Sermon – Luc 12: 13 – 21 – (31 juillet 2022)
J’aimerais débuter ma réflexion en vous racontant une vieille blague. C’est l’histoire d’un homme, sur son lit de mort, qui demande à son épouse d’être enterré avec son argent. « J’ai travaillé fort toute ma vie, » dit-il. « J’ai gagné cet argent. Il m’appartient. Je peux l’utiliser comme bon me semble. » Son épouse acquiesce à sa demande. Le jour des funérailles, au moment où le corps est mis en terre, l’épouse s’avance comme promis et lance un chèque dans le trou. Voilà ton argent!
Le texte d’aujourd’hui, tiré de l’évangile selon Luc, aborde la délicate question de l’argent. La chrétienté a toujours eu une relation ambiguë sur ce sujet. De nombreux enseignements de l’Église dépeignent l’argent comme la principale source de bien des maux de notre monde. Vous avez surement entendu qu’il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu. En même temps, lorsque nous regardons les richesses accumulées par certaines Églises et pasteurs, il est normal de ressentir un certain malaise. Par exemple, cette semaine, un pasteur de Brooklyn s’est fait voler, au milieu de son prêche, ses bijoux valant environ un million de dollars. Je ne sais pas pour vous, mais ce qui me choque le plus n’est pas l’interruption du sermon.
Notre passage débute avec un homme qui aborde Jésus au sujet d’un conflit familial relié à un héritage. Encore une fois, l’être humain ne semble pas avoir beaucoup évolué depuis 2 000 ans. Selon la loi juive de cette époque, les rabbins étaient habilités à résoudre ce genre de problème. Cependant, Jésus ne semble pas vouloir à s’immiscer dans cette dispute. À la place, il raconte la parabole de cet homme riche qui avait des terres qui lui rapportaient de bonnes récoltes. N’ayant pas assez de place pour amasser tout son blé et ses biens, il planifie de construire de plus grands greniers. Plus tard, se dit-il, je pourrais se reposer et jouir de la vie. Mais Dieu intervient et annonce à l’homme qu’il va mourir cette nuit même. Alors, à qui servira tout ce trésor?
L’enjeu de cette parabole ne semble pas être une question de richesses. L’homme n’a pas accumulé une fortune en exploitant les gens, en fraudant des clients ou en commettant un acte illégal. Ses terres ont juste produit de bonnes récoltes. De plus, ses plans semblent pleins de sagesse. Il veut construire de plus grands greniers pour éviter tout gaspillage inutile. Il veut mettre de l’argent de côté pour assurer ses vieux jours. L’homme ne fait rien de mal en soi. Dieu ne le menace pas de le jeter dans les flames de l’enfer s’il ne se repend pas et donne tout son argent aux pauvres. Le problème semble plutôt venir de l’incapacité de l’homme d’apprécier les richesses et les ressources à sa disposition.
Même si nous appartenons à l’une des parties du monde les plus privilégiées socio-économiquement et même si nous avons souvent plus d’objets dans nos demeures que nous en avons vraiment besoin, nous sommes toujours conscients de ce qui nous manque. Nous vivons dans une société de consommation. Nous sommes constamment bombardés par des publicités qui nous expliquent comment un nouveau produit ou service répondra à nos besoins. Nous nous convainquons que nos avoirs ne sont pas tout à fait suffisants. Notre satisfaction se trouve toujours juste au bout de nos doigts. Même si l’objet de notre désir semble toujours changer, nous osons croire que cette fois-ci sera la bonne. Alors, nous tentons de combler nos vides intérieurs avec diverses choses. Pour certains, il s’agit de voitures sport. Pour d’autres, c’est l’achat d’un condo dans le sud, du dernier téléphone intelligent ou la construction de plus grands greniers. L’homme de la parabole possédait surement plus de grains qu’il pouvait manger durant toute sa vie. Et pourtant, il pensait être heureux seulement plus tard. Maintenant n’était pas le bon moment d’apprécier la vie.
Je crois que cette parabole de Jésus nous confronte tous et toutes. Il y a quelques semaines, nous avons parlé l’histoire du bon Samaritain. Ce passage biblique débute par un expert de la Loi de Moses qui demande à Jésus comment atteindre la vie éternelle, comment avoir une vie de qualité, maintenant et ici. Nous savons très bien depuis notre enfance que l’argent et les biens de consommation ne font pas le bonheur. Et pourtant, nous continuons à nous enfoncer dans un vortex sans fond. Nous choisissons d’acheter des articles à bas prix fabriqués par des êtres humains exploités. Nous épuisons de plus en plus les ressources naturelles de notre monde. Nous nous enfermons dans une roue qui tourne sans fin. Mais, nous nous arrêtons rarement pour nous demander si notre existence reflète réellement nos croyances et notre foi. Avons-nous des valeurs pour le dimanche et d’autres pour le reste de la semaine ou quand nous devons investir notre argent? Tous nos efforts pour réussir dans la vie nous amènent-ils à passer à côté de notre vie? Gagnons-nous de l’argent pour vivre ou vivons-nous pour gagner de l’argent? La manière dont nous répondons à ces questions illustre très bien notre relation avec l’argent. Jésus nous met au défi de réfléchir sur ce qui donne vraiment un sens dans notre vie.
L’argent n’est pas nécessairement la source de tous nos problèmes. Il n’y a rien de mal à économiser et préparer notre retraite. La question est plutôt quelle est la place de nos biens dans nos vies. Comment utilisons-nous nos ressources? Sommes-nous capables d’apprécier les petits bonheurs de la vie, toutes ces petites choses qui souvent ne coûtent pas grand-chose et qui nous rendent heureux? Amen.