Choisir la lumière de Dieu

image: Pedro Lastra, unsplash.com

Jean 3 : 14-21

Même si nous vivons dans un monde infiniment complexe, nous avons trop souvent l’habitude de réduire les choses à une compréhension binaire.  C’est l’un ou c’est l’autre; c’est blanc ou noir; une personne gentille ou méchante…  Même la bible n’échappe pas à cette réalité.  Dans l’évangile selon Jean, nous retrouvons une opposition marquée entre les concepts de la lumière et d’obscurité.  Ce livre débute par un prologue expliquant que Dieu a envoyé dans le monde une vraie lumière pour illuminer l’ensemble de l’humanité.  Au chapitre 8, Jésus déclare : « Je suis la lumière du monde ».  De la même manière, à la fin de la sainte cène, après que Jésus a eu annoncé qu’il allait le trahir, Judas quitte le groupe, et le texte spécifie : « il faisait nuit ».  Le matin de Pâques, Marie de Magdala se rend au tombeau de Jésus avant le lever du jour; elle était encore dans la noirceur parce qu’elle n’était pas encore au courant de la résurrection.  Parfois, les textes bibliques sont difficiles à analyser.  Je ne crois pas que c’est le cas ici.  Dans le quatrième évangile, la lumière représente la connaissance et la présence de Dieu.  L’obscurité signifie une absence et un rejet de Dieu.

L’extrait de ce soir nous en donne un autre exemple.  Nous pouvons y lire : « la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré l’obscurité à la lumière parce que leurs œuvres étaient mauvaises.  En effet, quiconque fait le mal hait la lumière et ne vient pas à la lumière (…).  Celui qui fait la vérité vient à la lumière pour que ses œuvres soient manifestées (…). »  Dans ce passage, l’équation ne peut pas être plus claire.  La lumière = Dieu.  Se détourner de la lumière = se détourner de Dieu.  Depuis des siècles, des pasteurs, des théologiennes et des croyants ont répété ce message, surtout lorsqu’ils et elles voulaient condamner les autres.

Cependant, nous sommes invités à faire attention lorsque nous utilisons cette distinction nette entre la lumière et l’obscurité.  Quelques lignes plus tôt dans le passage, l’auteur nous rappelle que : « Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. »  Dieu tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, source de toute lumière de notre monde, ne désire pas juger les êtres humains et les condamner.  Dieu n’est pas constamment à la rechercher de la moindre petite zone d’obscurité pour nous coller l’étiquette de pécheur.  Dieu est amour.  Dieu est bienveillance.  Dieu est compassion, non pas seulement les bons chrétiens qui sont des membres en règle de leur Église et qui se pointe à tous les office religieux, mais pour tous ceux et celles qui désirent s’approcher de la lumière.  La venue dans ce monde du Fils unique de Dieu est au bénéfice de tous et toutes, sans aucune exception.  Cette lumière est offerte librement à l’ensemble de la Création.

Malheureusement, aussi belle et puissante qu’elle puisse être, la lumière ne peut pas éradiquer toute l’obscurité de notre monde.  Il restera toujours des coins sombres qui rejaillissent de temps en temps.  Nous avons juste à consulter les médias pour le constater.  Cette semaine, six personnes, dont 4 jeunes enfants, ont été assassinées dans mon quartier.  Ce genre de nouvelles nous confronte toujours.  Nous nous demandons pourquoi tant de noirceur.  Pourquoi Dieu permet-il ce genre de drame horrible?  Pourquoi Dieu n’abolit pas tout simplement l’obscurité dans notre monde?  Pourquoi ne pas forcer les êtres humains à choisir la lumière?

Pour une raison qui échappe à la majorité d’entre nous, Dieu a décidé de laisser le choix aux êtres humains.  Devant la lumière et l’obscurité, bien sûr Dieu nous invite clairement à suivre une voie, mais sans jamais nous forcer de quelconque manière ou nous menacer d’une punition divine pour nos égarements.  Le chemin sur lequel nous marchons est le nôtre.  Nous devons assumer nos choix.  Et logiquement, la conséquence d’avoir ce choix est que nous marchons vers l’obscurité durant certains moments de nos vies.  Parfois, nous ne nous en rendons pas compte sur le coup.  Nous essayons de relativiser les choses en nous disant : ce n’est pas trop grave, tout le monde le fait après tout; juste une dernière fois et j’arrête après…  Nous pouvons continuer à nous enfoncer dans l’obscurité jusqu’au moment où les choses deviennent anxiogènes et lourdes à porter.  Nous pouvons commencer à ressentir peut-être une certaine honte à la suite de tous nos mauvais choix.  Nous pouvons même arriver à croire que nous sommes incapables de changer.  Nous sommes condamnés à marcher sur le même chemin pour le reste de notre vie.

La Bonne nouvelle est que pendant tous nos moments d’égarement dans l’obscurité, Dieu ne nous a pas jugés, condamnés ou rejetés.  Aucune chute, aucun manquement ou aucun péché ne peut nous pousser trop loin dans l’obscurité et nous séparer de la présence de Dieu.  Durant ce temps, Dieu a simplement continué à nous inviter de nous diriger vers la lumière en nous rappelant qu’il n’est jamais trop tard pour nous reprendre.  Dieu est demeuré patient en attendant que l’on retrouve notre chemin.  Dieu a cru et continuera à croire en nous et nous offrira toutes les chances pour que nous atteignions la vie éternelle. Sa lumière ne cessera jamais de briller pour nous tous et toutes.

Trop souvent, nous jugeons et catégorisons les gens rapidement.  Nous pensons savoir qui mérite la lumière de Dieu et qui devrait en être exclu.  La vérité est que Dieu nous a remis ce choix entre nos mains, avec toutes les possibilités et les dangers qui y sont rattachés.  Malgré toutes nos erreurs, nous sommes invités à choisir sciemment de marcher dans la lumière de Dieu afin que nous puissions ressentir son amour. Amen.