Sermon – Actes 2 : 1-21 (28 mai 2023)
Actes 2 : 1-21
Vendredi dernier, dans mon blogue hebdomadaire appelé « Vie de pasteur », j’ai présenté la nouvelle plateforme d’évangélisation de l’Église Unie du Canada : moncredo.org. Cette initiative s’inscrit dans une vision beaucoup plus large qui est définie dans un plan stratégique pour 2023 à 2025. Au cours des prochaines années, les membres de notre Église sont invités à développer une spiritualité profonde, à adopter une vie de disciple dynamique et à poursuivre une quête audacieuse de justice afin d’atteindre un objectif de croissance. Vous avez bien entendu. Dans le contexte actuel de déclin du christianisme en Occident, de fermetures de paroisse, de vente d’édifices religieux et de scandales de toutes sortes, l’Église Unie du Canada veut créer 100 nouvelles communautés de foi d’ici son 100e anniversaire en 2025. En entendant ces mots, peut-être certains d’entre vous pensent que quelqu’un en a fumé du bon ou qu’il a un peu trop bu de vin lors de la dernière communion.
En ce dimanche de la Pentecôte, nous avons suivi la tradition de plusieurs églises, physiques ou en ligne, en lisant le célèbre passage du livre des Actes des Apôtres durant lequel les disciples reçoivent l’Esprit saint. Ce récit renferme plusieurs aspects et détails qui ont su inspirer les chrétiens et les chrétiennes au cours des âges. Personnellement, mon moment préféré se trouve au verset 15 lorsque Pierre affirme : « Non, ces gens n’ont pas bu comme vous le supposez : nous ne sommes en effet qu’à neuf heures du matin » … comme si cela avait déjà empêché quelqu’un de… Bref, je ne sais pas si l’auteur a tenté d’insérer un peu d’humour pour pimenter son récit, mais je trouve que le côté un peu absurde de toute cette histoire ressort à travers ces quelques mots.
J’utilise le mot absurde parce que lorsque nous regardons ce récit avec nos yeux d’aujourd’hui, cet épisode de l’histoire du peuple de Dieu semble complètement improbable. Le mouvement qui deviendra l’Église que nous connaissons débute avec une poignée de disciples réunis sous le même toit à la suite de la résurrection du Christ, qui n’est en soi pas une mince affaire à accepter en partant. L’auteur mentionne qu’un grand vent remplit la maison, que des langues de feu se posent sur la tête de chacun et chacune et que les disciples se mettent à parler d’autres langues. Remplis de l’Esprit saint, les disciples ne choisissent pas de demeurer à l’intérieur de leur maison pour organiser des études bibliques ou organiser des colloques entre eux et elles. Ils décident plutôt de sortir sur la place publique où se trouvent des gens d’un peu partout. Pierre qui n’a aucune permission spéciale, qui ne possède aucun diplôme en théologie, qui n’a aucune crédibilité religieuse, commence à prêcher. Évidemment, certaines personnes dans la foule sont surprises. D’autres se moquent carrément de lui. Cependant, le disciple ne se laisse pas intimider. À la fin du deuxième chapitre des Actes des Apôtres, nous apprenons que 3 000 personnes rejoignent le groupe des disciples. Malgré tous les obstacles et les raisons de se décourager, la croissance est au rendez-vous.
Cette histoire biblique de la Pentecôte est, à plusieurs égards, devenue notre histoire. Nous connaissons tous et toutes les nombreuses raisons de demeurer à l’intérieur de nos maisons. Nous vivons dans une société laïque qui ne semble pas apprécier tout ce qui se rapproche de près ou de loin à la religion. Nous vivons dans un monde qui valorise les sciences et les faits tangibles et concrets. Nous sommes gênés par les positions et les actions d’autres croyants qui sont censées proclamer l’amour de Dieu. Oui, nous sommes habités par une foi, par des valeurs, certains diraient par l’Esprit saint, mais pourquoi devrions-nous sortir sur la place publique pour parler à des gens qui ne semblent pas intéressés par notre message? Pourquoi devrions-nous fournir des efforts lorsque nous sommes fragiles? Pourquoi devrions-nous nous lancer dans une aventure improbable?
Peut-être la réponse se trouve dans la nature même de notre mouvement. Comme tous ceux et celles qui nous ont précédés, nous avons reçu l’appel de sortir de nos zones de confort pour rejoindre les gens là où ils et elles sont. Nous sommes invités à parler, à vivre et à incarner ces valeurs qui habitent à l’intérieur de nous. Cependant, nous ne sommes pas naïfs. Nous savons très bien que certaines personnes vont se moquer de nous. Ils vont nous dire que Dieu est notre ami imaginaire, que la religion n’est qu’une béquille pour les plus faibles ou que toutes les religions sont basées sur des mensonges. Devant ces paroles, nous sommes invités à nous concentrer sur nos valeurs afin d’offrir notre message. Bien sûr, tous et toutes ne seront pas convaincus. Nous pouvons croire qu’il existe certaines personnes qui sont en recherche spirituelle, qui sont ouvertes d’esprit et qui sont en quête d’une foi moderne, inclusive et intelligente.
Ce soir, nous célébrons le 3e anniversaire de l’Église Sainte-Claire. Réalistement, une communauté de foi exclusivement sur internet, lancée durant la pire épidémie de notre existence, semble être une aventure improbable vouée à l’échec. Pourtant, nous sommes toujours là. Nous continuons d’accueillir de nouvelles personnes. Nous persévérons dans la diffusion de notre message. Et non, nous ne sommes pas ivres parce qu’il était seulement 8h20 du soir quand j’ai partagé cette prédication. Amen.