Sermon – Ésaïe 9 : 1 – 4 (29 janvier 2023)

Ésaïe 9 : 1 – 4

Selon le calendrier liturgique de l’Église, nous sommes dans la saison de l’Épiphanie qui se terminera le dimanche 19 février prochain pour ceux et celles intéressés par ce genre de choses.  Pendant ce temps de l’année, nous sommes invités à découvrir comment Dieu se manifeste dans notre monde.  Nous sommes encouragés à célébrer cette lumière qui transperce les ténèbres, qui nous libère de nos chaînes et qui nous dirige vers une nouvelle vie.  Tous les ans, nous sommes appelés à découvrir comment le Seigneur continue à s’immiscer dans nos existences.

Le texte d’aujourd’hui, tiré du livre d’Ésaïe, est connu par plusieurs parce qu’il est souvent lu la veille de Noël.  Le prophète annonce la venue d’une grande lumière qui va resplendir sur le peuple de Dieu.  Elle va être une source de joie, d’allégresse et de réjouissances.  À sa vue, les gens célébreront ensemble comme au temps des récoltes qui amènent l’abondance, comme durant les moments de victoires qui délivrent de la violence et de l’oppression.  En lisant ces belles paroles et ces images inspirantes, nous pouvons ressentir un élan d’espoir.  Nous sommes gonflés à bloc.  Nous sommes prêts à affronter vents et marées.  Nous sommes convaincus que rien ne pourrait nous arrêter.

Cependant, le problème derrière ce passage est que le prophète s’adresse à un peuple complètement abattu, démoralisé et déprimé.  L’époque glorieuse des rois David et Salomon était révolue depuis longtemps.  Les Israélites ont subi une série de défaites humiliantes aux mains des armées assyriennes.  Devant une puissance militaire supérieure et l’absence de renfort venu de l’extérieure, la survie du peuple de Dieu semblait de moins en moins probable.  Alors, la déclaration d’Ésaïe a dû être considérée comme de belles paroles, mais complètement vides de sens.  Tous les signes que les Israélites pouvaient apercevoir indiquaient que les ténèbres avaient vaincu la lumière.

Bien que nous vivions à une autre époque et dans une autre région du monde, nous pouvons comprendre très bien cette sensation.  Il suffit de remplacer les armées assyriennes par le 1% de la population qui contrôle plus de la moitié des richesses mondiales ou les grandes corporations qui imposent leurs quatre volontés aux gouvernements locaux démocratiquement élus.  Les armes de guerre causant la mort d’innocents ont été remplacées par la pauvreté et la famine.  Nous vivons dans l’une des sociétés les plus aisées de la planète, mais de nombreuses personnes souffrent en raison de l’augmentation des taux d’intérêt, du coût de la vie élevée et de la crise du logement.  Devant toute cette misère et cette cruauté, nous constatons que l’espoir d’un monde renouvelé apparaît être un fantasme de plus en plus inatteignable.  Tous les signes que nous pouvons apercevoir indiquent que les ténèbres ont vaincu la lumière.   

Le défi pour plusieurs d’entre nous est de ne pas céder au découragement et à l’abandon.  Un peu comme la lumière du soleil ne cesse pas d’exister lorsqu’elle est cachée par un nuage, la lumière de Dieu n’a pas cessé de luire malgré les défis autour de nous.  Depuis le début des temps, cette lumière s’est manifestée sous différentes formes : du premier acte de création de Dieu dans le récit de la Genèse, l’apparition de l’arc-en-ciel, symbole d’une nouvelle alliance entre Dieu et son peuple, jusqu’à la venue de Jésus, le fils de Dieu, la lumière du monde.  Malgré les conditions qui nous entourent, nous pouvons croire que cette lumière réussira toujours à se frayer un chemin malgré les difficultés.

Lorsque nous sommes dans le noir, nous avons de la difficulté à voir autour de nous.  Dieu peut agir sous notre nez, mais nous ne sommes pas nécessairement toujours capables de le percevoir.  En raison de toute la violence, la destruction et la désolation qui nous entoure, il est facile d’être distrait par les images spectaculaires et oublier toutes les fois où cette lumière nous a sauvés.  Nos craintes, nos angoisses et notre désespoir nous empêchent parfois de croire que l’espoir est peut-être juste au coin de la rue.  Pourtant, lorsque nous prenons le temps de nous concentrer sur cette lumière, lorsque nous refusons de succomber à la peur, lorsque nous refusons de nous laisser envahir par nos démons intérieurs, nous pouvons toujours la voir et comprendre qui est derrière cette lumière.  Nous pouvons comprendre que Dieu ne nous a jamais abandonnés.  Nous pouvons nous réjouircomme au temps des récoltes, comme lorsque nous sommes libérés d’un oppresseur. 

Les croyants de tout temps ont été invités à rechercher cette lumière au milieu des ténèbres.  Aujourd’hui, malgré toutes les conditions qui nous entourent, nous sommes invités à notre tour à proclamer ce message qui n’est pas une forme de déni ou de pensée magique, mais une manifestation d’espoir en de meilleurs temps.  Nous sommes appelés à croire que les ténèbres n’ont pas et n’auront jamais le dernier mot.  L’amour et la compassion finiront toujours par triompher.  Nous avons la capacité de choisir la voie de la paix et de la justice.  Nous pouvons faire rayonner la lumière de Dieu tout autour de nous.Lorsque le prophète Ésaïe proclame qu’une grande lumière resplendira sur le peuple de Dieu, nous pouvons être tentés d’accueillir cette nouvelle avec scepticisme.  Nous semblons être constamment entourés par les ténèbres.  Pourtant, Dieu continue à se manifester dans notre monde. Nous sommes appelés à reconnaître cette présence et à la célébrer même dans les moments les plus difficiles. Amen.

* Pablo Heimplatz, unsplash.com