Sermon – Exode 20: 1 – 20 – 4 octobre 2020
Exode 20: 1-20
J’aimerais débuter ma réflexion en vous montrant une vidéo. Il s’agit d’un reportage diffusé le 26 juillet 2020 sur les ondes de TVA. En passant, commencer sa réflexion par une vidéo est un truc de pasteur quand le sermon est trop court ou pas assez étoffé.
Regardons ce clip…
Mon but ce soir n’est pas de faire un dîner de cons. Ce reportage date d’avant le début de la 2e vague et le diagnostic positif du président États-Unis il y 48 heures. Je suis prêt à donner le bénéfice du doute à toutes ces personnes. Quoique j’ai regardé un service d’ordination hier matin qui avait lieu à Ottawa et une personne sans masque a parlé à l’intérieur d’une église lorsque 5 autres étaient à moins de 2 mètres. Quand j’ai soulevé le problème sur la page Facebook de la région, on m’est tombé dessus. Ce qui a retenu mon attention dans la vidéo est cette demande viscérale du respect de la liberté et des droits individuels. Selon ces personnes, le port du masque devrait être une décision prise par chacun et chacune, sans coercition extérieure. Si cette position libertarienne peut se défendre, après tout une personne peut décider de jouer à la roulette russe avec sa propre vie, la science a établi clairement que la COVID-19 est une maladie hautement contagieuse. Étant donné que les êtres humains vivent en collectivité, le libre choix de certains peut mettre en danger la santé de leurs voisins. Comme dit la célèbre expression : la liberté des uns s’arrête où commence celle des autres. C’est pour cette raison que toutes collectivités doivent essayer de trouver un point d’équilibre, pas toujours parfait, entre les libertés individuelles, les responsabilités collectives et la sécurité des membres du groupe.
Ce soir, on continue la grande saga de Moïse et des Israélites. Dans le texte d’aujourd’hui, nos amis résident maintenant dans le désert depuis un certain temps. Après l’euphorie de leur libération du joug des Égyptiens et la panique initiale liée aux conditions de vie difficiles dans leur nouvel environnement, les Israélites affrontent une nouvelle réalité durant cette traversée du désert. Auparavant, ils obéissaient aux lois et dictats imposés par Pharaon. Mais maintenant devenus une nation libre, ils doivent trouver leurs propres grands principes qui organisera leurs existences, les lois qui délimiteront ce qui acceptable ou non. À la suite d’une longue conversation au sommet avec Dieu, Moïse revient avec une proposition divine. Les Israélites sont invités à entrer en relation personnelle avec le Seigneur en adoptant 10 préceptes spécifiques, 10 commandements qui structureront les agissements du peuple de Dieu.
Avec les siècles, le Décalogue est progressivement devenu la base sacrée sur laquelle les sociétés judéo-chrétiennes sont construites. Elle est considérée maintenant « La Loi » selon laquelle tous les croyants et croyantes doivent suivre aux doigts et à l’œil afin d’être sauvés. Elle est perçue comme étant une vérité universelle et intemporelle qui doit s’appliquer à tous les humains civilisés.
De plus, les dix commandements sont également devenus de nos jours un symbole puissant de la volonté des dirigeants religieux qui aspirent à contrôler les vies des croyants. La succession de clause négative dans ce passage (tu ne prononceras pas mon nom de manière abusive; tu ne commettras pas de meurtre; tu ne commettras pas d’adultère; tu ne commettras pas de vol…) décris tout ce qu’une personne ne doit pas faire. Ce texte renforce cette perception que la religion est une accumulation d’interdictions de tout ce qui est créatif et plaisant. Les croyants n’ont pas besoin de penser; ils n’ont qu’à suivre 10 commandements simples.
Peut-être devrions-nous arrêter de voir ce texte du livre de l’Exode comme une loi absolue à suivre aveuglément. Peut-être devrions-nous considérer ces dix commandements comme un outil afin de nous aider dans nos prises de décisions. Comme pour les Israélites dans l’ancien temps, nous sommes tous et toutes entourés d’une multitude de valeurs, de religions, de philosophies et de possibilités. Et devant ce buffet de choix, Dieu nous suggère une ligne directrice. Lorsque nous devons effectuer des choix, nous sommes appelés à demeurer attentifs aux besoins de tous les membres de notre communauté et considérer que le bien-être des autres aussi important que le nôtre. Nous sommes invités à vivre dans un esprit d’abondance afin de ne pas nous approprier les biens appartenant à notre prochain. Nous sommes invités à aller dépasser nos petites préoccupations personnelles afin d’établir des relations basées sur le respect mutuel. Nous sommes incités à rechercher la vérité et ne pas induire sciemment autrui dans l’erreur. Nous sommes appelés à choisir librement la justice, la compassion et l’entraide, même si nous nous retrouvons dans des situations particulièrement difficiles.
Les dix commandements donnés à Moïse dans le désert ne sont pas la fin, mais le début d’une grande conversation sur le vivre ensemble dans une communauté. Nous avons tous et toutes des droits et ainsi que des responsabilités. Notre désir de liberté doit se mesurer au bien-être des autres. Et dans ce grand débat, Dieu nous invite à structurer notre existence sur des bases d’amour, de partage et de générosité. Le choix d’accepter cette offre nous appartient. Nous sommes tous et toutes libres de suivre cette voie ou non. Gloire soie rendue à Dieu et amen!