Sermon – Jean 1: 43-51 (17 janvier 2021)

* Jean 1: 43-51

Jean 1: 43-51

Tout parent ou toutes personnes qui se sont occupées d’enfants connaissent très bien ce scénario.  Vous découvrez une nouvelle recette.  Vous cuisinez le tout un soir et aussitôt que le plat arrive sur la table, votre enfant déclare : « Je n’aime pas ça! »  Habituellement, on tente de conserver notre calme et on répond poliment : « Goûte et ensuite tu pourras décider si tu aimes ou pas ».  Cette règle de vie semble évidente, mais même à l’âge adulte, beaucoup de personnes conservent ce genre d’inclinaison envers les choses qu’elles ne connaissent ou ne comprennent pas.  Combien de fois avons-nous entendu que les médias sociaux ne sont qu’un ramassis de stupidités qui ne sert qu’à perdre son temps? Combien refusent de conduire une voiture électrique parce que la technologie est trop nouvelle?  Combien de gens, qui n’ont pratiquement jamais mis les pieds à l’intérieur d’une église ou assister à un service religieux récemment, accusent l’ensemble des grandes religions d’être dépassées, déconnectées de la réalité et la source de tous les conflits de notre monde?  Tout ce que l’on peut répondre à ces personnes est : « Essaie et tu décideras après si c’est pour toi ou non. »  

L’un des grands thèmes des lectures du Nouveau Testament pendant la saison de l’Épiphanie est l’appel des disciples de Jésus.  Dans l’extrait de ce soir, tiré de l’évangile selon Jean, nous rencontrons deux hommes qui ne sont pas mentionnés dans les trois autres récits.  Le premier s’appelle Philippe.  De ce que l’on peut en comprendre, il semble être un ‘early adopter’, comme on dit en anglais.  Il est le genre de personne qui aime être le premier à essayer quelque chose; il dit oui immédiatement à toute bonne offre.  Apple annonce un nouvel iPhone; il est aussitôt dans la ligne pour l’acheter.  Le deuxième se nomme Nathanaël.  Il semble être un homme un peu plus sceptique qui a besoin d’informations et de garanties avant de s’engager.  Il n’est pas contre les iPhone; il désire seulement lire les analyses et les critiques avant de se commettre.  Bref, deux hommes aux personnalités différentes. 

Un matin, Jésus rencontre Philippe et lui dit : « Suis-moi! »  Aucun autre explication ou argument ne lui est offert.  Philippe ne se pose pas de question et accepte cet appel sans hésitation.  Il est tellement excité par cette nouvelle expérience qu’il va voir son ami Nathanaël et lui dit : « J’ai trouvé le Messie annoncé par les prophètes.  Il s’appelle Jésus, fils de Joseph, de la ville de Nazareth. »  Nathanaël lui répond un peu quelque chose comme : « Vraiment?  Nazareth!  Tu me dis que le Messie serait un homme provenant du fin fond de la campagne.  Je ne veux pas être snob, mais niaise-moi pas! » 

Confronté aux préjugés et au scepticisme de Nathanaël, Philippe aurait pu se lancer dans un long débat avec son ami.  Il aurait pu lui présenter plusieurs arguments logiques, des citations bibliques tirées sur le volet ou des témoignages convaincants de personnes sauvées.  Il aurait aussi pu tenter de soudoyer son ami, de le harceler constamment ou de lui proférer des menaces de damnation éternelle s’il continue de résister.  Cependant, Philippe décide de répondre à Nathanaël par une invitation toute simple : « Viens et tu verras. »  Viens vérifier par toi-même.  Viens écouter quelqu’un qui pourrait transformer toutes tes connaissances au sujet de Dieu, de la foi et du sacré.  Viens voir comment lâcher prise peut te conduire à des places inattendues.  

La stratégie de Philippe nous paraît brillante et efficace.  Mais, pour être absolument honnêtes, peu d’entre nous l’utilisent 2 000 ans plus tard.  Trop souvent, nous avons peur de passer pour des fanatiques.  Nous avons peur de la réaction de gens.  Nous avons peur d’être associés à une institution minée par les scandales sexuels et politiques.  Nous préférons plutôt conserver nos croyances dans la sphère privée.  Nous préférons demeurer entre gens convertis.  Nous choisissons de vivre notre foi et notre spiritualité à l’intérieur de nos églises ou sur internet, à l’abri des regards et des jugements.  

Jésus aurait pu facilement exercer son ministère en solitaire.  Cependant, il a fait le choix de s’entourer d’amis et de disciples pour annoncer son message.  Il n’a pas choisi les personnes les plus instruites de sa société.  Il n’a pas recruté les plus grands théologiens ou les meilleurs orateurs.  Jésus a seulement pris le temps de s’arrêter pour parler à des gens ordinaires et leur dire : « Suis-moi!  Viens et tu verras. »  

Aujourd’hui, nous sommes toutes et tous invités à suivre dans les traces de Jésus, Philippe et la multitude de saints qui nous ont précédés.  Notre mission n’est pas d’organiser des campagnes d’évangélisation qui enfoncent un message dans la gorge des gens.  Il n’est pas de forcer les personnes de trouver un ami à amener à l’Église un certain dimanche, quitte à le kidnapper.  Il n’est pas de promettre un voyage de pêche si quelqu’un recrute 25 personnes en une année.  Notre but est que nos mots et nos actions deviennent une invitation à découvrir ce que certains appellent Dieu.  Notre appel est d’être cette personne qui est capable de partager notre découverte afin que d’autres puissent se joindre à nous afin de construire un monde meilleur.

De nombreuses études démontrent que la première raison pourquoi une personne décide d’aller à l’église qu’elle a reçu une invitation personnelle.  C’est le chemin que Jésus a pris avec Philippe qui fait de même avec Nathanaël.  Plus de 2 000 ans plus tard, nous sommes encore invités à avoir le courage de partager notre foi et spiritualité et de croire que Dieu fera le reste du travail.  Amen.