Sermon – Matthieu 22: 15 – 22 (18 octobre 2020)

* Matthieu 22: 15-22

Je le repère très souvent.  J’aime avoir des conversations sur la foi et la spiritualité.  J’aime discuter avec des gens d’autres religions.  J’aime quand on est capable d’apprend les uns des autres.  Je trouve que c’est une façon très saine et dynamique d’explorer ses croyances et ses valeurs.  Cependant, je n’aime pas quand certains tentent de détourner la conversation pour marquer des points ou assumer une position supérieure.  Trop souvent, il y a toujours quelqu’un, peu importe le sujet abordé, pour dire : « Oui, mais les scandales de pédophilie, l’histoire des pensionnats autochtones ou le traitement des femmes et des personnes LGBTQ2+ dans le passé… Qu’est-ce que tu as dire là-dessus? »  Rien d’autre que ce sont des choses horribles et indéfendables.  J’aimerais bien leur dire que tous ces crimes et atrocités n’ont rien à voir avec le message de Jésus.  Ils sont plutôt le résultat d’une perversion d’une institution millénaire, mais ces individus sont rarement intéressés d’entendre ma réponse. 

Le texte de ce soir tiré de l’évangile selon Matthieu présente une histoire assez connue, mais pas toujours bien comprise.   Plusieurs prétendent que le sujet central de ce passage est la place et la légitimité des gouvernements civils dans la vie des croyants.  Aujourd’hui, j’aimerais plutôt me concentrer sur les deux groupes qui approchent Jésus dans le Temple : les Pharisiens et les membres du parti d’Hérode.  Il faut comprendre que ces deux groupes n’étaient pas des alliés naturels.  Les Pharisiens étaient considérés comme de bons croyants cherchant à appliquer la loi de Dieu et rien d’autres.  Ils appartenaient à l’establishment religieux.  Les membres du parti d’Hérode, comme vous pouvez le deviner, étaient les représentants du pouvoir politique du roi nommé par l’Empire romain.  À cette époque, Rome régnait sur ses provinces avec une main de fer dans un gant d’acier.  Les autorités ne perdaient pas de temps avec les petits contestataires et les fauteurs de troubles.  L‘histoire de Jean le Baptiste en est un bon exemple.  

Des représentants de ces deux groupes s’approchent de Jésus et essaient de l’amadouer en le flattant dans le sens du poil.  « Maître, nous savons que tu dis la vérité… Tu n’as pas peur de ce que pensent les gens… »  Mais ils enchainent rapidement avec la question qui tue : « Dis-nous donc ce que tu penses de ceci : notre loi permet-elle ou non de payer des impôts à l’empereur romain? »  L’enjeu ici n’est pas le travail au noir ou l’évasion fiscale.  Le but de ce piège est de placer Jésus dans une situation impossible à résoudre.  S’il prend le côté de payer les impôts imposés par Rome, tous les Pharisiens et les nationalistes vont se liguer contre lui.  L’empereur est un étranger païen.  Dieu est le seul souverain de leur nation.  Seulement Dieu mérite de recevoir des offrandes.  Cependant, si Jésus s’oppose à payer des impôts, il va être considéré comme un révolutionnaire incitant à la rébellion.  Parfois, les gens parlent de solution gagnant / gagnant.  Mais ici Jésus est confronté à une situation perdant / perdant.  Peu importe sa réponse, il se met en danger. 

Mais Jésus, dans sa sagesse infinie, déjoue le piège qui lui est tendu avec une réponse un peu ambiguë.  « Payez donc à l’empereur ce qui lui appartient et payez à Dieu ce qui revient à Dieu. »  Essentiellement, Jésus déclare : « Reprenez votre 25 cents et laissez-moi tranquille avec vos débats stériles. »  La mission de Jésus n’était pas de créer un état juif indépendant, de réformer le régime fiscal de son époque ou de déterminer la place de l’Église dans les grands débats de la société.  Son seul intérêt était de créer un nouveau monde, le royaume de cieux, dans lequel les relations entre Dieu, les personnes et la création seraient renouvelées sur de nouvelles bases.  Tout le reste était des distractions triviales.

Comprenez-moi bien.  Je n’affirme pas que nous devons toutes et tous nous retirer de la société et vivre notre foi et notre spiritualité cachés dans notre salon.  Je crois que nous sommes appelés à nous impliquer dans notre monde.  Cependant, nous ne sommes pas des lobbyistes professionnels, des travailleurs sociaux ou des membres de société de préservation architecturale.  Notre raison d’être se trouve dans notre désir de suivre les traces de Jésus dans nos vies.  Comme je le dis en anglais, ‘faith is our business’.  Le point de départ de toutes nos actions et nos décisions devraient toujours être notre foi.  Les plus grandes erreurs du Christianisme se sont produites quand l’institution s’est éloignée de ce grand principe de base.  Nous sommes appelés à nous opposer aux régimes dictatoriaux, le racisme ou l’homophobie parce que nous croyons que Dieu nous a créé tous et toutes égaux.  Nous sommes invités à combattre les changements climatiques parce que nous abusons la création de Dieu.  Nous payons nos impôts pour favoriser une redistribution de la richesse et créer un monde plus juste et plus équitable.

Dans le passage biblique de ce soir, Jésus ne se prononce pas sur les relations entre le monde politique et la religion, ni sur lequel est plus important que l’autre.  Sa réponse vise à nous libérer d’un système de pensée binaire.  Au lieu de nous laisser distraire en prenant position pour un côté ou l’autre d’un débat, nous sommes plutôt appelés à demeurer concentrés sur nos objectifs et nos valeurs.  Notre but demeure toujours d’écouter Dieu, d’apprendre de Jésus et suivre l’inspiration de l’Esprit saint dans toutes les sphères de nos vies.  Amen. 

* Jon Tyson, unsplash.com