Sermon – Jean 4: 14-21 (23 janvier 2022)
Luc 4 : 14-21
Certains d’entre vous savent qu’il y aura en 2022 des élections provinciales au Québec et en Ontario, de présidentielles en France et des élections de mi-mandat aux États-Unis. Les prochains mois seront très importants pour la démocratie. S’il y a des gens qui votent toujours pour le même parti politique malgré vents et marées, je crois que la majorité prend le temps de se renseigner. Ils écoutent les entrevues et les débats des chefs. Elles lisent les plateformes électorales et les promesses de chaque parti. En tant que citoyens et citoyennes, nous voulons savoir ce que les candidats veulent accomplir. Nous voulons comprendre leurs motivations. Nous voulons découvrir quelles seront leurs priorités.
L’extrait d’aujourd’hui nous présente le tout début du ministère public de Jésus dans l’évangile selon Luc. Après son baptême et un séjour dans le désert où il est tenté d’utiliser ses pouvoirs à mauvais escient, Jésus est de retour en Galilée pour y débuter son œuvre. Rapidement, les gens commencent à parler de lui. Ses enseignements attirent l’attention. Il devient une sorte de vedette dans les synagogues de la région.
Fort de son succès initial, Jésus revient à Nazareth, son village natal. Le jour du sabbat, il se rend à la synagogue selon les habitudes des gens de cette époque. On lui donne un rouleau de parchemin du livre d’Ésaïe et il est invité à lire un passage des Écritures, un peu comme nous le faisons dans nos Églises aujourd’hui. Bref, tout se déroule normalement. Cependant, les mots qui sortent de la bouche de Jésus sont déstabilisants pour les gens rassemblés ce jour-là. Sans crier gare, il proclame un mash-up du début du chapitre 61 d’Ésaïe, du chapitre 58 du même livre et du livre du Lévitique, chapitre 25. Il déclare : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, il m’a consacré pour apporter la Bonne Nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé pour proclamer la délivrance aux prisonniers et le don de la vue aux aveugles, pour libérer les opprimés, pour annoncer l’année où le Seigneur manifestera sa faveur. » Puis, si ce n’était pas assez, il déclare : « Ce passage de l’Écriture est réalisé, aujourd’hui, pour vous qui m’écoutez. » Wow! En quelques lignes, Jésus clairement annonce ses couleurs. Voici son programme pour le peuple de Dieu. Voici les valeurs et les motivations qui guideront tout son ministère.
Si les personnes présentes à la synagogue semblent bouche bée, le message de Jésus ne représente pas une révolution profonde lorsque nous y portons attention. Il est en continuité directe avec les grands principes proclamés par les prophètes du Premier Testament. Il est au centre de la relation entre Dieu et est son peuple depuis les tout débuts de leur aventure ensemble. Cette volonté d’apporter une bonne nouvelle (en grec ‘euangelion‘, qui nous a donné le mot ‘évangile’ en français) se retrouve un peu partout dans les textes bibliques. En fait, Jésus ne fait que de mettre un peu plus de chair autour de l’os.
Le manifeste présenté par Jésus n’est pas un traité compliqué de théologie systématique. Il tente plutôt de rejoindre la réalité quotidienne de tous ceux et celles qui souffrent dans notre monde. Lorsque Jésus parle des pauvres, il ne se limite pas à la misère économique. Il fait référence à toutes les personnes opprimées et exploitées de notre monde qui souffrent injustement à cause de nos structures humaines. Il se soucie des affamés, des laissés pour compte et des marginaux de toutes sortes. Il inclut les individus emprisonnés dans des cycles de dépendance ou de violence. Jésus affirme tout simplement que le Seigneur manifestera sa faveur à tous ceux et celles à la recherche d’un peu de réconfort et de force pour continuer leur parcours dans ce monde.
Aujourd’hui, ce programme est devenu en quelque sorte notre programme. En tant que disciples de Jésus, nous sommes appelés à identifier ceux et celles qui sont relégués à la marge de notre société pour des raisons économiques, sociales ou physiques. Nous sommes appelés à ouvrir nos bras et nos cœurs aux personnes rejetés en raison de leur orientation sexuelle, de leur genre ou de leur ethnicité. Nous sommes invités à apporter un message de libération, une bonne nouvelle, aux personnes qui sont opprimées pour toutes sortes de mauvaises raisons. Nous sommes incités à étendre ce programme au-delà de nos familles, de nos cercles d’amis et de nos églises. Nous sommes appelés à dépasser toutes les divisions qui nous séparent.
Lorsque nous sommes perdus, lorsque nous cherchons des réponses à nos questions, lorsque nous sommes inquiets pour l’avenir de l’Église, nous pouvons toujours retourner aux mots que Jésus a prononcés à la synagogue de Nazareth au début de l’évangile selon Luc. Ce message peut être compris comme la ligne directrice de tout son ministère. Cette bonne nouvelle offerte à tous les êtres humains, sans exception, ne doit pas ressembler aux belles promesses de politiciens qui disparaissent mystérieusement le lendemain des élections. Nous sommes ceux et celles qui doivent s’assurer que ce programme continue et devient une réalité maintenant. Amen.