Sermon – Actes des Apôtres 8: 26-40 (2 mai 2021)

* Actes 8: 26-40

Plusieurs pensent que les questions de diversité d’appartenances, d’orientations sexuelles ou affectives, ou d’identités de genre sont des phénomènes nouveaux.  Ils affirment que ces réalités n’existaient pas avant.  Pourtant, nous pouvons trouver dans le livre du Deutéronome, chapitre 23, verset 2, le mot suivant : « Un homme dont les testicules ont été écrasés ou dont le membre viril a été mutilé, ne doit pas être admis dans l’assemblée des fidèles du Seigneur. »  Semble-t-il cette condition qui transgresse une compréhension du monde basée sur une binarité mâle ou femelle était assez commune pour être mentionné dans cet ancien texte sacré. 

J’aborde ce sujet parce que le premier personnage du texte de ce soir tiré des Actes des Apôtres est un eunuque.  Nous ne connaissons pas le nom de cet homme, mais le texte nous informe qu’il était un haut fonctionnaire chargé d’administrer les trésors de la reine d’Éthiopie.  Nous savons également qu’il était nanti.  Posséder un parchemin du livre d’Ésaïe était une chose que très peu de gens pouvaient se payer à cette époque.  Mais cet individu riche et puissant ne pouvait pas échapper aux stigmates associés à sa condition.  Dans l’esprit des autres, il était une personne anormale et déviante parce qu’il dérogeait à la définition acceptée d’un homme.

Nous ne connaissons pas l’affiliation religieuse de cette personne, mais nous pouvons déduire facilement qu’il n’était pas le bienvenu dans le Temple de Jérusalem.  Et pourtant, malgré le fait qu’il était rejeté par les autorités religieuses de son époque, il était suffisamment croyant pour effectuer un pèlerinage à Jérusalem.  Sur son char, il lisait un passage du prophète Ésaïe annonçant l’inclusion des personnes marginalisées dans le grand peuple de Dieu.  Cet homme désirait ardemment approfondir sa foi et sa relation avec Dieu.

L’autre personnage de notre histoire est Philippe, un diacre au service de la première communauté chrétienne.  Sur la route reliant Jérusalem à Gaza, il rencontre l’eunuque éthiopien et lui propose d’organiser une étude biblique afin de comprendre le sens de sa lecture.  Après un certain temps, les deux hommes arrivent à un endroit où il y a de l’eau et l’eunuque éthiopien demande à Philippe : « Maintenant que nous nous sommes rencontrés face à face; maintenant que nous avons parlé ensemble; maintenant que nous avons fait un bout de chemin ensemble, peux-tu me donner une raison valide qui m’empêcherait d’être baptisé et considéré comme ton égal? »  Philippe lui répond : « Tu sais quoi?  Je ne peux pas penser à une bonne raison.  Faisons-le sur-le-champ. »    

Ce passage biblique est souvent présenté comme une histoire de conversion, mais le converti n’est pas nécessairement celui que l’on pense.  À travers cette expérience, Philippe a découvert la nationalité, la couleur de la peau, la condition physique ou ce qu’il y a dans le pantalon des gens n’était pas vraiment important.  Tout ce qu’on lui a enseigné et tout ce qu’il a cru pendant des années n’étaient pas justes.  Sa rencontre avec cet homme différent lui a permis de voir la réalité autrement.

La discrimination, le racisme, la xénophobie, les stéréotypes et les idées préconçues sont toujours le résultat d’une absence de connaissance de l’autre.  Il est facile d’affirmer : « Ils sont tous comme ça.  Elles agissent toujours de cette manière. » quand on marginalise les gens qui semblent être différents de la norme.  Même si les signes d’exclusion spectaculaires ou explicites sont moins communs de nos jours, des remarques comme : « ce monde-là », « moi, je serais gêné à ta place » ou « est-ce que tu t’es fait opérer? » créent une distance entre nous et eux.  Nous sommes souvent ceux et celles qui établissent une distance avec ces personnes.  Nous sommes souvent celles et ceux qui excluent.

Depuis le début de la chrétienté, nous avons été appelés à accueillir inconditionnellement les gens.  Pas juste notre famille, nos amis ou les personnes qui nous ressemblent.  Tout le monde sans exception.  Nous sommes invités à identifier ceux et celles qui sont opprimés, marginalisés et exclus à l’intérieur et l’extérieur de nos Églises.  Notre mission est de sortir de nos zones de confort afin de rejoindre ces individus à la recherche de Dieu.  Notre travail est de développer des liens honnêtes et sincères avec tous les immigrants légaux ou non, les membres des Premières Nations, les personnes racisées, les membres des communautés LGBTQ2S+, et toutes autres personnes qui sont affublées d’une étiquette par notre société, parce Dieu a déjà trouvé ces individus.  Dieu est déjà présent dans leurs vies.  Dieu les aime déjà inconditionnellement.  

Pour pleinement prêcher l’évangile, nous devons nous asseoir avec des gens totalement différents de nous afin de créer des espaces sécuritaires où des rencontres et des échanges puissent se produire.  Philippe a découvert ce principe un jour sur une route entre Jérusalem et Gaza.  Ce n’est peut-être pas toujours facile pour la majorité d’entre nous.  Ça va parfois à l’encontre ce que l’on nous a enseigné dans notre jeunesse.  On n’est pas obligé de tout comprendre.  Cependant, lorsque nous acceptons d’aller au-delà des caractéristiques physiques ou tout autres marqueurs arbitraires, nous pouvons découvrir la présence de Dieu dans les individus désirant appartenir à sa grande famille.  Amen.

* Anna Elizabeth, unsplash.com