Sermon – Luc 20: 27-40 (30 octobre 2022)

Luc 20 : 27 – 40

Plusieurs d’entre vous savent que l’année liturgique débute avec le premier dimanche de l’Avent qui sera cette année le 27 novembre prochain.  Donc, nous sommes dans les derniers dimanches de ce calendrier.  Je ne sais s’il s’agit d’une coïncidence ou d’un choix délibéré, mais j’ai l’impression que ces semaines sont remplies d’une série de passages bibliques compliqués ou inintéressants.  Même si la présence aux cultes est habituellement élevée durant ce temps de l’année, le lectionnaire nous offre des textes qui paraissent complètement déconnectés de la vie des gens.  Peut-être qu’on ne savait pas où mettre ces passages et ils ont été lancés à la fin.  Je ne sais pas…

Bref, l’extrait de l’évangile selon Luc d’aujourd’hui est la fin d’une plus longue séquence.  Un jour, Jésus enseignait dans Temple.  Les chefs des prêtres et les maîtres de la loi questionnent son autorité en lui présentant quelques questions pièges afin de le discréditer publiquement.  Le tour des sadducéens arrive.  Ce groupe était surtout connu pour son adhérence stricte à la Torah, les cinq premiers livres de la Bible (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome).  Si quelque chose n’y était pas explicitement mentionné dans ces textes, ce n’est pas acceptable religieusement pour eux… comme quoi certaines choses n’ont pas beaucoup changé en 2 000 ans.  Partant du principe énoncé dans Deutéronome 25 : 5-6, il tente de démontrer par l’absurde que le concept de résurrection ne tient pas la route.  Je vous cite le passage : « Si deux frères vivent ensemble sur le même domaine et que l’un meurt sans avoir de fils, alors sa veuve ne doit pas épouser quelqu’un d’extérieur.  C’est son beau-frère qui la prendra comme épouse.  Le premier fils qu’elle mettra au monde sera alors considéré comme le fils de celui qui est mort, afin que son nom continue d’être porté en Israël. »  Les sadducéens présentent à Jésus cette histoire d’un homme qui meurt sans avoir de fils.  Ses six frères épousent successivement la veuve sans laisser de dépendance.  Alors, de qui cette femme sera-t-elle l’épouse lors du moment de la résurrection, demandent-ils à Jésus?

Je lis ces lignes et, honnêtement, je m’en … Cette semaine, j’ai recherché sur Google des expressions polies pour exprimer mon état d’âme devant cette question.  J’ai trouvé : « Je n’en ai rien à carrer. »  « Je m’en tamponne les amygdales. »  Et ma préférée : « Je m’en brosse le nombril avec le pinceau de l’indifférence. »  Ce genre de débat est surement très intéressant pour les théologiens et les spécialistes des textes bibliques.  Cependant, combien d’entre nous aujourd’hui se soucient vraiment de son statut marital au moment de la résurrection d’entre les morts?  Déjà que la résurrection est un concept difficile à comprendre pour nous êtres humains normaux, pourquoi faudrait-il consacrer beaucoup d’efforts à débattre des questions particulièrement pointues et déconnectées des préoccupations des gens nos jours.

Peut-être, ceci explique la réponse de Jésus à la question des sadducéens.  Il leur dit que leur prémisse pour parler de la résurrection est mauvaise.  Toutes les questions de mariage, de lois et de règlements que nous connaissons maintenant ne s’appliqueront plus dans la vie au-delà de la mort.  La résurrection est quelque chose de complètement différent de notre existence terrestre.  Nous ne pouvons pas comparer l’une avec l’autre.  L’idée de la résurrection défie toute explication logique, scientifique ou empirique.  Elle ne peut seulement avoir un sens qu’à partir d’un acte de foi.

De plus, Jésus déclare que Dieu est le Dieu des vivants et non pas des morts ou des mots enfermés dans un livre aussi merveilleux et important qu’il puisse être.  Nous sommes invités à croire en un Dieu qui a créé et qui continue toujours à créer un monde en constante évolution.  Nous ne sommes pas appelés à nous accrocher à ce qui est révolu, à ce qui étouffe la créativité ou écrase l’expérience humaine dans toute sa beauté et sa diversité.  Si nos questions au sujet de la foi, la spiritualité et de la religion conduisent à la souffrance d’autres êtres humains, nous nous posons peut-être les mauvaises questions.  Si notre lecture de la Bible exclut au lieu d’inclure, nous amène à juger au lieu d’aimer inconditionnellement, ou opprime une minorité au lieu de la libérer, nous faisons peut-être fausse route.  En tant que croyants, notre mission est d’apporter de la vie et du sens à notre monde.  Pour ce faire, nous devons oser évoluer, grandir et parfois changer.  Nous devons avoir le courage de laisser de la place à ce Dieu toujours à l’œuvre parmi nous, même lorsque cela nous bouscule, même lorsque cela nous remet en question.  Dieu sera toujours plus grand que tout ce nous pouvons imaginer, plus complexe que toutes nos interprétations de nos institutions ecclésiales. 

Alors, comment devons-nous comprendre la résurrection?  Est-ce qu’un seul passage biblique peut nous donner toutes les réponses?  À la suite d’une question des sadducéens qui prônaient une lecture littérale des Écritures saintes, Jésus invite plutôt à laisser une place au mystère et à l’incompréhensible qui dépasse notre expérience humaine.  Dieu s’est révélé dans le passé et continue à se révéler aujourd’hui même dans les moments les plus surprenants, même à travers de textes bibliques qu’un pasteur comme moi préférerait parfois ignorer.  Amen.

* Gordon Johnson, pixabay.com