Conserver son calme dans la tempête

image : Emma Simpson, unsplash.com

Marc 4 : 35 – 41

Je ne suis pas un expert de gestion de crises comme les grands cabinets de relations publiques.  Cependant, je sais que lorsqu’une controverse émerge dans l’opinion publique, surtout il ne faut pas nourrir la bête.  Par exemple, si un scandale éclate au sujet d’un homme politique américain, normalement la pire chose à faire est de convoquer une conférence de presse pour en ajouter une couche devant tous les journalistes… et ainsi nourrir la bête médiatique et empirer la situation initiale.  Malheureusement, plusieurs personnes ne semblent pas être capables d’appliquer ce principe relativement simple parce que nous vivons dans une société qui valorise la réaction immédiate et l’indignation.  Nous sommes invités à être au centre de l’action.  Nous devons émettre des opinions idéalement très émotives.  Nous devons créer suffisamment de bruits afin que l’on parle de nous que l’on nous remarque, quitte à être au milieu d’une tempête.

Le passage d’aujourd’hui tiré de l’évangile selon Marc raconte une histoire relativement bien connue de la vie de Jésus.  Nous pouvons retrouver des versions similaires dans les évangiles selon Matthieu et Luc.  Ici, Jésus s’était préalablement retiré au bord de la mer de Galilée pour échapper à la foule qui les suivait.  Malheureusement pour lui, cette dernière continua à le suivre jusqu’au point qu’il a dû se réfugier dans une barque pour éviter d’être écraser.  C’est de cet endroit qu’il a enseigné à la foule.  Le soir venu, surement épuisé par cette longue journée, Jésus suggère à ses disciples de passer sur l’autre rive.

Cette expédition n’a rien d’extraordinaire à première vue.  Les évangiles nous apprennent que Pierre, André, Jacques et Jean étaient des pêcheurs.  Ils ont dû traverser cette étendue d’eau à plusieurs reprises.  Cependant, la tempête qui s’abat sur le bateau de nos amis semble être plus intense que la normale.  Le texte mentionne un grand tourbillon de vent.  Les vagues se jettent sur la barque, au point que la barque se remplit.  Bref, la situation devient critique rapidement.  Les disciples commencent à être effrayés.  Sans surprise, ils se tournent vers leur maître… qui dort confortablement la tête sur un coussin.  Tranquillos!  Pas de problème!  Les disciples le réveillent et lui disent : « Excuse-nous Jésus d’interrompre ta petite sieste, mais nous sommes sur le point de mourir.  Est-ce que cela te dérangerait de nous aider? »

Même si nous n’avons pas le pied marin, je crois que nous avons tous et toutes affronté des tempêtes similaires au cours de nos vies, des moments où nous avons été déstabilisés.  Bien sûr, il y a eu la crise de la pandémie qui nous a forcés à des confinements pendant de nombreux mois.  Nous pourrions parler de la guerre en Ukraine ou du conflit au Proche-Orient qui ont des répercussions jusqu’ici.  Sur un plan plus personnel, ces tempêtes se sont manifestées sous la forme du décès d’un proche, d’une maladie qui s’est invitée dans notre vie sans avertissement ou de l’inflation qui nous a obligés à faire des choix difficiles.  Devant chaque nouvelle tempête qui nous pousse parfois à la limite, nous avons le goût de dire : pas encore!  Même si nous ne croyons pas que Dieu envoie des malédictions aux humains pour un oui ou pour un non, nous sommes tentés de répéter l’expression : qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour mériter ça?  Alors, que nous soyons pasteurs ou laïcs, nous nous tournons vers Jésus dans l’espoir de recevoir un signe ou une réponse qui nous aiderait à sortir de cette situation.

Dans la barque, Jésus se réveille et constate la situation.  Il menace le vent et dit à la mer : « Silence!  Tais-toi! »  Aussitôt, le vent tombe et tout devient calme.  Par la suite, Jésus ne donne pas d’explications sur ce qui vient de se dérouler.  Il ne critique pas ces disciples pour leur incapacité de gérer la barque durant la tempête.  Jésus leur demande simplement : « Pourquoi avez-vous si peur? »

Eh oui!  Pourquoi avons-nous si peur quand des tempêtes s’abattent sur nos vies?  Pourquoi supplions-nous Dieu durant nos moments de détresse?  Pourquoi espérons-nous que Jésus intervienne lorsque le chaos nous déstabilise?  Peut-être, nous espérons entendre tout simplement : ça suffit!  On arrête!

Être capable de dire à soi-même et autres : « silence!  C’est le temps de se taire! » peut être parfois la meilleure réponse à toutes les calamités qui s’abattent sur nos vies.  Nous ne sommes pas toujours obligés de dénoncer, de nous indigner ou de proposer des solutions à 5 cents.  Étant donné qu’il y aura toujours des tempêtes, certaines bénignes et d’autres dévastatrices, nous pouvons choisir de calibrer nos réactions.  Nous pouvons choisir de ne pas toujours blâmer Dieu ou les autres pour nos problèmes.  Nous pouvons choisir d’avoir confiance aux capacités des autres.  Nous pouvons choisir d’accepter l’invitation de Jésus de nous aimer les uns les autres, même nos ennemis.  Nous pouvons choisir de nous souvenir que nous sommes tous et toutes dans le même bateau.  Nous pouvons choisir de ne pas succomber à la peur et la panique.  Nous pouvons choisir de ne pas nourrir la tempête. Nous vivons dans des temps qui ne sont pas toujours rassurants.  Nous avons parfois l’impression que les tempêtes se succèdent dans nos vies.  Au lieu de contribuer à amplifier la crise ou de céder à la panique, Jésus nous enseigne que parfois il suffit de dire au chaos qui nous entoure : « Silence!  Tais-toi! » afin de ne pas se laisser submerger par la peur et reprendre le contrôle de nos vies.  Amen.