Sermon – Actes 1 : 1-12 (21 mai 2023)
Actes 1 : 1-12
Habituellement, lorsqu’une tragédie ou une catastrophe naturelle frappe notre monde, le premier réflexe de plusieurs d’entre nous est de se tourner immédiatement vers un poste de nouvelles en continu. L’événement a beau être terminé depuis plusieurs heures, les reporteurs sur les lieux répètent exactement la même chose qu’il y a 15 minutes et les présentateurs affirment qu’ils ne connaissent pas les derniers développements, ce n’est pas grave. Nous continuons à écouter même si nous savons que probablement rien d’autre ne se produira. Nous demeurons scotchés à nos écrans pour une raison mystérieuse.
Le début du livre des Actes des Apôtres est la suite de l’évangile selon Luc. Ce fait explique le sentiment de répétition dans les premiers versets du texte. Nous avons même l’impression d’entendre la voix d’un narrateur nous disant : « dans le dernier épisode… » Ce passage nous apprend également que le Christ est demeuré avec ses disciples pendant 40 jours après sa résurrection. Il a continué à enseigner et à parleur du règne de Dieu. Certains disciples convaincus plus que jamais que le temps était enfin venu pour que leur maître utilise sa toute-puissance pour rétablir le règne pour Israël. Mais le Seigneur avait d’autres plans. Un beau jour, après leur avoir promis la venue de l’Esprit saint, il est enlevé vers le ciel. Encore une fois, les disciples sont abandonnés à eux et elles-mêmes. Ne sachant pas trop comment réagir, ils regardaient le ciel en disant : « il est parti? On dirait que oui. Mais, il est vraiment parti, parti? Il est parti, parti. Est-ce qu’il a mentionné quand il reviendra? Non. Il est parti. Et oui. Peut-être si nous continuons à regarder vers le ciel, quelque chose va se produire. Peut-être, on va le voir. Peut-être, on verra son royaume. Peut-être… oh… non, c’est juste un oiseau. On continue à regarder. »
Les disciples fixeraient probablement encore le ciel si ce n’était pas de deux hommes habillés en blanc qui arrivent et leur demandent : « Mais qu’est-ce que vous regardez comme ça? » « C’est Jésus. Il est parti. Il est parti, parti. On attend son retour. » « Vous n’avez rien d’autre à faire? », répliquent les deux hommes. « Avez-vous déjà oublié ce qu’il a dit? Il vous a demandé de demeurer à Jérusalem et attendre ce que le Père a promis et qu’il a annoncé. Que faites-vous encore ici? »
Les moments suivant cette conversation marquent une étape importante dans la vie des disciples, peut-être l’une des décisions les plus importantes de leur vie. Jusqu’à ce moment, leur existence était structurée autour des actions de leur maître. Ils étaient présents quand Jésus guérissait les malades, nourrissait les foules, pardonnait les péchés, prêchait la venue d’un nouveau monde basé sur de nouvelles bases, etc. À travers toutes ces expériences, ils ont appris beaucoup. Cependant, les disciples n’étaient que des figurants. Jésus était le protagoniste dans cette aventure. Cependant, l’ascension du Christ a marqué la fin d’un chapitre dans l’histoire du peuple de Dieu. Pour la première fois, les disciples ont dû prendre une décision par eux-mêmes. Ils ont dû choisir entre continuer à regarder le ciel ou retourner à Jérusalem.
Au cours des siècles, les chrétiens ont accordé beaucoup de temps et d’efforts à regarder vers le ciel. Nous avons tenté d’organiser la théologie en différentes grandes catégories. Nous avons cherché à définir le concept de la Trinité. Nous avons osé imaginer à quoi ressemblerait la vie au-delà de la mort. Il n’y a aucun problème avec toutes ces recherches et ces explorations. Cependant, nous ne devons jamais oublier que nous le voulons ou pas, nous vivons tous et toutes ici-bas. C’est ici que nos sœurs et nos frères humains souffrent en raison de notre monde imparfait et trop souvent cruel. C’est ici que les opprimés ont besoin de notre voix et de nos actions. C’est ici que les rejetés et les exclus de notre société sont à la recherche de compassion. C’est ici que les affligés ont besoin d’une présence rassurante. C’est ici que les affamés ont besoin d’être nourris. Notre ministère doit s’incarner dans ce monde.
Deux mille ans plus tard, nous sommes les héritiers et les héritières des premiers disciples de Jésus. Puisque le Christ ne semble pas être revenu dans toute sa gloire et sa splendeur, la mission de construire notre société sur de nouvelles bases est devenue la nôtre. Le règne de Dieu que Jésus est venu annoncer est maintenant notre source d’inspiration. Nous sommes appelés à être actifs dans notre monde pour sa réalisation. Nous devons être impliqués dans différents organismes, partager nos nombreux talents à notre disposition, et avoir le courage d’agir, même si nous ne sommes pas certains des résultats, même si nous n’avons jamais fait quelque chose de la sorte auparavant. Nous sommes invités à être généreux, accueillants et audacieux comme Jésus nous l’a enseigné. Nous sommes appelés à arrêter de regarder vers le ciel afin d’aller là où les gens ont besoin de nous.
En tant que disciples de Jésus-Christ, notre mission n’est pas de regarder notre monde passivement en attendant le jour de son retour dans la gloire. Nous sommes appelés à agir, essayer, oser débuter de nouveaux projets pour le bien-être de nos frères et sœurs humains. Jésus n’est peut-être plus de ce monde, mais nous pouvons faire toujours une différence ici-bas et maintenant. Amen.