Sermon – 1 Samuel 16: 1-13 (13 juin 2021)

* 1 Samuel 16: 1-13

Dans le texte de la semaine dernière, nous avons vu que les anciens d’Israël ont demandé à Samuel de désigner un roi pour les gouverner, comme cela se fait chez tous les autres peuples.  Le prophète a tenté de leur expliquer que c’était une fausse bonne idée.  Ils le regretteraient amèrement.  Mais le peuple n’a pas voulu écouter Samuel.  Alors, Saül est devenu le premier roi d’Israël.  Et comme l’avait prédit le prophète, Saül ne s’est pas montré à la hauteur de la tâche.  Les gens ont commencé à se plaindre.  Cette crise culmine juste avant le début de l’extrait de ce soir alors « que le Seigneur, lui-même regrettait d’avoir choisi Saül comme roi d’Israël ».

Un jour, le Seigneur dit à Samuel que le temps est arrivé de choisir un nouveau roi, même si Saül est toujours vivant.  Discrètement, le prophète se rend à Bethléem afin de rencontrer la famille de Jessé.  Lors d’un sacrifice, il aperçoit Éliad, le fils ainé Jessé.  Immédiatement, Samuel est convaincu qu’il est l’élu.  Le jeune homme a tout pour lui.  Il est le premier né.  Il est grand.  Il est beau.  La quête est finie.  On remballe tout et on retourne à la maison, pense Samuel.  Mais Dieu lui répond : « Ne te laisse pas impressionner par sa mine et sa taille imposante, car je ne l’ai pas choisi.  Je ne juge pas les personnes de la même manière que les hommes et les femmes; les hommes et les femmes s’arrêtent aux apparences, mais moi je vois jusqu’au fond du cœur. »  Samuel, surement un peu déçu, continue d’appeler et d’inspecter les autres fils de Jessé.  Chacun semble avoir les atouts pour devenir roi.  Cependant, les sept fils sont rejetés par le Seigneur.  

À ce moment, Samuel demande à Jessé si tous ses fils sont présents, parce que si c’est le cas, il est dans le trouble.  Jessé répond qu’il y a un huitième.  C’est encore un enfant.  Il garde les moutons.  « Va le chercher immédiatement », lui ordonne Samuel.  David arrive finalement.  Il avait le teint clair, un regard franc et une mine agréable.  Rien ne le distinguait vraiment des autres.  Mais le Seigneur dit à Samuel : « C’est lui, consacre-le comme roi. »

D’un point de vue objectif, le choix de David est surprenant.  Dans la culture de cette époque, le dernier-né d’une famille ne recevait pas les mêmes avantages et privilèges offerts aux plus vieux.  Les sept frères de David auraient dû être sélectionnés avant lui.  Pourtant, Dieu démontre que les meilleurs onguents viennent souvent dans les plus petits pots.  Le garçon aux origines modestes est consacré roi.  Son destin est de devenir l’un des plus grands rois de l’histoire d’Israël.  

Le théologien Walter Brueggerman affirme que cette histoire ne se résume pas à un simple récit d’un jeune garçon négligé réussissant à surmonter les obstacles sur son chemin pour accéder à la royauté.  Le personnage central de ce récit n’est pas David, ni Samuel ou même Jessé, mais bel et bien Dieu.  C’est Dieu qui est capable de voir jusqu’au fond du cœur.  C’est Dieu qui défie les conventions et les normes de la société en choisissant une personne inattendue pour accomplir sa mission.  C’est le même qui a défié le principe d’ainesse en préférant Abel à Caïn; en cheminant avec Jacob au lieu de Ésaü; et en choisissant Joseph sur ses 11 frères pour sauver son peuple durant une famine.  C’est le même Dieu qui a appelé des hommes comme Moïse qui n’était pas un bon pour parler en public, comme Ésaïe qui affirmait avoir les lèvres impures et comme Jérémie qui se considérait trop jeune pour devenir ses prophètes.  C’est le même Dieu qui a établi une alliance avec le petit peuple d’Israël afin de devenir une source de lumière pour l’ensemble des nations.  C’est le même Dieu qui a surpris le monde avec la naissance du Messie tant attendu dans un coin reculé de l’Empire romain.

 La bible est remplie de récits des personnes négligés appelés par Dieu à accomplir de grands exploits.  Et pourtant, nous semblons avoir de la difficulté à accepter et à intégrer ce fait dans nos vies.  Combien de fois avons-nous entendu des gens autour de nous dire : c’est juste une enfant; elle ne peut rien nous apprendre.  Comment pourrait-il nous aider dans notre projet avec son handicap?  Elle serait une excellente candidate aux prochaines élections; dommage qu’elle porte un hidjab.  Trop souvent, nous recherchons des raisons pour justifier notre première impression.  Mais imaginons, juste pour un instant, que nous soyons capables de dépasser ce comportement très humain, que nous pouvions nous voir les uns les autres comme Dieu nous voit.  Imaginez la différence que cela pourrait faire.  Imaginez le monde dans lequel nous pourrions vivre.  Imaginez une société où le racisme, le sexisme, l’homophobie et toute autre forme de discriminations n’existeraient plus.  Nous serions capables, non seulement de voir les gens tels qu’ils et elles sont, nous comprendrions comment le Seigneur travaille dans notre monde.  Nous ne serions plus surpris par les moyens et les personnes appelés et utilisés par Dieu.  

 Encore une fois, le Seigneur surprend son peuple en choisissant un jeune garçon pour devenir le roi d’Israël.  Par ce geste spectaculaire, nous nous faisons rappeler de faire attention aux apparences extérieures.  Peu importe qui nous sommes, jeunes ou vieux, hommes ou femmes, ou aucune de ces réponses, Dieu regarde toujours ce qu’il y a au fond de notre cœur.  Notre mission est d’apprendre à imiter Dieu dans nos interactions avec tous nos sœurs et frères humains.  Amen. 

* Valario Davis, unsplash.com