Sermon – 1 Rois 19: 1-4, 8-15 (19 juin 2022)
Nous pensons souvent que certaines personnes comme Mère Thérèsa, Martin Luther King ou l’abbé Pierre avaient une foi inébranlable. Rien ne pouvait les faire douter de Dieu. Ces individus sont même souvent comparés aux prophètes de l’ancien temps. Ils et elles avaient l’assurance et la force nécessaire pour être les porte-paroles du Seigneur. L’un des plus grands prophètes du Premier Testament est Élie. Durant une époque où la reine Jézabel tentait d’implanter un culte aux dieux cananéens, il défendait ardemment les alliances passées avec le Dieu et son peuple. Quelles lignes avant le passage d’aujourd’hui, Élie avait défié 450 prophètes du dieu Baal sur le mont Carmel. En seulement quelques minutes, il ridiculisa ses adversaires devant tout le peuple d’Israël et démontra la supériorité du Seigneur. Sans l’ombre d’un doute, Élie était à ce moment au sommet de son art. Personne ne pouvait douter de sa foi en un Dieu tout-puissant. Mais lorsque la reine Jézabel apprend que les prophètes de Baal ont été mis à mort à la suite de leur défaite, elle fait comprendre à Élie que le même sort l’attendait. Ce dernier a dû fuir pour sauver sa peau.
Dans le passage d’aujourd’hui, nous ne rencontrons pas un grand héros de la foi, mais un être humain semble avoir atteint le fond du baril. Il est épuisé, découragé et même suicidaire. Après une longue marche, il s’assoit sous un genêt et déclare : « Maintenant, Seigneur, j’en ai assez! » J’en ai assez de cette mission. J’en ai assez de ton peuple qui rejette mes efforts. J’en ai assez de toutes ces épreuves. Tout cela est trop lourd et trop difficile. Pourquoi devrais-je continuer? Pourquoi devrais-je sacrifier ma vie pour des gens qui ne le mérite peut-être pas? Néanmoins, Élie continue son périple dans le désert pendant 40 jours et 40 nuits jusqu’au mont Horeb. À cet endroit, Dieu, conscient du désespoir de son prophète, vient lui parler tout simplement. « Pourquoi es-tu ici Élie? » Le prophète lui rappelle la longue liste de raisons qui nourrissent son découragement. Alors le Seigneur déclare : « Sors, tu te tiendras sur la montagne, devant moi; je vais passer. »
Malgré toutes les épreuves, Élie demeurait convaincu de la toute-puissance de Dieu. Il s’attendait à une manifestation divine spectaculaire. Il était à la recherche d’un geste puissant, quelque chose de fort, quelque chose de… comme tout bon homme. Alors, lorsqu’un grand vent assez puissant pour fendre les montagnes et briser les roches se lève, Élie se dit : Voilà Dieu! Mais non, le Seigneur n’était pas dans le vent. Après le vent, un tremblement de terre et un feu, mais non le Seigneur n’était pas plus dans le tremblement de terre ni dans le feu. Ensuite, il y a eu le bruit d’un léger souffle. Certaines traductions de la Bible parlent d’un bruissement d’un souffle tenu, d’un murmure doux ou de silence absolu. Dieu, dans toute sa puissance, se révèle à Élie en toute quiétude, à travers une manière à peine perceptible.
Je crois que nous traversons tous et toutes des moments de découragements. En raison de nombreuses circonstances souvent hors de notre contrôle, nous croyons que personne ne comprend ou ne se soucie de ce que nous vivons. Nous pensons même parfois que Dieu se fout un peu de nous parce que nous n’avons pas ressenti sa présence dans notre vie depuis longtemps. Nous rêvons de moments spectaculaire et dramatique comme dans les films à grand déploiement. Nous aimerions entendre Dieu nous dire que nous avons raison; nous garantir le succès et le bonheur éternel.
De nos jours, beaucoup de personnes souffrent d’épuisements. Nous entendons parler de détresse psychologique. Plusieurs d’entre nous sont déçus et désabusés devant des gouvernements et des institutions qui préfèrent maintenir leur pouvoir au détriment de leur mission première. Ces deux dernières années de pandémie ont fragilisé le tissu social et ouvert la voie à la polarisation, l’explosion des théories du complot et au cynisme généralisé. Même dans nos Églises, nos pasteurs et nos leaders sont devenus les paratonnerres d’une grogne populaire. Alors, pourquoi devrions-nous continuer dans un tel contexte?
Comme Élie, nous nous laissons trop souvent distraire par le bruit ambiant. Nous pouvons nous concentrer sur le son du chien qui aboie le plus fort ou nous pouvons tenter de discerner la présence plus subtile de signe d’espoir dans notre monde. Nous pouvons choisir de chercher la présence de Dieu qui se manifeste souvent dans nos vies quotidiennes, à travers les gens ordinaires que nous croisons sur nos chemins et qui nous offrent un petit mot d’encouragement, un simple sourire ou un moment de repos. Nous pouvons nous souvenir que Dieu n’est pas limiter par le langage ou les sens des êtres humains. Dieu se trouve partout, même dans les endroits les plus étranges, même dans les moments d’absence de son. Dieu est présent dans notre monde même dans nos moments des plus difficiles.
À un moment ou un autre de notre existence, nous connaissons des moments de découragement. Après une victoire spectaculaire sur ses adversaires, le prophète Élie se retrouve au bord du désespoir. Il espère un signe de Dieu, quelque chose de fort et puissant, pour lui redonner l‘énergie nécessaire pour continuer son ministère. Cependant, il découvre que Dieu se révèle souvent dans la fragilité et le calme. Notre défi est de discerner où ce message se manifeste autour de nous. Amen.