Sermon – Deutéronome 34: 1 – 12 (25 octobre 2020)
Deutéronome 34 : 1-12
Comment définit-on une vie réussie? Est-ce la somme des accomplissements et des réalisations d’une personne? Est-ce avoir atteint une série d’objectifs avant l’âge de 40 ans, comme posséder une maison et avoir des enfants par exemple? Est-ce avoir réussi à monter tous les échelons jusqu’au sommet d’une entreprise ou une profession? Il y a sûrement autant de bonnes réponses que d’individus vivants sur terre. Et pourtant, plusieurs d’entre nous jugent parfois les autres avec des commentaires comme : quel dommage! Elle était tellement bonne à l’école! Il avait tellement de potentiel! Elle aurait pu accomplir beaucoup plus! Quelle triste fin pour lui!
Le texte de ce soir est la fin du livre de Deutéronome qui est le dernier livre du Pentateuque, les cinq premiers livres du Premier Testament. Ce passage termine également la grande saga de Moïse. Au cours des dernières semaines, nous avons suivi ses nombreuses aventures et péripéties. Moïse naît durant un génocide et sa vie est sauvée quand la fille du Pharaon le tire des eaux. Élevé à la cour égyptienne, il est forcé à l’exile après avoir défendu un compatriote contre un contremaître. Quelques années plus tard, à Madian, Dieu lui apparaît à travers un buisson ardant et l’appelle à retourner en Égypte pour libérer son peuple. À la suite d’une confrontation épique avec le Pharaon, il mène les Israélites à travers la mer et ensuite le désert. Sur le mont Sinaï, il reçoit de la main de Dieu les Tables de la Loi et il structure les pratiques religieuses et le système judiciaire des Hébreux. Pendant une quarantaine d’années, Moïse dirige son peuple avec autorité et sagesse.
Au début de notre passage, Moïse monte au sommet du mont Nébo et de cet endroit le Seigneur lui montre la Terre Promise. Le pays promis à ses ancêtres Abraham, Isaac et Jacob, la terre où coulent le miel et le lait à profusion, est finalement à portée de main. Enfin, tous et toutes peuvent voir la lumière au bout du tunnel. Cependant, Dieu dit à Moïse : « Je te le montre, mais tu n’y entreras pas. » Celui qui a été le serviteur fidèle du Seigneur malgré les épreuves, qui n’a jamais perdu la foi malgré les critiques de son peuple, qui s’est dévoué à une seule cause malgré les revers de fortune ne pourra pas assister la fin de la grande aventure de son peuple. Encore aujourd’hui, plusieurs commentateurs, analystes et croyants demeurent perplexes par rapport à ce dénouement surprenant. Pourquoi Dieu semble-t-il si cruel avec la personne qui mérite peut-être le plus d’entrer en Terre Promise? Pourquoi Dieu lui montre-t-il un bonbon et lui interdit d’y goûter? Pourquoi Dieu lui vole-t-il ce grand moment de gloire? Quelle triste fin de vie pour Moïse! Quel dommage!
Je crois que notre réaction à ce dernier épisode de la saga de Moïse est grandement influencée par notre compréhension de la nature de son appel. À travers les siècles, Moïse a été souvent présenté comme un grand chef, un libérateur ou un guide. Sa vie est constamment résumée par une description très pragmatique des événements qui la jalonne. Essentiellement. Moïse a conduit les Israélites du point A jusqu’aux portes du point B, sans toutefois pouvoir finir sa mission. Voilà! Mais peut-être que tel n’était pas la vraie nature de son appel. Un peu comme Jésus qui a tenté de libérer son peuple en étant autre chose qu’un guerrier, Moïse a peut-être été appelé à faire cheminer son peuple d’une manière différente de ce que l’on pense.
Lorsque l’on y porte attention, la plus grande constance dans la vie de Moïse est sa relation intime avec le Seigneur. Pendant toutes les années d’itinérance et d’épreuves, Moïse a trouvé en Dieu un refuge, une source de réconfort et même un ami. Ensemble, ils ont pu affronter les aléas de ce long périple. C’est pour cette raison que la vision de la Terre Promise sur le mont Nébo ne doit pas être vue comme une tentative de tourner le fer dans la plaie, mais la célébration de tout leur travail. Après une longue traverse du désert, les Israélites sont maintenant prêts à laisser son passé dernier eux et marcher vers le futur et débuter une nouvelle phase de leur existence. Cette transformation a été possible en raison d’une amitié marquée par des conversations honnêtes, des moments de réconfort et des défis. Elle a été possible parce que la relation entre Dieu et Moïse a inspiré les Israélites à faire confiance au Seigneur. La transformation a été possible parce que la relation entre Dieu et Moïse à quelque sorte déteint sur le reste du peuple de Dieu. L’appel de Moïse n’était pas autant d’emmener les Israélites que de les préparer à ce grand moment.
Dieu nous appelle toutes et tous à différents ministères. Certains sont peut-être plus spectaculaires ou populaires que les autres. Cependant, aucun n’est inutile. Souvent les choses les plus simples sont essentielles. Tout édifice besoin de poutres et de vis. Nous ne comprenons peut-être pas la place que l’on occupe dans le grand ordre des choses, mais nous croyons que Dieu est conscient de notre travail et le trouve important.
Il y a une phrase en anglais qui dit : It’s not about the destination; it’s about the journey. Le plus important ce n’est pas d’arriver quelque part, mais bien ce que l’on apprend durant le parcours. L’importance d’une personne, sa grandeur et son prestige est toujours une question de perspective. Moïse est présenté comme le plus grand des prophètes en raison de sa relation intime avec Dieu. Nous avons tous et toutes différents ministères. Nous vivons dans des conditions différentes. Cependant, le même appel nous unit : développer une relation intime avec le Seigneur et s’en inspirer pour créer un monde meilleur autour de nous. Amen.