Sermon – Jean 2: 1-12 (16 janvier 2022)

Jean 2 : 1-12

De nombreuses choses ont été écrites sur le récit des noces de Cana que nous retrouvons seulement dans l’évangile selon Jean.  Surement influencés par des livres comme le code Da Vinci, plusieurs affirment que cet événement ne serait rien de moins que le mariage entre Jésus et Marie Madeleine.  Personnellement, j’ai des réserves sur cette théorie.  Le passage se termine par Jésus qui quitte la noce avec mère, ses frères et ses disciples.  Je ne sais pas vous, mais ce n’est pas de cette manière que mes noces se sont terminées.  Mais, nous ne sommes pas là pour juger.  

 L’extrait de ce soir débute avec un mariage auquel Marie, Jésus et ses disciples avaient été invités.  À un certain moment, le vin se mit à manquer, ce qui est une catastrophe peu importe la réception.  Marie remarque cette situation délicate et en avertit son fils.  Jésus lui répond : « Que me veux-tu?  Mon heure n’est pas encore venue. »   La réponse un peu sèche de Jésus peut paraître surprenante pour plusieurs d’entre nous.  Mais, peut-être était-il encore un adolescent en rébellion contre sa famille?  Peut-être était-il simplement fatigué?  Peut-être considérait-il que ces noces n’étaient pas le meilleur moment pour accomplir un miracle? 

Je l’ai déjà mentionné à quelques reprises que le quatrième évangile est complètement différent de ceux selon Matthieu, Marc et Luc.  L’auteur de Jean ne semble pas vraiment intéressé à raconter la vie de Jésus.  Il veut plutôt démontrer qu’il est le Messie, le Christ qui s’est incarné pour sauver notre monde et démontrer la grandeur de Dieu à l’ensemble de l’humanité.  La gloire de la Parole faite chair est pleinement révélée par sa passion, sa crucifixion et sa résurrection.  Dans ce contexte, la réticence de Jésus à agir devient un peu plus compréhensible.  Jésus n’avait surement pas de temps à perdre avec des considérations aussi triviales.  Il devait plutôt consacrer toute son attention à des sujets beaucoup plus divins.  Il ne pouvait pas dévier de son plan divin pour quelques cruches de vin vides. 

Mon heure n’est pas arrivée.  Je ne suis pas prête.  Je suis assez occupé comme ça.  Je n’ai pas de temps pour plus.  Combien de fois avons-nous utilisé ces mots?  À combien de reprises avons-nous invoqué un manque de temps pour ne pas agir?  Bien sûr, nous aimons tous et toutes l’idée d’être impliqué dans notre milieu, de s’engager dans de grandes causes, ou de partager nos talents et nos ressources avec des gens moins fortunés.  Cependant, nous voulons souvent le faire à notre propre rythme.  Nous voulons bien nous préparer avant de débuter un nouveau projet.  Nous voulons préalablement consulter un bon livre ou suivre une formation afin d’approfondir nos connaissances.  Nous voulons mettre tous les points sur les i avant de nous jeter à l’eau.  S’il n’y a rien de mal à vouloir de préparer adéquatement, parfois la vie ne respecte pas nos beaux plans.  De nouvelles demandes apparaissent sur nos chemins.  Des défis inattendus frappent à nos portes.  Des besoins émergent tout autour de nous.  Un événement imprévu nous force à revoir nos plans d’action. Comme ce fût le cas pour Jésus, les besoins des gens nous entourant nous ont forcés à intervenir malgré notre manque de préparation.

Dans nos Églises, au travail ou dans notre vie personnelle, nous sommes continuellement appelés à réagir lorsque des événements imprévus bousculent nos plans.  Nous pouvons toujours refuser d’intervenir parce que nous croyons que ce qui nous est demandé est impossible, comme transformer de l’eau en vin.  Cependant, quand nous prenons le temps d’y penser, nous découvrons souvent que nous pouvons intervenir en accomplissant des choses toutes simples : appeler une amie qui souffre de solitude, faire un petit don à une banque alimentaire qui crée une énorme différence dans la vie d’une famille, sourire à un étranger même en dessous de nos masques. Tout cela devient possible quand nous acceptons parfois de sortir de nos zones de confort, quand nous acceptons de réaménager nos beaux plans, quand nous acceptons d’être guidés par Dieu, dans les moments les plus ordinaires de nos vies.

À Cana, Jésus ne se semblait pas être prêt à débuter son ministère public.  Il désirait peut-être plus de temps pour se préparer.  Il espérait peut-être un meilleur moment pour amorcer une profonde révolution.  Cependant, un événement s’est pointé sur son chemin et il a décidé de saisir sa chance; il a choisi d’aider les gens autour de lui.  Le royaume de Dieu est devenu une réalité, non pas dans un moment spectaculaire, mais dans une noce totalement ordinaire.  Aujourd’hui, nous sommes ceux et celles qui sont appelés à identifier les besoins des autres et à agir, même si nous ne nous sentons pas prêts ou adéquats.  Amen.

* Jessica Podraza, unsplash, com