Comment réagir devant les critiques
2 Samuel 6 : 1 – 22
En 2015, un groupe de pasteures de l’Église Unie du Canada ont publié un calendrier. N’ayez pas peur. Ce n’était pas le genre de calendrier de pompiers sexy. Ces femmes voulaient juste combattre les stéréotypes associés aux femmes exerçant cette profession. Elles y abordaient de front les critiques qu’elles ont reçues, comme porter des souliers rouges à talons hauts pour prêcher ou donner le sein à son enfant à l’intérieur de l’église. La question derrière cette initiative de ces femmes était : venez-vous à l’église pour juger mes vêtements et mes agissements ou êtes-vous là pour mon message?
Cet enjeu qui touche trop de femmes et d’hommes n’est pas nouveau. Dans l’extrait de ce soir tiré du deuxième livre de Samuel, un jeune David vient de remporter une guerre civile. Après un long combat contre les forces de Saül, il est devenu le seul roi du royaume unifié d’Israël. Pour marquer le coup, David décide de rapatrier l’arche d’alliance dans sa nouvelle capitale, Jérusalem. Bien sûr, il aurait pu accueillir cet objet sacré en privé. Cependant, ce dernier prépare une grande fête à grand déploiement. Il organise un cortège de 30 000 soldats d’élite pour le transport du coffre de Dieu. La procession est à peine débutée que David sacrifie un taureau et un veau gras. Ensuite, il danse au son des trompettes et des cris de joie. Une fois que l’arche a été déposée dans sa tente, il recommence des sacrifices complets. Il bénit le peuple au nom du Seigneur. Il fait distribuer des galettes de pain et des gâteaux à toute la foule présente.
Comme vous vous en doutez, cette grande fête n’a pas plu à tout le monde. De sa fenêtre, Mikal, la fille de l’ancien roi Saül et l’une des nombreuses épouses de David a observé le spectacle. Je crois que nous pouvons affirmer que nous sommes loin d’un mariage romantique. Il s’agit ici de la vieille coutume patriarcale du vainqueur qui remporte la ou les filles du vaincu. Par conséquent, Mikal devait avoir beaucoup de ressentiments envers cet usurpateur. Ses critiques envers David ont dû lui venir rapidement. « Qu’il était glorieux, aujourd’hui, le roi d’Israël, lorsqu’il s’est donné en spectacle, devant les servantes de ses serviteurs, à moitié nu comme le ferait un homme de rien! » Et oui! David avait défié les normes de sa société. Il ne s’était pas comporté comme un vrai souverain. Il ne s’était pas vêtu comme un roi. Il n’a pas assis son autorité sur son peuple par ses agissements. Habillé seulement d’un pagne, David avait plutôt fait un fou de lui aux yeux d’une certaine élite.
Cet épisode n’a pas dû être la première et surtout pas la dernière fois qu’une personne s’est fait critiquer pour des questions de principe religieux ou de liturgie. Bien sûr, nous connaissons les grands classiques : l’accès des femmes à des positions de leadership, l’inclusion ou l’exclusion au sacrement de la communion ou le rôle de l’Église dans des projets de colonisation autour du monde. Cependant, un très grand nombre des critiques exprimées à notre sujet portent sur des choses qui n’ont pas toujours de liens avec la religion et la foi. Une personne peut se porter volontaire pour jouer de la musique le dimanche matin et des paroissiens vont critiquer les instruments utilisés ou les cantiques choisis. Une pasteure peut choisir de porter une aube et une étole pour le culte et certains vont affirmer qu’elle se prend pour une autre. Si elle les enlève, d’autres vont dire qu’elle ne prend pas le culte assez au sérieux. Je me souviens d’un collègue qui m’avait confié il y a quelques années que plusieurs familles avaient quitté sa paroisse en signe de protestation. Le mariage des conjoints de même sexe? je lui avais demandé. Non! On veut installer des panneaux solaires sur le toit du bâtiment… Peu importe ce que l’on dit ou fait, il y aura toujours quelqu’un pour juger, pour dire qu’il ne faut pas se comporter d’une telle manière, pour rabaisser au lieu d’élever.
Devant les critiques de Mikal, David refuse de s’excuser. Il s’agit d’un côté de sa personnalité qui ne l’a pas toujours aidé au cours de sa vie. Essentiellement, il lui répond : si je veux danser devant la foule, je vais danser devant la foule. Si je veux rendre gloire au Seigneur en public, je vais rendre gloire au Seigneur devant tout le monde. Si je dois avoir l’air fou pour exprimer ma foi, j’aurais l’air fou pour exprimer ma joie pour tout ce que Dieu m’a donné. Tant pis pour ceux et celles qui ne sont pas contents.
C’est sûr que nous ne sommes pas tous et toutes aussi arrogants ou fanfarons que David. Nous n’avons pas son pouvoir d’imposer notre volonté aux autres. Cependant, nous avons la capacité de travailler sur nos doutes et nos insécurités. Nous pouvons choisir d’avoir confiance en la validité de nos valeurs. Nous pouvons choisir d’arrêter de nous excuser d’être qui nous sommes, des humains avec des traits distinctifs, une spiritualité et une foi qui ne sont pas néfastes pour l’ensemble de la société. Et comme pour David, nous pouvons répondre aux critiques de toutes sortes qu’ils et elles ne sont pas obligés de regarder et participer à nos activités. Si nous n’obligeons pas les autres à croire et se comporter comme nous, pourquoi devrions-nous nous cacher dans notre salon et notre chambre à coucher? Nous pouvons décider de nous affirmer devant toutes les personnes qui souvent n’ont pas de solutions positives à apporter. Nous pouvons même développer le courage d’avoir l’air fou pour le Seigneur.
Peu importe qui nous sommes ou ce que nous faisons, il y aura des personnes nourries de ressentiments ou de jalousie qui voudront nous juger. Durant la grande célébration de l’arrivée de l’arche d’alliance dans la ville de Jérusalem, le roi David a été vivement critiqué par Mikal. Nous pouvons laisser les autres dicter nos agissements. Une autre option est de nous souvenir de la célèbre expression : danse comme si personne ne te regardait. Amen.