Sermon – Luc 24: 1-12 (17 avril 2022)
Les événements entourant le récit du premier matin de Pâques sont difficiles à expliquer. Noël, c’est autre chose; il s’agit de la naissance d’un enfant. Tout le monde comprend. À la limite, pendant le Vendredi saint, nous nous souvenons de l’exécution publique de Jésus. Ce genre de chose est malheureusement toujours d’actualité de nos jours. Mais la résurrection… le retour à la vie d’une personne décédée depuis plusieurs jours… Nous nageons dans un mystère difficile à accepter pour la grande majorité des gens en 2022. Beaucoup de croyants essayent de contourner ce problème en tentant d’expliquer tous les détails, en colmatant toutes les brèches du récit et en proposant une série d’explications rationnelles. Cependant, ces tentatives sont rarement concluantes et laissent souvent les gens encore plus perplexes qu’avant. La vérité est que nous disposons dans nos bibles de quatre versions légèrement différentes et qu’aucune d’elles ne répond parfaitement à l’ensemble nos questions.
Cette année, nous utilisons la version de l’évangile selon Luc. Le tout débute le premier jour de la semaine. Un groupe de femmes avaient préparé des huiles parfumées pour embaumer le corps de Jésus. Parmi elles se trouvaient, entre autres, Marie de Magdala, Jeanne et Marie, la mère de Jacques. Arrivées au tombeau, elles découvrent que la pierre a été roulée et que le corps de Jésus a disparu. Les femmes ne savent pas trop quoi penser de tout cela. Soudainement, deux hommes aux vêtements brillants apparaissent devant elles. Ils leur disent : « Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant? Il n’est pas ici, mais il est ressuscité. » Un peu effrayées, elles retournent immédiatement partager ce message avec les autres disciples. Cependant, ceux-ci considèrent cette affirmation comme une « histoire de bonne femme » sans crédibilité. Mais Pierre a quand même un doute. Et si elles disaient la vérité? Alors, il court vers le tombeau de son maître. Il constate à son tour qu’il est vide. Puis, il retourne chez lui sans toutefois comprendre le sens de ce signe.
Aucune explication claire, nette et précise n’est offerte aux femmes, aux disciples et aux lecteurs et aux lectrices de ce texte biblique. Le processus qui a ramené Jésus à la vie ne semble être d’aucune importance. Aucune preuve de la résurrection n’est offerte à quiconque. À la place, nous recevons un message qui invite à l’espoir. Tous ceux et celles qui sont endeuillés, qui souffrent ou qui peinent à faire face aux défis de ce monde, peuvent oser croire en un meilleur futur. Encore une fois, Dieu a accompli l’impossible. Dieu continue à surprendre l’humanité en réalisant l’inattendu. Dieu qui a créé dans le passé poursuit son œuvre créatrice aujourd’hui tout autour de nous. Même si certains tentent de l’ignorer ou de le rejeter, le message de Dieu ne peut pas être arrêté, même par la mort.
En ce jour de Pâques, il pourrait être tentant pour plusieurs d’entre nous de demeurer autour du tombeau de Jésus pour continuer nos recherches afin de trouver des réponses. S’il n’y a rien de mal avec ce choix, nous devons nous souvenir que le Christ n’est plus là. Il se trouve parmi les vivants. À chaque fois que nous nous rencontrons comme ce soir, il est présent. À chaque fois que nous osons croire que le Royaume de Dieu peut devenir une réalité dans notre monde, il nous habite. À chaque fois que nous incarnons la parole de Dieu par nos mots et nos gestes, le Christ est parmi nous.
Je sais que ces mots ne répondent pas à toutes vos questions. Dans un monde teinté par le cynisme, la désinformation et la méfiance envers les institutions, demander de croire en un récit incroyable n’est pas une mince affaire. Je sais que certains jours la pilule est dure à avaler. Je sais que de croire en la résurrection du Christ demande parfois beaucoup de courage. Nous pouvons nous consoler par le fait que les premiers témoins de cet événement n’ont pas plus compris que nous. Le premier dimanche de Pâques a débuté dans la peur et la confusion. Ce n’est que plus tard qu’ils ont réussi à se concentrer sur le message et non le messager, qu’elles ont reconnu la présence du Christ ressuscité un peu partout dans notre monde.
Les pasteurs tentent toujours d’écrire un grand sermon pour le dimanche de Pâques. Mais dans le fond, peut-être nous ne devrions pas essayer de réinventer la roue chaque année. Peut-être le meilleur message à offrir est tout simplement : « Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant? Il n’est pas ici, mais il est ressuscité. » Oui, la résurrection de Jésus est un mystère difficile à comprendre en 2022. Mais, Pâques n’est pas le temps d’offrir des explications scientifiques plausibles. C’est un jour pour oser avoir la foi. Malgré toutes nos questions, nous sommes invités à croire que le Christ est vivant. Alléluia et amen.
