Matthieu 14 : 22-32 – 9 août 2020

C’était une nuit de tempête.  Le vent faisait claquer les vagues sur chaque centimètre de la barque.  Pierre se lève.  Il dépose un pied à l’extérieur du bateau.  Puis, une deuxième.  Le voilà debout au milieu du lac.  Mais après quelques secondes, il commence à couler.  Pris de panique il crie : « Sauve-moi, Seigneur! »  Jésus se retourne vers son disciple et lui dit : « Fait comme moi Pierre.  Marche sur les roches! »

L’histoire de Jésus marchant sur les eaux est une autre histoire bizarre de nos évangiles qui est difficile à expliquer selon les normes de nos jours.  Après une longue journée de travail, Jésus envoie ses disciples sur le lac de Tibériade pendant qu’il renvoie la foule et prend un peu de temps pour prier.  La nuit venue, en pleine tempête, les disciples discernent une forme à l’horizon.  Après quelques secondes, ils s’aperçoivent que c’est Jésus qui marche sur l’eau.  Naturellement, ils ont peur parce que personne n’est supposé d’être capable d’accomplir cet exploit.  Leur maître doit être devenu un fantôme ou une forme d’esprit.  Mais Jésus s’avance vers eux et leur dit : « N’ayez pas peur!  C’est bel et bien moi. Prenez courage! »

À ce moment, Pierre déclare : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne que j’aille vers toi sur l’eau. »  Pierre veut imiter son maître.  Il veut avec lui.  Jésus lui répond, « Viens! »  Malgré la tempête tout autour de lui, Pierre sort de la barque.  Il marche sur l’eau.  Tout va bien.  Mais ce qui suit ressemble un peu aux dessins animés « Roadrunner ».  (Je sais que je montre mon âge avec cet exemple.)  Pour ceux et celles qui s’en souviennent, le coyote courrait après le roadrunner et parfois il dépassait le bord de la falaise.  Il demeurait immobile pendant une seconde ou deux.  Et quand il s’apercevait qu’il n’y avait plus rien en dessous de ses pattes, il tombait au fond de la falaise.  À un moment, Pierre arrête de porter toute son attention sur Jésus et commence à regarder autour de lui.  Il voit les vagues menaçantes nourries par un vent violent.  Il panique et se met à couler.  Jésus étend sa main et ramène son disciple dans la barque.  Et depuis, de nombreux chrétiens affirment que Pierre a « coulé » son test en raison de ses doutes et de son manque de foi. 

Nous vivons toutes et tous des moments difficiles dans nos vies.  Parfois, nous avons l’impression d’être au milieu d’une tempête ou entourer par un chaos qui paraît sans fin.  Bien sûr, la pandémie actuelle est peut-être l’exemple le plus spectaculaire, mais nous vivons aussi d’autres événements plus personnels qui perturbent nos vies comme une perte d’un emploi, un diagnostic d’une maladie incurable ou la mort d’un proche.  Souvent, on essaie de bomber le torse et de se montrer courageux.  On se fait dire qu’il ne faut pas avoir peur.  On doit demeurer fort pour les enfants.  Mais dans le fond, on est complètement dépassé par les événements.  On a l’impression d’être un échec.  On est pris avec nos doutes, notre confusion et parfois notre désespoir.

Malgré tout ce qui a été dit et écrit à son sujet, Pierre a emprunté une autre voie en tentant de confronter sa peur.  Au milieu de la tempête, il n’imite pas les autres disciples terrorisés et muets qui demeurent dans la barque malgré la présence de Jésus.  Pierre tente quelque chose de téméraire.  Malgré les conditions dangereuses et l’absence de garantie de réussite, il ose s’aventurer dans l’inconnu.  Il exprime une forme de courage qui l’amène à dépasser les bruits ambiants, les probabilités statistiques, les préoccupations sécuritaires ou les règles convenues.  Pierre choisit de croire aux possibilités devant lui.

En ces temps difficiles pour l’Église de Dieu, plusieurs se demandent si nos communautés de foi survivront ou couleront comme un bateau emporté par une tempête.  Si nous ne possédons pas toutes les réponses, nous savons que nous avons le choix de demeurer dans la barque et espérer que tout revienne comme avant ou oser quelque chose de différent, peut-être de sortir du cadre accepté, de créer un nouveau moule, d’aller dans des endroits inattendus et croire que l’on y trouvera la présence de Jésus.

Il est impossible d’éviter les tempêtes dans nos vies.  Lorsqu’elles se pointent à l’horizon, on a le choix de demeurer là où on est et espérer pour le mieux ou on peut oser croire que l’on peut sortir de la barque et marcher sur l’eau.  On peut oser croire que l’on peut accomplir des choses paraissant impossibles à première vue.  On peut oser croire que peu importe qu’il arrive, Jésus sera toujours là tout près de nous, toujours prêt à nous tendre la main en cas de problème.  Amen. 

* Lachlan Gower, Unsplash.com