Sermon – Jean 16: 12-15 (12 juin 2022)

Jean 16: 12-151

Qu’est-ce que la vérité?  Depuis le début des temps, les philosophes de toute sorte se sont posé cette question.  À partir de l’époque des Lumières, nous accordons beaucoup d’importance aux faits qui peuvent être quantifiés ou démontrer selon la méthode scientifique.  La vérité est devenue une série de données ou d’affirmations validées qui se retrouvent habituellement dans les grandes encyclopédies ou les manuels de référence.  Cependant, de nos jours, les amateurs de fake news et de théories du complot s’éloignent de plus en plus de ce consensus en se créant leur propre définition de ce concept.  Pour certains, la vérité semble être devenue une question d’impressions et de choix personnels.
 
Ces réflexions sur la vérité n’appartiennent pas exclusivement au monde des grands intellectuels.  À un moment ou à un autre de leur vie, plusieurs croyants se sont demandé si les mots et les textes contenus dans nos bibles étaient véridiques.  Jésus est-il né d’une vierge?  A-t-il vraiment nourri 5 000 personnes avec seulement 5 pains et 2 poissons?  Est-il revenu à la vie trois jours après sa mort sur la croix?  Pour être de bons chrétiens et de bonnes chrétiennes, sommes-nous obligés de lire la bible d’une manière littérale, sans rien y changer?   Devons-nous tout croire sans poser de question?  Si nous ne suivons pas cette approche, remettons-nous en question la véridicité du message de Dieu?  Notre compréhension des Écritures peut-elle être une question d’impressions et de choix personnels? 
 
Dans le texte de ce soir, tiré de l’Évangile selon Jean, nous retrouvons Jésus après la dernière Cène offrant un très long discours d’adieu à ses disciples.  Conscient que ces derniers ont encore beaucoup de choses à apprendre, Jésus leur donne une série d’instructions et d’enseignements sur plusieurs sujets.  À un certain moment il déclare : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pourriez pas les supporter maintenant.  Quand viendra l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité.  Il ne parlera pas en son propre nom, mais il dira tout ce qu’il aura entendu et vous annoncera ce qui doit arriver.  Il révélera ma gloire, car il recevra de ce qui est à moi et vous l’annoncera. »
 
Je ne sais pas comment vous réagiriez si je glissais dans un de mes sermons : « Il y a beaucoup de notions vraiment importantes pour votre foi et votre spiritualité dont je ne vous ai jamais parlé, mais je ne peux pas le faire parce que vous êtes incapables de comprendre.  Ça vous passerait dix pieds au-dessus de la tête. »  En fait, j’ai une excellente idée quelle serait votre réaction.  Ces mots de Jésus semblent à premier abord une provocation qui laisse supposer que ses disciples ne sont pas très intelligents.  Certains pourrait dire que Jésus est arrivé à ce constat à la suite du nombre de fois où ils n’ont pas compris ses paraboles.  Cependant, cette déclaration est une bonne nouvelle pour les disciples de tous les temps.  Nous savons très bien que notre cerveau humain ne peut pas saisir ou imaginer beaucoup de choses.  Nous comprenons également que Jésus ne pouvait pas prévoir, il y a 2 000 ans, tous les enjeux reliés à l’avortement, la manipulation génétique ou le contrôle des armes à feu.  En quelques mots, ce passage affirme que les enseignements du Seigneur ne sont pas des dogmes immuables coulés dans le béton pour l’éternité.  Dieu continuera à se révéler à ceux et celles qui sont capables de discerner la présence de l’Esprit dans leurs vies.  L’Église de Dieu ne doit pas avoir peur de constamment se remettre en question afin d’approfondir la portée du message de Jésus.  L’Esprit saint a la capacité ouvrir nos esprits aux nouvelles réalités de notre temps et de nous amener dans de nouvelles directions. 
 
Ce type de foi qui s’éloigne d’une lecture littérale des textes bibliques se développe habituellement à partir d’expériences personnelles.  Les relations que nous développons avec les gens que nous rencontrons sur nos chemins nous conduit à aborder les choses sous un autre angle.  Une lecture attentive de nos bibles révèle que Jésus a toujours priorisé les besoins des personnes aux respect des lois et des doctrines religieuses.  Ce type de foi est souvent le fruit d’un long cheminement de découvertes et de remises en question.  Il est une invitation à rencontrer Dieu sous plusieurs formes : un Dieu consolateur durant les temps de tristesse; un Dieu d’espoir durant les temps de découragement; un Dieu guérisseur durant les temps de souffrance; un Dieu de justice durant les temps d’abus; un Dieu d’amour durant les temps de haine et de divisions.  Dieu est plus grand que tous les noms et les images que nous pouvons imaginer.  Dieu n’est pas limité par notre compréhension du monde.  La vérité est que nous devons constamment discerner de nouvelles expressions du divin dans notre monde.  
 
Est-ce que la bible est véridique?  Doit-on la lire d’une manière littérale?  Ma réponse est oui, son message est vrai et je comprends d’une manière littérale d’aimer son prochain, de protéger les vulnérables, de pardonner sans compter, et de partager avec les démunis.  Cependant, ma foi ne dépend pas d’une série de faits qui doivent être absolument quantifiés ou démontrer scientifiquement.  Les mots qui datent de quelques millénaires ne sont que le début de la sagesse et une ouverture à une meilleure compréhension d’un Dieu qui embrasse l’ensemble de l’humanité depuis le début des temps.  Amen.
* Ant Rozetsky, unsplash.com