le pire, la vie d’Ésaïe ne sera plus jamais la même.
Encore aujourd’hui, Dieu continue à appeler des personnes. Ces moments sont souvent moins spectaculaires que celui décrit dans notre passage. Néanmoins, la mission demeure essentiellement la même. Dieu a besoin de prophètes parce que trop de nos sœurs et frères humains sont opprimés sur une base régulière, parce que nos gouvernements placent souvent la croissance économique devant le respect des droits de la personne, parce que malgré toutes nos connaissances en biologie et en génétiques, la discrimination sur le genre, la couleur de la peau ou l’origine continue à sévir. Dieu a besoin de prophètes pour dénoncer l’inacceptable, accueillir les démunis et aimer les personnes rejetées.
Et si l’appel de Dieu est essentiellement demeuré le même depuis le temps d’Ésaïe, les défis qui y sont associés sont également similaires. Dans une société prospère et développée comme la nôtre, qui veut entendre un fatigant qui parle tout le temps de la pauvreté des enfants? Qui rappelle qu’un quart des personnes incarcérées sont autochtones même s’ils représentent seulement 5% de la population? Qui apprécie se faire rappeler que notre niveau de vie qui contribue à tuer notre planète repose sur l’exploitation d’autres êtres humains? Juste au cas où vous auriez besoin d’aide, je vais vous donner la réponse : personne! Même si nos données sont probantes, même si nos arguments sont bien construits, la majorité des gens ne veulent pas écouter. Tout le monde est pour la vertu tant et aussi longtemps que ça ne coute rien et que rien ne change vraiment.
Et pourtant, malgré tout cela, nous continuons à accepter l’appel de Dieu. Nous ne sommes pas une bande de masochistes déconnectés de la réalité. Nous acceptons cet appel parce que nous croyons que ce monde peut être amélioré. Nous refusons que ceci soit le mieux que nous pouvons accomplir collectivement. Nous sommes convaincus que la vérité, la justice, l’équité et la paix doivent être accessibles à tous et toutes.
À plusieurs occasions, Dieu s’est pointé le bout du nez dans nos vies, souvent durant des moments de douleur, de peur ou de désespoir. Nous avons été touchés. Nous avons reçu un message d’encouragement. Nous avons été transformés de plusieurs façons. Après ces expériences, souvent ordinaires, de la présence de Dieu dans nos vies, nous ressentons le désir de partager avec notre voisin, d’être généreux avec nos ressources ou d’accepter de participer à des projets un peu fous qui semblent invraisemblables. Nous le faisons non pas parce ce que nous sommes spéciaux ou meilleurs que les autres. Nous acceptons simplement parce que c’est Dieu qui nous appelle.
Parfois, nous sommes tentés de nous demander : pourquoi moi? Pourquoi Dieu a-t-il appelé une personne ordinaire comme moi? Peut-être, la raison est que Dieu nous connaît et croit en nous. Peut-être, Dieu a besoin de toute l’aide possible pour changer notre monde. Peut-être, Dieu sait très bien que notre réponse sera : Ok! Me voici! Envoie-moi. Et ceci, mes amis, est une bonne nouvelle. Amen.