Sermon – Actes 17 : 22-33 (14 mai 2023)
Actes 17 : 22-33
Parfois, nos grandes attentes mènent à de grands moments de déception. Paris n’est pas aussi belle que l’on nous avait promis. Notre équipe sportive préférée semble incapable de gagner le championnat. Et si vous êtes comme moi, vous n’avez que quelques vagues souvenirs du jour de votre mariage. Il y a 20 ans, l’Église Unie du Canada a adopté une nouvelle déclaration de foi intitulée « Notre foi chante. » Après de nombreuses années de travail de comité et de larges consultations, la version finale du document débute par ces mots : « Dieu, sainte et mystérieuse Présence, au-delà de tout ce que nous en comprenons, au-delà de tout ce que nous pouvons dire. » La réaction de plusieurs personnes à ce moment a été : « Vraiment? Toutes ces années de travail et ils ne sont même pas capables de nous donner une définition simple et précise de Dieu! Quelle déception! Quelle occasion manquée! »
Cette réaction me fait penser à celle de certains à la fin de la lecture du passage d’aujourd’hui tiré du livre des Actes des Apôtres. Après un passage relativement fructueux dans la ville de Bérée, Paul arrive à Athènes, la grande ville célèbre sa culture, sa philosophie et son intérêt pour les religions. Comme il en avait l’habitude, il commence à prêcher dans les synagogues et les places publiques. Quelques philosophes athéniens le remarquent et l’invitent à parler devant l’Aréopage, une sorte d’assemblée composée des personnes très sages et intelligentes. Ce groupe demande à Paul : « Pourrions-nous savoir quelle est cette nouvelle doctrine que tu exposes? En effet, tu nous rebats les oreilles de propos étranges, et nous voudrions bien savoir ce qu’ils veulent dire. » Le défi ne semble pas gagné d’avance, mais s’il y a une personne suffisamment forte en gueule pour convaincre ces hommes, c’est Paul. Il va surement réussir.
Paul débute son allocution en complimentant les Athéniens pour leur grande dévotion. Ils ont des temples, des autels et des sanctuaires pour tous les aspects de la vie : le commerce, la guerre, le vin, la chasse… Pour paraphraser un slogan publicitaire : si ça existe, ils l’ont. Paul enchaine en leur racontant qu’il parcourait les rues et il a découvert un autel qui portait l’inscription : « Au dieu inconnu ». Il affirme qu’il connaît ce dieu que les Athéniens louangent déjà. Il s’agit nul autre que le Seigneur qu’il est venu annoncer; le Dieu qui a créé l’univers et tout ce qui s’y trouve; celui à l’origine de toutes les nations humaines.
Wow! Quelle brillante façon de vendre sa salade! Les Athéniens ont dû tous se convertir sur les champs. Mais non. Le texte nous dit : « Au mot de ‘résurrection des morts’, les uns se moquaient, d’autres déclarèrent : ‘Nous t’entendons là-dessus une autre fois’. » Seulement une poignée de personnes joignent le cercle des croyants. À la lumière de cet échec de Paul, nous pouvons être tentés d’affirmer : « Quelle occasion manquée! »
… ou peut-être pas. Oui, le discours de Paul n’a pas connu un grand succès sur le plan de l’évangélisation. Cependant, sa déclaration nous force encore aujourd’hui à ouvrir nos esprits et à revisiter nos présomptions. Deux mille ans plus tard, ce passage nous rappelle que Dieu ne peut pas être limité à un temple ou une fonction précise. Dieu n’appartient pas à un peuple ou même une espèce habitant une petite planète dans l’univers. Dieu est plus grand et plus vaste que tout ce que peuvent imaginer nos cerveaux humains. Notre Dieu est effectivement un Dieu inconnu qui est au-delà de tout ce que nous en comprenons, au-delà de tout ce que nous pouvons dire.
Cette affirmation nous emmène à repenser tout ce qu’on nous a peut-être enseigné et que nous croyons encore. Si nous sommes prêts à accepter l’idée d’un Dieu inaccessible à nos sens humains, nous devons être prêts à admettre que nous ne pouvons pas être certains à son sujet. Nous devons être suffisants humbles pour admettre que Dieu ne correspond surement pas à notre définition préférée. Dieu doit être capable de s’exprimer à travers une personne d’une autre religion ou même une athée. Conséquemment, nous sommes appelés à trouver de nouveaux mots et de nouvelles façons d’exprimer notre foi et notre spiritualité. Nous sommes invités à explorer nos questions non répondues en évitant les réponses simplistes. Nous sommes invités à développer une compréhension de la vie qui va au-delà de nos expériences sensorielles. Nous devons nous ouvrir à de nouvelles possibilités afin de percevoir la présence de Dieu dans notre monde.
La gestion des attentes est toujours quelque chose de difficile. Peut-être, la meilleure façon d’y arriver est de voir les choses différemment. Le discours de Paul devant l’Aréopage d’Athènes, la déclaration de l’Église Unie intitulée « Notre foi chante » et cette réflexion ont un point en commun. Ils ne sont pas aussi bons qu’espérés initialement, mais ils représentent des possibilités d’explorer certains aspects plus difficiles de notre vie de foi, de creuser notre compréhension de Dieu et d’ouvrir nos esprits à des réalités inattendues.
Amen.