Quelle est la bonne nouvelle de Pâques?

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Marc 16 : 1 – 8

Comme vous le savez, Pâques et Noël sont des fêtes chrétiennes très importantes.  En tant que pasteur, je désire toujours offrir durant les offices de ces jours un bon message, bien ficelé et bien livré.  Cependant, plusieurs professeurs, spécialistes et collègues expérimentés nous rappellent que nous ne devons pas trop nous casser la tête.  Le message proclamé est suffisamment puissant pour combler les attentes.  En ce jour de Pâques, ma réflexion pourrait se limiter à : « la mort n’a pas eu le dernier mot.  Christ est ressuscité.  Alléluia et amen. »

Cependant, l’extrait de ce soir ne nous procure pas ce sentiment de joie et de célébration.  Nous avons plutôt l’impression que toute cette histoire se termine en queue de poisson parce qu’il s’agit, selon les biblistes et les chercheurs, de la fin originale de l’évangile selon Marc.  Bien sûr, nous retrouvons plusieurs éléments essentiels de ce récit.  Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques et Salomé se présentent à la tombe de Jésus avec des aromates pour embaumer le corps.   Arrivées sur place, elles constatent que la pierre a été roulée.  Le maître n’est pas dans le tombeau.  À la place, elles voient un jeune homme, peut-être un ange, annonçant que les disciples doivent se rendre en Galilée pour le Christ ressuscité et… c’est tout.  Il n’y a aucune apparition du Christ.  Personne ne peut le toucher.  Aucune explication satisfaisante n’est offerte.  Tout ce que nous avons, c’est trois femmes bouleversées qui ne disent rien.  Ce récit nous laisse sur notre faim.  Il soulève plus de questions que de réponses.  Surement pour cette raison, d’autres versets, basés sur des apparitions post-résurrections dans les autres évangiles canoniques, ont été ajoutés plus tard.  Le but était de colmater cette fin ouverte.

Pourtant, si nous sommes prêts à laisser de côté notre désir de fins à la sauce hollywoodienne qui résout tous les enjeux et répond à toutes les questions, ce récit est porteur de bonne nouvelle.  L’espoir amené par la résurrection n’est pas nécessairement dans l’acte de revenir à la vie ou une apparition physique du Christ, mais dans un tombeau vide et la promesse d’une rencontre à venir. 

Au premier matin de Pâques, Jésus n’était plus le même.  Par conséquent, il ne s’est pas attardé à la même place.  Il n’a pas continué la même chose comme si rien ne s’était passé.  Le temps n’était plus au discernement ou à l’établissement de plan stratégique avec des indicateurs de performance.  Le Christ ressuscité n’était plus là.  Il a continué à progresser dans sa mission.  En fait, il était déjà en Galilée, non pas pour recapturer une certaine nostalgie du passé, mais pour les attendre.  Pour les disciples, le tombeau vide est un appel à regarder vers l’avant, vers le futur.  C’est là qu’ils rencontreront le Christ ressuscité.  C’est là que la promesse s’accomplira.  C’est là que les choses prendront tout leur sens.  Les disciples n’ont pas à avoir peur d’un futur incertain.  Toutes les places où ils devront aller, Jésus les y attend déjà.

Peut-être, cette promesse explique la fin un peu abrupte de l’évangile selon Marc.  Oui, les femmes ont eu peur, comme probablement nous tous et toutes devant une nouvelle de cette nature.  Elles n’ont pas parlé parce qu’elles avaient surement besoin de temps pour digérer ces informations incroyables… et pour comprendre que ceci n’était pas la fin de l’histoire.  La résurrection du Christ n’est qu’une autre étape du grand récit du peuple de Dieu, une étape que tous les croyants et croyantes sont appelés à continuer d’écrire.  La bonne nouvelle de la résurrection a seulement un sens si nous sommes prêts à quitter le tombeau vide et trouver le courage de regarder vers le futur.  Pour ce faire, nous sommes invités parfois à aller dans des endroits inconnus, pas nécessairement accueillants, ou retourner dans des lieux connus avec une vision différente des choses.  Nous sommes appelés à croire ce soir en une promesse que notre monde peut être plus que ce qui nous entoure.  Nous avons la capacité d’amener la résurrection avec nous partout où nous allons. La fin abrupte de l’évangile selon Marc n’est en fait que le début d’une aventure extraordinaire qui dure depuis 2 000 ans.  La découverte du tombeau vide par les femmes au premier matin de Pâques et l’appel à nous projeter vers le futur pour continuer cette histoire sont des invitations lancées à tous et toutes afin d’apporter un message d’espoir et de renouveau à notre monde.  Christ est ressuscité.  Alléluia et amen.