Sermon – Luc 3: 10-18 (12 décembre 2021)
Luc 3 : 10-18
J’en ai déjà parlé à quelques reprises. Je publie de courtes capsules vidéo sur TikTok et maintenant Instagram. Si vous n’avez pas ces applications, vous pouvez les voir depuis le site web de notre communauté de foi (www.eglisesainteclaire.org). Il y a environ une semaine, j’ai expliqué dans l’une de ces capsules que l’histoire de Adam et Ève n’est pas un récit historique. Ces deux personnes n’ont jamais existé. Il s’agit plutôt d’un mythe de création comme il en existe dans plusieurs autres cultures et religions. Comme vous pouvez l’imaginer, cette affirmation n’a pas plu à certains. Un jeune homme m’a écrit que je n’étais pas un vrai chrétien si je choisissais seulement les passages de la bible qui font mon affaire et en rejetait d’autres. Je lui ai d’abord demandé qui l’avait nommé en charge de la police de la doctrine de la foi chrétienne. J’ai ensuite répondu que si Dieu m’a donné un cerveau, c’est pour l’utiliser. Mystérieusement, la conversation s’est arrêtée à ce moment.
Cet échange illustre très bien une réalité malheureusement rependue dans la religion en général, et dans le christianisme en particulier. Trop souvent et pendant trop longtemps, les figures d’autorité ont dit à leurs ouailles d’arrêter de poser des questions, de cesser de penser par eux-mêmes et de suivre à la lettre les enseignements qu’ils leur donnaient. La génération de mes parents a dû apprendre par cœur le petit catéchisme catholique romain qui était construit sous la forme de questions et de réponses parfois un peu simplistes. Aujourd’hui, les pratiques religieuses ont évolué, mais il est encore interdit de critiquer les paroles d’un membre du clergé dans certains contextes. Les plus récalcitrants peuvent même se faire excommunier pour des opinions divergentes. Nous avons tellement intégré cette mentalité que parfois nous ne savons pas quoi dire quand on nous demande notre opinion sur un texte biblique ou un grand principe de l’Église. Nous sommes plus confortables lorsqu’une autre personne nous donne la réponse, la bonne réponse.
Aujourd’hui nous continuons l’histoire de Jean le Baptiste. Nous avons vu la semaine dernière qu’il attirait des foules dans le désert avec son message sans compromis. Plusieurs ont dû se déplacer dans l’espoir de l’entendre critiquer les autorités de cette époque qui tourmentaient en toute impunité le pauvre peuple. Pourtant, Jean prêchait un message de repentance qui ne se limitait aux péchés des puissants. Il prônait l’idée d’une transformation, d’un changement dans la façon de penser et de se comporter pour tous et toutes. Pour le Baptiste, être désolé ne signifiait pas grand-chose si la démarche n’était pas aussi accompagnée par un changement de mode de vie.
Dans le passage d’aujourd’hui, nous avons trois groupes spécifiques qui posent exactement la même question : « Que devons-nous donc faire? » Après avoir invité les foules à partager avec les autres vêtements et nourriture afin que tous et toutes puissent survivre, Jean répond à des collecteurs de taxes et des soldats. J’aurais tellement de choses à dire sur ces deux groupes, mais je ne veux pas étirer ma réflexion inutilement. En bref, les collecteurs de taxes et les soldats n’étaient pas très appréciés par le reste de la société de cette époque. Les premiers étaient considérés comme des collaborateurs aux services de l’envahisseur romain. Les soldats étaient des hommes qui opprimaient la population qui ne payaient pas une prime spéciale pour leur protection. Malgré les agissements de ces deux groupes, la réponse de Jean demeure essentiellement la même. Soyez bon. N’abusez pas de votre pouvoir ou de votre position. Soyez honnête. Soyez juste envers votre prochain.
Le message de Jean semble tellement simple et évident que l’on se demande parfois pourquoi notre monde semble incapable de l’appliquer sur une base quotidienne. Pourquoi les inégalités entre les plus riches et les plus pauvres ne font qu’augmenter? Pourquoi les cas de profilage racial resurgissent de temps en temps dans les nouvelles? Pourquoi certains élus bafouent certaines de leurs propres lois? Avec l’aide d’experts en communications, les autorités nous rappellent qu’elles font ce qu’elles peuvent; que les situations sont complexes, et que des groupes travaillent pour suggérer des plans d’actions. Nous entendons ce message tellement de fois que nous finissons par accepter ces affirmations sans trop nous poser de questions.
Trop souvent, nous croyons que seuls les plus fortunés, les plus intelligents et les plus influents de notre société ont le droit d’exprimer leurs idées publiquement. Nous sommes convaincus que seules les personnes diplômées maitrisent un sujet. Nous pensons que seuls les superhéros de la foi peuvent parler de Dieu. Pourtant, Dieu a besoin de chacun et de chacune de nous pour transformer notre monde et les occasions de le faire abondent. Partout autour de nous, il y a des gens qui ont besoin d’être écoutés, d’être consolés, d’être respectés, d’être nourri et loger. Les occasions et les besoins sont différents selon notre contexte, notre âge, notre situation sociale ou notre lieu de résidence. Pourtant, le principe demeure toujours le même. Partager avec les autres. Être bon. Ne pas abuser de notre pouvoir ou de notre position. Être honnête. Être juste envers notre prochain. Nous n’avons pas besoin d’experts pour nous expliquer ce principe. Nous pouvons trouver des solutions par nous-mêmes.
Chaque semaine, j’essaie de vous offrir un message qui va vous inspirer. J’essaie très fort de ne pas vous dire quoi faire ou comment penser. Je veux vous inviter à trouver vos réponses qui correspondent à votre vie et votre contexte. C’est pour cette raison que je veux terminer cette réflexion en vous posant une question très simple. À quelques jours de la célébration de la naissance de l’Enfant-Jésus, après la lecture de notre extrait de l’Évangile selon Luc, que devez-vous faire?