Sermon – Jean 11: 32-44 (31 octobre 2021)
Jean 11: 32-44
Nous vivons dans une société et une époque qui cherchent à expliquer logiquement le mystère. Lorsque nous lisons dans nos Bibles des histoires de guérisons et miracles, nous essayons souvent de formuler des théories et des explications tangibles. Jésus n’a pas vraiment multiplié des pains et des poissons pour nourrir une grande foule; les gens avaient déjà de la nourriture et ils ont décidé de la partager avec les autres. Ce que les personnes de ce temps décrivaient comme une possession démonique n’était en fait qu’une forme de maladie mentale. Lazare n’était pas vraiment mort; il était juste dans un coma profond. Peut-être tout cela est vrai. Cependant, nous oublions trop souvent qui nous raconte ces histoires. Par exemple, le texte de ce soir est tiré de l’Évangile selon Jean, un récit hautement symbolique rempli de signes et de métaphores. Il est toujours dangereux de prendre ses mots et même ses histoires au pied de la lettre.
Ce soir nous rencontrons Marie, Marthe et Lazare qui sont mentionnés dans les évangiles Matthieu, Luc et Jean. Je crois que nous pouvons en déduire, sans trop de danger, qu’il et elles étaient parmi les amis les plus intimes de Jésus. Un jour, Marie et Marthe envoient quelqu’un dire à Jésus que leur frère est très malade. Malheureusement, ce dernier ne quitte pas immédiatement pour Béthanie et ce délai a des conséquences funestes. À son arrivée, Lazare est mort depuis 4 jours.
Marie et Marthe accueillent Jésus en lui disant, à tour de rôle : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » Cette déclaration soulève des questions très intéressantes pour nous tous et toutes. Quel genre de Messie laisse mourir son ami? S’il pouvait guérir des parfaits inconnus, parfois même à distance, pourquoi Jésus n’a-t-il pas pu utiliser ses pouvoirs pour sauver Lazare?
Nous sommes tous et toutes confrontés à un moment ou un autre à la maladie et à la mort. Nous nous demandons pourquoi nos proches doivent souffrir. Nous ne comprenons pas pourquoi une fillette peut mourir dans des conditions atroces. Parfois, nous implorons le ciel en disant : « Dieu, si tu m’aimes vraiment, ne laisse pas laisser mourir cette personne. Prends-moi à la place. » Souvent, nous tentons de rationaliser ces moments douloureux. Nous cherchons des explications théologiques. Nous essayons de nous convaincre que c’est le résultat de la volonté divine. Il y a des moments où nous perdons espoir. Nous nous demandons à quoi servent toutes nos prières si toutes les vies doivent se terminer par le même résultat. Après tout, la mort est l’aboutissement normal de toutes vies humaines. Cette finalité nous attend toutes et tous.
Le premier novembre, les chrétiens de par le monde sont invités à célébrer la Toussaint, une fête beaucoup moins populaire que Noël ou Pâques. Dans la tradition protestante, un saint ou une sainte n’est pas une personne canonisée par l’Église après un long processus d’analyse de sa foi, de ses actes et des miracles accomplis en son nom. Un saint est tout simplement un ou une croyante, une personne souvent imparfaite qui a accepté de suivre l’appel de Dieu de sa propre manière. C’est pour cette raison que nous pouvons affirmer que nous faisons tous et toutes partie de la communion des saints, ce lien sacré qui nous unit avec tous les croyants de tout lieu et de tout temps. À la Toussaint, nous sommes invités à nous souvenir de ceux et celles qui nous ont précédés dans la foi, que nous connaissions leur nom ou pas. Nous sommes interpellés à commémorer toutes ces personnes décédées qui nous ont crus à la promesse d’une vie au-delà de la mort, de la promesse de la résurrection annoncée par Jésus. Nous sommes appelés à comprendre comment ces individus nous influencent toujours longtemps après avoir disparu de nos vies.
Tout ceci m’amène à penser que peut-être Lazare n’est pas vraiment revenu à la vie; il n’a pas repris son existence humaine aux côtés de ses sœurs. Peut-être ce récit pointe dans une autre direction. Peut-être devrions-nous y voir une histoire illustrant la présence parmi nous de tous les saints. Au-delà de leur mort, nos proches continuent à exister tant et aussi longtemps qu’elles habitent nos esprits et nos cœurs. Les valeurs qu’ils nous ont enseignées façonnent encore nos vies. Leurs voix s’expriment toujours à travers nos actions quotidiennes. Nous sommes encore unis avec elles par cette union mystérieuse et pratiquement inexplicable qu’est la communion des saints.
Développer une relation intime avec Jésus ne nous protège pas de tous les malheurs. Marie, Marthe et Lazare l’ont compris d’une manière très concrète. Même si nous sommes parfois à court de mots pour l’expliquer logiquement et concrètement, nous recevons tous et toutes la promesse que dans la vie, dans la mort, dans la mort au-delà de la mort, nous ne sommes jamais seuls. Les saints de tout lieu et de tous les âges nous accompagnent toujours. Amen.