Sermon – Ésaïe 2: 2-5 (27 novembre 2022)
Ésaïe 2 : 2 – 5
Il y a une peu plus d’une semaine, l’ancien maire de la ville de Gatineau, au Québec, a publié une chronique dans le journal La Presse au sujet de la Loi 21 sur la laïcité de l’État québécois. En s’appuyant sur le modèle européen, il affirme que l’école publique est le lieu où se forme le citoyen. L’école sort les enfants de leur milieu d’origine, elle les extrait du cadre social, religieux, politique dans lequel ils ont grandi. L’auteur affirme et je cite : « De leur côté, même si elles n’ont pas toutes la volonté de l’imposer aux autres, toutes les religions affirment porter la vérité divine. C’est l’inverse du doute. L’inverse de la raison. La foi, c’est l’inverse de l’école. L’une est la certitude, l’autre le doute. L’une a des dogmes, l’autre des questions. L’une exige l’adhésion, l’autre construit la liberté. L’école est le terreau où doit grandir la raison, donc la foi n’y a pas sa place. »
Au-delà du débat sur la place de la religion dans les écoles, ce texte reflète une attitude répandue dans une certaine portion de notre société. Surement en se basant sur son expérience personnelle, cette personne accuse l’ensemble des religions de notre monde (il en existerait plus de 10 000) d’obscurantisme. Ce genre d’accusation est presque devenu un cliché. Un peu partout, nous, croyants et croyantes, sommes dépeints comme des personnes misogynes, homophobes, bornées et opposés à la science et la raison. Selon ces personnes, notre foi et nos pratiques religieuses sont à l’origine de la violence, des guerres et du terrorisme international… comme si un athée n’avait jamais tué une autre personne ou adhéré aux théories du complot. La difficulté à vivre en harmonie et en paix serait la faute de l’existence de la religion dans l’espace public.
Ce trop long préambule nous amène à la lecture d’aujourd’hui tirée du livre du prophète Ésaïe. Ces mots remonteraient à une époque où la paix et une relative prospérité avaient été remplacées par une série de défaites militaires aux mains des armées assyriennes. Les belles promesses d’un Dieu tout-puissant qui protégerait du danger son peuple semblaient n’être qu’un grand mensonge. Toutes les offrandes et les prières n’ont rien changé. La nation d’Israël était sur le bord du précipice.
Au milieu de toute cette souffrance, anxiété et destruction, Dieu envoie une vision à son prophète Ésaïe qui affirme qu’un jour arrivera où les nations de la terre ne se rencontreront plus se faire la guerre. Un mode de vie plus éthique et équitable sera enseigné à tous et toutes. Ces instructions conduiront à une nouvelle ère dans laquelle les conflits appartiendront au passé. Les instruments de guerre et de destruction seront transformés en outils qui nourrissent et donnent la vie. Le Seigneur « sera juge entre les nations, l’arbitre de peuples nombreux. Martelant leurs épées, ils en feront des socs, de leurs lances, ils feront des serpes. On ne brandira plus l’épée nation contre nation, on n’apprendra plus à se battre. » Ces mots sont peut-être mes préférés de l’ensemble de la Bible, ceux qui continuent de faire remonter une émotion à chaque fois que je les lis. Cette vision offerte au prophète Ésaïe semble totalement absurde et déconnectée des réalités de notre monde. Et pourtant, elle est en parfaite synchronicité avec le message d’un Dieu qui désire le bien-être et l’épanouissement de l’ensemble de la création.
Aujourd’hui, comme à l’époque des guerres entre les Israélites et les Assyriens, cet appel de transformer des armes de destruction en outils de paix demeure un important défi pour ceux et celles qui croient en Dieu. Nous regardons autour de nous et nous constatons que la violence nous entoure constamment. Nous cherchons des solutions et nous nous trouvons parfois petit et insignifiant devant les puissants de notre monde. Cependant, nous ne devons pas nous décourager. Nous sommes plutôt invités à croire que la paix n’est pas une utopie ou un rêve; elle est une réalité qui débute par chacun et chacune d’entre nous.
Laissez-moi vous raconter cette histoire. Un jour d’hiver, deux oiseaux se reposaient sur une branche. À un certain moment, le premier demande à l’autre : « Quel est le poids d’un flocon de neige? » Le second répond : « C’est insignifiant. Ce n’est trois fois rien. » Le premier reprend : « Plus tôt, je regardais la neige tomber sur une branche comme celle-ci et je me suis mis à compter les flocons. Un… deux… trois… quatre… cinq… cent… deux cents… mille… dix milles… J’en étais à cent vingt-trois mille sept cent trente-trois. Et lorsque le cent vingt-trois mille sept cent trente-quatrième flocon est tombé, la branche a brisé. Ce flocon insignifiant qui ne pèse que trois fois rien a tout changé. »
Il est toujours facile de céder au défaitisme. Il est toujours facile d’affirmer que la foi, la spiritualité et la religion ne sont que des pertes de temps qui ne contribuent pas à l’amélioration de notre monde. Malgré tout, nous sommes appelés à nous souvenir que nous appartenons à un grand récit plus grand que notre petit nombril, notre tribu ou notre nation. Nos bibles nous rappellent à de multiples reprises que des individus et des nations négligés ont réussi à faire une grande différence. Nous sommes invités à croire que la transformation d’armes en outils est un processus difficile et complexe qui débute toujours par nos mots et nos gestes.
Dans une époque de souffrance pour son peuple, le prophète Ésaïe reçoit une vision qui semble contredire complètement la réalité de notre monde. Nous sommes tous et toutes invités à transformer les armes de destruction en outils de paix et de prospérité. Nous sommes appelés à avoir le courage de relever cet énorme défi en conservant notre foi et notre spiritualité au cœur de notre volonté de créer, une action à la fois, un monde de paix pour tous et toutes. Amen.
One Reply to “Sermon – Ésaïe 2: 2-5 (27 novembre 2022)”
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Je suis parfaitement d’accord avec vous nous avons la foi pour la transmettre le mieux qu’on peu pour un monde de paix le plus possible.merci beaucoup..