Comment savoir si nous suivons les enseignements de Dieu ?

Mathieu 25 : 31-46

Pour certains chrétiens, l’étude de ce texte représente un grand défi parce que leur théologie influence leur interprétation.  Étant donné que nous sommes le dimanche du Christ Roi, le Fils de l’homme est nécessairement le Christ, assis sur son trône, revenu pour juger les vivants et les morts comme le mentionne le Symbole des Apôtres.  Nous ne devons pas nous tromper en lisant les mots de ce passage.  Les justes ne sont pas récompensés pour leurs actions parce que cela serait en contradiction directe avec la doctrine de la justification par la foi… développée plus de 1 500 ans après la mort de Jésus.  Non!  Le vrai sens de cet extrait est une vision eschatologique de la fin des temps… une série de mots qui me causent encore des cauchemars plusieurs années après la fin de mes études au Collège théologique.

Alors, que devrions-nous penser de ces versets tirés de l’évangile selon Matthieu?  D’abord, je crois qu’ils démontrent les excellents talents de communicateur de Jésus.  Il semblait avoir cette capacité d’utiliser des images et des mots que les gens devant lui pouvaient très bien comprendre.  Souvent, c’est nous qui compliquons les choses 2 000 ans plus tard.  J’imagine Jésus dire à la foule : « Vous voulez savoir si vous êtes une bonne personne, si vous accomplissez les volontés de Dieu. Imaginez quelqu’un qui doit décider de quelque chose, comme un roi par exemple.  Vous savez ce qu’est un roi?  Imaginez qu’il y a devant le roi un champ rempli de chèvres et de moutons.  Vous savez que les deux broutent dans le même pré, mais ils ne se comportent pas de la même manière.  Les membres d’un groupe, les moutons, se font féliciter parce qu’ils ont manifesté de la compassion envers les autres.  L’autre, composé des chèvres, reçoit des critiques pour avoir manqué les chances qui leur ont été offertes.  Avez-vous compris? »

Ensuite, un aspect qui a particulièrement attiré mon attention cette semaine est la présence de tous les peuples dans le rassemblement devant le Fils de l’homme.  Plusieurs pourraient être tentés d’associer les bons chrétiens avec les moutons, d’autant plus que le Seigneur est régulièrement représenté comme un bon berger, et les brebis seraient tous les autres païens de la terre.  Cependant, le texte ne fait pas cette distinction.  La composition des groupes n’est jamais clairement définie.  En fait, nous sommes invités à considérer que ce rassemblement est universel.  Tous et toutes peuvent appartenir à l’un ou l’autre groupe.

Ceci explique sûrement la surprise de certains lorsque le Fils de l’homme déclare : « vous êtes bénis par mon Père, et recevez en héritage le royaume qui a été préparé pour vous depuis la création du monde. »  Comment pouvons-nous mériter cette récompense?  Certains d’entre nous ne sont pas chrétiens en bonne et dus et forme.  Nous ne tentons pas de construire le Royaume de Dieu.  Nous n’essayons pas d’aller au paradis.  Peut-être…  Cependant, la réalité demeure toute simple.  Dans le grand ordre des choses, Dieu se fout du statut de chacun.  Avez-vous aimé votre voisin?  Avez-vous accepté d’inclure des étrangers dans vos communautés?  Avez-vous essayé de conforter ceux et celles qui souffraient?  Avez-vous pris soin des vulnérables?  Avez-vous défendu les plus petits de notre monde?  Voilà la raison pour laquelle vous recevez cette récompense.  Ce n’est pas plus compliqué que cela.

Ceci explique également la surprise du deuxième groupe.  Les chèvres, envoyé à gauche du Fils de l’homme, ne comprennent pas cette décision.  En fait, ces personnes tentent de se défendre et de se justifier en blâmant le processus.  « Nous ne savions pas que c’était toi derrière toutes ces personnes.  Si nous avions su, nous nous serions forcés un peu plus.  Nous aurions fourni un peu plus d’efforts. »  Ces personnes ne semblent pas comprendre que toutes nos actions et nos inactions ont toujours des conséquences.  Ne rien faire a des répercussions.  Nous pouvons aider notre prochain ou le laisser dans la misère.  Nous pouvons aider les personnes qui souffrent ou nous pouvons contribuer à leur malheur en les ignorant.  Tous nos choix peuvent créer un meilleur monde ou une société plus polarisée.

En fait, contrairement à l’impression de plusieurs, ce passage de Matthieu n’est pas une représentation du jugement final, mais un moment d’enseignement pour tous et toutes.  L’accomplissement de la volonté de Dieu ne passe pas par une connaissance approfondie de la théologie et des doctrines de l’Église.  La moralité ou le membership dans une Église reconnue n’y jouent aucun rôle.  Les actions tangibles, les paroles prononcées et les moments d’écoute sincère et toutes autres actions concrètes qui répondent aux besoins des personnes sont au cœur de notre appel.  Nous sommes invités à développer une vie de foi qui s’incarne dans la vie de tous les jours.  Nous devons rechercher davantage de justice qui aplanit les iniquités et restaure les vulnérables.  Nous sommes appelés à porter une attention spéciale à ce qui se passe dans notre monde, notre quartier et notre maison.

Nous ne pouvons pas attendre le moment parfait ou la bonne situation avant d’agir.  Nous avons toujours le choix et la capacité de faire une différence dans nos différents contextes.  Notre volonté de vivre dans un monde meilleur basé sur des principes différents commence toujours par nous à travers nos actions quotidiennes, même les plus banales.  Encore une fois, nous n’avons pas besoin de diplôme en théologie ou un million dans notre compte de banque.  Offrir un café à une personne en situation d’itinérance, téléphoner à une personne vivant seule, aider une personne réfugiée dans son acclimatation à une nouvelle société ou écouter sans jugement une personne qui a connu un parcours de vie difficile est des éléments essentiels à notre désir de vivre selon les volontés de Dieu.

Peu importe qui nous sommes, où nous sommes, ou combien nous sommes, nous pouvons toujours faire une différence dans la vie des gens qui souffrent et qui ont besoin d’aide.  Dans l’Évangile selon Matthieu, Jésus nous rappelle que nous vivons dans le monde que nous créons par nos actions ou nos inactions.  Lorsque nous manifestons de la compassion, de l’accueil et de l’amour envers notre prochain, nous contribuons tous et toutes à la réalisation du royaume de Dieu.  Amen.

* Jametlene Reskp, unsplash.com