L’Apocalypse est à 19h30!

Luc 21, 25-36

L’autre jour… Alors que j’arrivais à Montréal et que j’attendais le métro à la station Lionel-Groulx, je regardai un instant le grand écran au-dessus des rails. C’étaient les nouvelles du jour qui passaient, les faits saillants à propos de l’augmentation des tarifs d’importation que veulent nous imposer les États-Unis. Sur fond de crise, les économistes nous invitaient à nous rendre à l’évidence que plusieurs mises à pied seront à prévoir dans les secteurs durement touchés. De cette « Apocalypse » toute « trumpesque », la bourse est en émois et, encore une fois, ce seront les moins nantis qui pâtiront. 

Et si ce n’était pas assez, je vous avouerais volontiers que la vie en paroisse révèle aussi son lot de crises. Une de mes accompagnatrices au Séminaire Uni me disait que, depuis la pandémie, les sensibilités se transformèrent en convictions et que les convictions devinrent bien souvent des positions immuables. Comme personnes engagées en Église, il faut maintenant transiter avec des opinions endurcies, des bâtiments à entretenir et l’administration à gérer à bout de bras. Et non… on ne peut pas ignorer non plus cette « Apocalypse » qui est à nos portes.

C’est d’autant plus vrai que, à l’Église Unie Sainte-Claire comme dans d’autres communautés, nous nous engageons en ce moment même dans un temps de turbulence. Vous le savez : nous vivons une transition pastorale qui, en toute honnêteté, n’est pas sans générer des inquiétudes et des questions. Quoique certaines communautés pâtissent de cet inévitable évènement, je n’ai aucun doute à croire que Sainte-Claire traversera ce défi avec brillo. Néanmoins, il ne faut pas sous-estimer les défis qu’une transition pastorale peut occasionner. Faire expérience du départ de son pasteur et en nommer ensuite un nouveau n’engage pas qu’un changement administratif, mais aussi un renouvellement important dans tous les aspects de la vie communautaire. C’est un bordel… mais un heureux bordel tout de même ! Tout ça, à vrai dire, ça sonne pas mal apocalyptique ! Une « Apocalypse » en plein début de l’Avent !

Outre les images effrayantes que ce terme peut nous inspirer, une apocalypse signifie, dans une perspective biblique, une « révélation ». Elle est une annonce mystérieuse qui, pour celui qui l’entend, révèle l’action de Dieu dans un monde en changement. Dans le cadre de la tradition judéo-chrétienne dans laquelle nous nous situons, les apocalypses dissimulées ici et là dans les textes marquent une irruption de Dieu dans un monde qui passe. Tandis que les économistes canadiens nous prophétisent la catastrophe financière à venir, nous, disciples de Jésus à Sainte-Claire, nous nous préparons à un Noël sous le signe d’une transition. 

Mais encore, c’est bizarre de lire un tel texte au temps de l’Avent, n’est-ce pas ? Il n’y a rien de plus pertinent, pourtant, qu’une bonne vieille Apocalypse pour évoquer et célébrer la naissance de Jésus. Noël, ce n’est pas rien, car c’est un moment spécifique dans l’année où nous célébrons la venue de Jésus. Une naissance qui, en tant qu’humanité, nous chamboula, nous chamboule et nous chamboulera de nouveau.  

Quoique Noël soit, aux yeux de plusieurs, un moment où on va à l’église par convention afin de regarder la traditionnelle crèche vivante, on ne se rend pas toujours compte des implications du temps de l’Avent. En nous accrochant à l’histoire sainte – une longue suite de prophéties et promesses réalisées – notre attente du Messie s’en retrouve comblé. La naissance transformatrice de Jésus, personne mille fois encensée même 2000 ans après sa naissance, ne peut nous laisser de marbre.

Alors que l’Apocalypse du temps de l’Avent a débuté ; accueillons le changement. Préparons ensemble ce Noël où le fils de l’homme se révéla dans sa gloire… et se révèle encore dans notre monde en pleine turbulence. Vivons ensemble notre transition pastorale où un monde passé laisse maintenant place au nouveau. Je ne peux rien promettre, sinon vous accompagner comme je le peux dans ces prochains mois de turbulence.

Quoique nous soyons un peu perdus au milieu de la tempête, qui sait où est ce que nous nous rendrons comme communauté et Disciples ? Qui sait à quoi ressemblera le jour d’après… sinon un jour de clarté dans lequel Christ persiste à faire connaître l’amour de Dieu qui fait toutes choses nouvelles.

Amen